Les défis des secteurs de soins de santé et des politiques publiques en matière hospitalière sont-ils les mêmes chez nos voisins du Grand-Duché de Luxembourg? Pour en parler, nous avons rencontré le secrétaire général de la fédération des hôpitaux luxembourgeois, Marc Hastert.
Les défis des secteurs de soins de santé et des politiques publiques en matière hospitalière sont-ils les mêmes chez nos voisins? Au Luxembourg, les hôpitaux sont tous intégrés dans le système de sécurité sociale quelle que soit leur forme juridique. Il n’y a pas d’hôpitaux privés à but lucratif ou universitaires au Grand-Duché du Luxembourg.
Pour en parler, nous avons rencontré le secrétaire général de la fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL), Marc Hastert: «Les hôpitaux se portent plutôt bien. On a un système d’assurance maladie en excédent et c’est appréciable. Toutefois, nous sommes un petit pays et nous devons prendre des décisions qui nous garantissent la même qualité dans l’avenir».
Le financement des hôpitaux représente +/- 3,8% du budget de l’Etat et la durée moyenne de séjour est de 7,5 jours. On y comptabilise un maximum de 3.107 lits hospitaliers autorisables (2.350 lits aigus; 670 lits de moyen séjour, 87 lits d’hospitalisation de longue durée). Actuellement 2.750 lits hospitaliers sont autorisés.
La relation avec les médecins
Au 31 décembre 2017, le pays disposait de 1.780 médecins praticiens dont 534 généralistes (30%) et 1.246 spécialistes (70%) (1).
Les médecins travaillent majoritairement en exercice libéral dans les hôpitaux luxembourgeois. «Nous participons aux discussions sur la nomenclature des actes médicaux depuis la dernières réforme de santé avec un membre effectif et un membre suppléant. Cela ne plaît pas toujours au syndicat des médecins (AMMD) mais notre rôle a été coulé dans la loi. Il y a un bras de fer parfois pour que cette approche soit revue mais nous tenons à notre siège», précise-t-il. Pour rappel, les soins médicaux sont facturés à l’acte par les médecins.
Des contrats négociés avec la caisse nationale de santé
Afin de garder la même qualité des soins de santé, il conviendra de mieux travailler en commun. «Des fusions ont déjà eu lieu et on négocie par ailleurs, des contrats d’objectifs et de moyens avec la caisse nationale de santé pour deux ans pour une meilleure prise en charge de frais et pour réaliser des économies.» Aujourd›hui, le budget de fonctionnement des hôpitaux est de plus d’un milliard d’euros pour le Luxembourg. «Nous pouvons toujours identifier des postes où l’on peut faire des économies notamment au niveau de l’achat, par exemple sur les dispositifs médicaux IRM, scanner, mammographie...» Le secteur informatique n›est pas oublié: «Nous avons créé un groupement d’intérêt économique (Luxith GIE) compétent pour certains services: facturation, gestion de ressources humaines avec Sirius, archivage électronique...» Ces ressources concernent aussi le patient: «Le dossier patient informatisé de l’hôpital et le dossier patient partagé sont compatibles dans tous les hôpitaux».
Cette réflexion intègre évidemment la sécurité des données: «Nous cherchons en permanence à avoir des systèmes communs pour avoir un vrai partage d’information sécurisé».
La volonté est aussi de renforcer les liens avec la Belgique: «Il y a des accords notamment pour les services de secours. Nous avons aussi des collaborations ponctuelles et aussi sur les formations et les stages en médecine spécialisée en Belgique comme au Luxembourg. On a des projets aussi de types interreget cela se passe bien mais cela pourrait être mieux développé».
Une nouvelle école pour les médecins
Prochainement, une «Medical School» sera créée au niveau de l’Université du Luxembourg: «On ressent une pénurie dans certaines spécialités comme la pédiatrie notamment».
Avec cette école, la volonté est de mettre en place une nouvelle approche pour développer un cursus luxembourgeois. «Il irait jusqu’à la 5e année de médecine et cela permet de court-circuiter le problème de blocage lié au numerus clausus. On va donc former notre propre médecin mais les autres filières ne seront pas abandonnées.» Ce choix entend aussi juguler les départs: «L’espoir est que les médecins restent ici après leur étude».
Un regard européen qui permet de faire des comparaisons
Nommé comme président de l’association européenne des directeurs d’hôpitaux, Marc Hastert était présent en septembre en Belgique au congrès EHAM à Gand. Ce regard plus européen lui permet de faire des comparaisons: «Il y a des spécificités liées aux conjonctures économiques ou au système même des pays comme pour les blocs de l’Est ou les pays scandinaves». L'Europe joue aussi un rôle nouveau: «Elle réglemente. De part l’évolution de la jurisprudence, de plus en plus d’adaptations sont constatées pour qu’il y ait une politique plus linéaire dans les pays».
Défendre le secteur
Il entend défendre avant tout les intérêts des managers hospitaliers: «Nous souhaitons voir comment vont évoluer les législations pour voir comment y sont implémentées les qualifications des managers. Ils ont besoin de formations continues accessoires aux formations de bases. On veut mener une activité de lobbying tant au niveau européen que national».
Pour lui, il est fondamental d'impliquer au mieux les médecins dans les réflexions globales et aussi dans le développement du secteur extrahospitalier.
Il est conscient des enjeux à venir: «On va devoir s’adapter. Nous ne pouvons planifier qu’à moyen terme».
(1) ETP au 01.01.2018
ETP opposables réels: 838(CHdN); 1.501 (CHL); 1.503 (CHEM); 1.778 (HRS)
Dont ETP Soins réels: 618(CHdN); 1.108 (CHL); 1.005 (CHEM); 1.257 (HRS)
Ratio ETP soins/ ETP totaux en %: 73,74% (CHdN); 73,81% (CHL); 66,82% (CHEM); 70,73% (HRS)
Nombre de médecins agréés: 147 (CHdN); 306 (CHL); 256 (CHEM); 261 (HRS)
Article publié dans le journal Le Spécialiste #149
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