La dénomination sociale de l’ABSyM Bruxelles a été modifiée lors de son assemblée générale du 16 novembre. Elle s’appelle désormais l’ABSyM Bruxelles-Union des médecins. «Cette appellation est porteuse de l’esprit qui nous anime: «l’union fait la force», explique le Dr Bejjani, président de la chambre syndicale bruxelloise.
Le ministre Vandenbroucke vient de relancer le débat sur les suppléments d’honoraires dans le cadre de la définition extensive des « patients financièrement vulnérables » (BIM). Qu’en pensez-vous?
Par rapport aux suppléments d’honoraires, l’Absym a toujours défendu la liberté de pratique. C’est le principe même des accords médico-mutualistes pour une profession libérale comme la nôtre. Les médecins qui y adhèrent reçoivent un statut social. Ceux qui n’y adhèrent pas, sont libres de fixer leurs tarifs. Et les patients sont libres de choisir leurs médecins. Cette liberté à un coût pour la société, mais elle favorise également la disponibilité des médecins, la qualité de leur travail et le souci d’excellence. La liberté liée au déconventionnement a déjà écornée par la suppression des suppléments d’honoraires en chambre à deux lits. On en arrive d’ailleurs à une situation paradoxale : on demande plus de suppléments d’honoraires dans certains hôpitaux académiques, dont les médecins sont salariés et conventionnés, que dans les hôpitaux généraux avec des médecins indépendants. En plus de ces aberrations, un budget de 30 millions d’euros a été débloqué pour soutenir les médecins salariés travaillant dans les hôpitaux universitaires. C’est une concurrence déloyale puisque nous avons tous la même nomenclature et que la recherche et l’enseignement sont financés spécifiquement dans les hôpitaux académiques.
Pour compenser la perte d’honoraires liée à l’interdiction de suppléments pour les patients BIM, le ministre de la Santé propose d’octroyer une somme (ridicule) de 10 millions d’euros. Ce mécanisme est d’autant plus bizarre que le tarif risque d’être mieux remboursé chez un médecin non-conventionné que chez un médecin conventionné.
En tant que vice-président de l’ABSyM, je suis aligné et certainement d’accord avec la position de mon syndicat. A titre personnel, je trouve logique de mener une action devant la Cour constitutionnelle contre cette mesure parce qu’elle s’attaque au principe qui donne au médecin la liberté de fixer ses tarifs lorsqu’il n’est pas conventionné.
Il y-t-il des divergences de vue entre l’ABSyM fédéral et l’ABSyM Bruxelles sur certaines problématiques?
Il y a eu quelques divergences de point de vue entre les francophones et les néerlandophones. Elles restent mineures. Par exemple, porter le débat sur les prélèvements d’honoraires (article 155) n’a pas été facile mais nous avons été suivi. Soutenus par le Dr Devos et le Dr de Toeuf, nous avons porté ce dossier qui a débouché sur un vrai débat sur le « standstill » des prélèvements d’honoraires. Cela a aussi abouti à l’AR clarifiant les modalités des prélèvements des frais sur les honoraires. Le travail n’est pas encore fini, mais c’est un pas de géant, avant la réforme de la nomenclature.
Le principal problème actuellement est qu’un petit groupe a pris la main en interne et que cela a créé des tensions. Ce n’est pas un secret. On m’a d’ailleurs demandé de faire un pas de côté en ne me nommant plus à plusieurs comités dans lesquels je siégeais par le passé. Je ne veux pas en débattre dans la presse, mais, comme dans toutes les situations politiques complexes, il faut faire des compromis pour avancer. Je veux certainement poursuivre le combat que je mène pour le corps médical. C’est le plus important. Mais les 6 derniers mois ont été très pénibles, et cela m’a certainement épuisé. La diversité des opinions et des idées, c’est essentiel dans une organisation démocratique.
La Chambre syndicale de Bruxelles va-t-elle dès lors se recentrer sur son territoire?
A Bruxelles, nous voulons aller de l’avant ! Depuis 4-5 ans, l’ABSyM Bruxelles s’est inscrit dans une dynamique que nous voulons progressiste et nettement plus inclusive pour toutes les formes de rémunération et de pratique. La valorisation de la place du corps médical peut s’inscrire dans un projet beaucoup plus large qui vise, non pas l’opposition, mais la co-construction du système de santé. Nous gardons l’intention de nous affirmer comme une association représentative des médecins en participant à la représentation syndicale. Nous le faisons au travers de l’ABSyM fédérale, qui est une asbl séparée de l’ABSyM Bruxelles, et dans laquelle nous revendiquons une parité des voix avec l’ABSyM Wallonie, pour la représentation des médecins francophones, comme c’est le cas pour les deux chambres néerlandophones qui ont un poids identique même si elles ne comptent pas le même nombre de membres. Sinon, en dehors du syndicalisme nous sommes aussi présents au travers au niveau d’autres instances régionales ou fédérales et nous nous efforçons de soutenir les formations, les collaborations et tous les partenariats qui peuvent contribuer à l’amélioration de la vie du médecin, de sa valorisation et du système de santé dans son ensemble.