Les projets (1) de centralisation de la chirurgie de l’oesophage et du pancréas sont tellement drastiques que les centres universitaires seront pratiquement les seuls à être encore compétents pour ce type d’interventions. Ce n’est pas au goût de l'Union professionnelle des chirurgiens belges.
L’Union professionnelle des chirurgiens belges (UPCB) soutient l’idée d'améliorer le traitement de ces maladies, argumentant que les hôpitaux qui traitent ces pathologies disposent effectivement du matériel et de l’infrastructure humaine pour le faire. Dès lors, regrouper plusieurs hôpitaux pour ces domaines est parfaitement souhaitable. Jusque-là, aucun problème pour l’UPCB. Mais c’est ensuite que les critiques fusent.
Néfaste pour le patient
«Exiger que ces maladies soient exclusivement traitées dans des centres universitaires n’améliorera pas la qualité des résultats. Cette centralisation obligera les patients souvent plus âgés à faire une longue route. En province de Hainaut, aucun centre ne sera agréé selon les conditions posées. Est-il normal d’imposer cela à 1,3 million d’habitants?»
Néfaste pour les réseaux
«La perte de cette pathologie entraînera sans aucun doute une perte d’expertise pour d’autres pathologies sans aucun lien avec ces deux organes. Les documents font expressément référence aux interventions sur un seul campus en 2014, 2015 et 2016. Il semble que cette précision rende totalement inutile la fondation de réseaux pour rassembler la pathologie: les quotas sont déjà constatés avec effet rétroactif et ne s'appliquent pas sur plusieurs sites.»
Néfaste pour le chirurgien
«En ce qui concerne le quota d’opérations pour les chirurgiens, il n’est pas tenu compte de leur expérience antérieure. En outre, il n’est pas logique d’exclure des chirurgiens qui, au cours de leur carrière, ont réalisé plusieurs dizaines de ces opérations, en faveur de leurs confrères et consoeurs qui ont atteint le quota au cours des trois dernières années. Il est probable que ce n’est que le début de la centralisation de pathologie et que d'autres organes suivront, comme en cas de lourdes opérations aux ovaires, de chirurgie pulmonaire, hépatique, etc.»
«La disparition de certaines affections graves de nos hôpitaux aura des conséquences sur les affections moins sévères. Un chirurgien qui ne réalise plus certaines procédures perd sa dextérité à effectuer ces mêmes procédures lors d’interventions sur d'autres organes.»
«Une autre conséquence de la disparition des pathologies lourdes est la perte d’expertise des chirurgiens lorsqu’il s'agit d'aborder des pathologies traumatiques complexes, comme celles rencontrées après les attentats terroristes qui n’épargnent malheureusement pas notre pays. Tous les hôpitaux belges peuvent être confrontés à cette forme d'agression.»
Néfaste pour la Belgique
«Il y a un très grand risque qu’une centralisation excessive mène à une médecine à deux vitesses, car si l’intérêt scientifique s’émousse, l’intérêt financier risque fort de prendre l’avantage», concluent Luc Haeck et Baudouin Mansvelt de l’UPCB.
(1) Les documents sont consultables via les hyperliens suivants: pancréas – oesophage.