« Le nouvel accord ne va pas appauvrir les médecins », estiment Pedro Facon et Mickaël Daubie (Inami)

Pedro Facon, administrateur général adjoint de l’Inami, et Mickaël Daubie, directeur général du service soins de santé, estiment que les réformes de la nomenclature et du financement hospitalier, devraient permettre de rééquilibrer les revenus des médecins. «Le nouvel accord ne met pas à mal la survie économique des médecins », soutiennent les deux fonctionnaires-dirigeants.         

Jacques de Toeuf a conseillé dans nos médias à ses confrères de faire le calcul de « leur survie économique » avant de se conventionner partiellement ou de se déconventionner. Comprenez-vous cette recommandation du président honoraire de l’Absym ?

Mickaël Daubie : Le mot « survie » me semble anachronique. Il faut remettre cela dans un contexte sociétal qui est particulièrement compliqué pour nos compatriotes. On peut estimer que les revenus des médecins se situent au-dessus d’une moyenne raisonnable. Plus concrètement, je ne vois pas en quoi l’accord 2024-2025 peut mettre à mal cette « survie ». Ce n’était déjà pas le cas pour l’accord précédent. Pour le nouvel accord, nous avons respecté l’index de manière intégrale. Ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé. Une norme de croissance de 2,5% est prévue pour le budget des soins de santé. Les honoraires sont indexés pour suivre l’évolution des coûts liée à l’inflation. En plus, nous avons réinjecté des moyens supplémentaires. 

Pedro Facon : Je partage cet avis. Il est important de se rendre compte que les médecins font partie d’un système plus global. J’entends les voix de ceux qui disent que le coût de la vie augmente plus vite que les honoraires et les salaires. Mais, en même temps, notre système garantit justement l’indexation des honoraires. Or, il ne faut pas l’oublier, ce sont des honoraires de professions libérales. Ce mécanisme n’existe pas à l’étranger. Nous défendons cette indexation des honoraires.

Le nouvel accord ne va pas appauvrir les médecins. Dans ce débat sur les revenus, l’aspect financier intervient, mais aussi les réformes qui sont menées au niveau de la première ligne et du secteur hospitalier et qui créent de l’incertitude. Ces changements ne font pas l’objet d’un consensus au sein du corps médical. Les résultats des élections médicales montrent bien qu’en médecine générale, il y a plusieurs courants de pensée et des conceptions différentes au niveau de l’organisation de la pratique. Il y a également des différences de revenus au sein du corps médical. 

Le grand projet de réforme de la nomenclature va permettre de rééquilibrer les honoraires et de les objectiver. Cette redistribution va demander une certaine solidarité entre les médecins. La réforme est importante pour les médecins parce qu’elle va aussi permettre d’objectiver les coûts de pratique et les relations entre les médecins et les hôpitaux. 

Les médecins s’inquiètent de connaître les résultats de cette réforme. J’espère qu’ils comprennent que ces décisions vont être prises dans un mécanisme de concertation et que ce ne sont pas des décisions prises par le pouvoir politique et l’administration. 

Prestations non rentables

Certaines petites prestations médicales ne sont pas rentables pour les médecins s’ils enlèvent les coûts qui y sont associés.

Mickaël Daubie : C’est sans doute vrai. La réforme de la nomenclature va nous permettre d’avoir des réponses objectivables. Il faudra encore attendre quelques années avant que ce système soit opérationnel, mais c’est une réponse très ferme et ambitieuse par rapport à la revalorisation de certaines prestations. L’accord 2024-2025 revalorise les actes chirurgicaux K120-K400 et anesthésie associée. Il y a donc une prise de conscience. C’est un emplâtre sur une jambe de bois parce que la véritable revalorisation viendra de la réforme de la nomenclature. En 2021, 2022 et 2023, les (encore) plus petites prestations, en-deçà de K120, ont aussi été revalorisées. 14 millions d’euros ont été injectés en 3 ans. Via le modèle de concertation et les moyens à disposition, nous essayons de répondre à ce constat que les petites prestations ne sont pas « rentables » pour les médecins.

> Lire l’intégralité de cette interview dans Le Spécialiste N°217

Lire aussi: 86,26% des médecins adhèrent à l'accord national médico-mutualiste 2024-2025

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    14 mars 2024

    Ces employés de l’INAMI, des mutuelles, des ministères,… ne sont que le reflet des aspirations de la population Be : « Ça » doit être gratuit !
    L’industrialisation de la dispensation des soins est en route mais sous la forme du Dr Deliveroo. À vélo, sous la pluie dans les cinq minutes et gratos.
    Il est temps d’en instruire tous les jeunes qui songent à se diriger vers une activité vouée à un tel avenir.

  • Freddy GORET

    11 mars 2024

    Foutaise la non indexation des années antérieures a fait chuter les revenus des spécialistes et des généralistes et c est pas rattrapable….
    La majorité des spécialistes travaillent en milieu hospitalier et la fameuse indexation va être récupérée au moins de 50% par les hôpitaux pratiquement tous en faillite
    Professions libérales…..
    En Espagne et en Angleterre faire venir un généraliste à domicile coûte 250 euros … à comparer avec le tarif belge …
    Les patients BIM ne paient rien et il y en a de plus en plus …
    Les patients CPAS demandent une attestation pour être remboursés pour les 3 euros qu ils doivent payer….
    Foutaise…
    Une bonne grève sera nécessaire pour rappeler au pouvoir politique et aux fonctionnaires de l INAMI que les médecins sont indispensables au bon fonctionnement de notre société