Deux ans de vice-présidence, six ans de présidence, Roel Van Giel revient sur un parcours riche en moments forts chez Domus Medica. Quelles sont les prochaines ambitions de son successeur Jeroen van den Brandt et quels sont les souvenirs les plus marquants de l’ancien président, qui reste porte-parole de AADM? Une interview en duo.
Le nombre de membres est passé de 2.600 à 3.559 en décembre 2022. Le nombre de collaborateurs est, quant à lui, passé de 17 à 27 et 66 des 68 cercles sont aujourd’hui membres. Le chiffre d’affaires a bondi de 2,5 à 3,5 millions. Il va de soi que les chiffres ne disent pas tout. Il s’agit surtout des réalisations derrière ces chiffres. «Pensez à l’achat et à la rénovation de nos locaux actuels. Il y a eu les conférences de médecins généralistes, les conférences sur les TIC, le soutien concret apporté aux cabinets pendant les crises (crise Covid, réfugiés d’Ukraine). Et le développement d’une série de domaines d’expertise. Des conseils de qualité. Avec, bien sûr, comme cerise sur le gâteau, le document de vision 2030 que nous avons pu déposer fin décembre», explique le Dr Van Giel. «Ce qui restera à jamais dans ma présidence, ce sont les deux ans et demi de Covid.»
Votre femme et vos enfants vous connaissaient-ils encore pendant cette période?
Dr Van Giel: (rires) Oui, quand même. Même si parfois, la balance penchait quand même fort d’un côté. Cette période est aussi la seule où je n’ai pas travaillé comme médecin généraliste pendant plusieurs mois. Une période difficile mais passionnante. Là, le pas franchi en 2006 avec la constitution d’un mouvement unitaire a fait ses preuves une fois de plus. Sans Domus Medica, la représentation des médecins généralistes n’aurait jamais été aussi grande. J’étais peut-être le visage, mais derrière moi, il y avait tout une série de collaborateurs. En outre, l’ancien directeur, Christophe Dekoninck, et moi-même formions un bon tandem complémentaire. Alors que je pouvais m’occuper de la politique stratégique, il stabilisait l’organisation grâce à sa connaissance du monde des affaires. Nul doute que son successeur Stijn (Vanholle, NDLR) fera de même.
Cela peut paraître étrange mais la crise Covid a quand même contribué à votre notoriété...
Domus Medica est devenu le point de contact des médecins généralistes flamands et néerlandophones à Bruxelles, tant pour les médias que sur le plan politique. Un processus sur lequel il aurait fallu travailler des années pour y arriver sans ce contexte. Mais cela n’a été possible que parce que nous venions toujours avec des dossiers bien étayés. Il ne faut pas oublier que nous étions en pleine rénovation à l’époque, ce qui n’était pas une période évidente pour l’organisation.
Entre-temps, le successeur, Jeroen van den Brandt, a pu s’échauffer?
Dr van den Brandt: Oui, s’échauffer est le bon terme. Il y a maintenant beaucoup de casseroles sur le feu et je suis heureux que le chef précédent m’ait appris à connaître tous les ingrédients. Roel continue à me coacher pour m’apprendre cette machine bien huilée. Nous avons construit un niveau méso solide avec notre fonctionnement en cercle et le dialogue avec nos membres. Je ne peux pas me contenter de participer à ce dialogue, nous devons y consacrer suffisamment de temps avec l’équipe de direction pour maintenir les bonnes forces que le Dr Van Giel a mises en place.
Sur quoi souhaitez-vous vous concentrer dans les années à venir?
Le Covid a joué un rôle énorme de facilitateur et de catalyseur en nous permettant de mettre en valeur nos aptitudes en tant que médecins généralistes dans le domaine des soins aigus. Il s’agit de la prévention, de la gestion des maladies et de la gestion de population. Des concepts théoriques auxquels nous devons donner une traduction concrète. Alors que le Covid nous a en partie motivés à nous mobiliser en externe, nous devons maintenant travailler davantage à la motivation interne de nos collègues, au coaching...
À quel point souhaitez-vous être arrivé dans l’évolution de Domus Medica lorsque votre mandat de président prendra fin?
À l’instar du NHG Nederland (Nederlands Huisarts Genootschap) qui compte 90% des médecins généralistes parmi ses membres, il devrait être naturel pour un médecin généraliste chez nous d’être membre de Domus Medica. Nous voulons être synonymes d’un service de qualité et d’un soutien scientifique. En plus d’un soutien professionnel. Renforcer le médecin généraliste, c’est par exemple le conseiller dans la conclusion d’un contrat avec une infirmière. Honnêtement, je ne sais pas où en sera notre médecine générale dans 10 ou 20 ans. Mais comme le NHG, j’espère que nous serons une structure indispensable pour les médecins généralistes dans les changements qu’ils souhaitent apporter à leur pratique.
Aujourd’hui, tout le monde sait que les médecins généralistes ont une lourde charge de travail. D’autre part, les patients ont droit à l’accès aux soins. La solution réside-t-elle dans une obligation d’accepter des patients, comme l’a suggéré le Pr ém. Jan De Maeseneer?
Dr Van Giel: Jan aime jeter un pavé dans la marre. Je pense que ce n’est pas la solution. Il évoque toutefois un problème dont de nombreux médecins généralistes sont également conscients. Nous voulons garantir l’accessibilité, tant sur le plan financier qu’en termes de couverture pour les citoyens. Chaque pratique de MG qui décide de ne plus accepter de nouveaux patients est confrontée à cet équilibre entre ce qu’elle peut gérer au maximum et l’accès aux soins. Il faut aussi veiller à cette première limite, car si on l’abandonne, beaucoup plus de gens encore devront se passer d’un médecin généraliste. D’un autre côté, tous les médecins généralistes veulent aider les personnes qui ont des problèmes.