La prescription d’antidépresseurs reste trop élevée chez les généralistes (Inami)

Les médecins généralistes en Belgique prescrivent encore trop facilement des antidépresseurs. C’est ce que révèlent les données de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami) relayé samedi par l'Echo et De Tijd .

L’an dernier, en moyenne, 11,7% des patients suivis par un généraliste ont reçu ce type de traitement, soit l’équivalent de 12.876 doses quotidiennes prescrites. Toutefois, les disparités entre praticiens sont frappantes : les 5% les plus prescripteurs en prescrivent quatre fois plus que leurs collègues, certains allant jusqu’à prescrire des antidépresseurs à presque l’ensemble de leur patientèle.

Des écarts régionnaux

Près de 13% des adultes belges consomment au moins une fois par an un antidépresseur, représentant plus d’un million de personnes. 

Les écarts régionaux sont notables, avec une consommation légèrement inférieure en Flandre par rapport à la Wallonie et à Bruxelles. Selon le professeur Stephan Claes, du Centre universitaire psychiatrique de la KU Leuven, ces différences s’expliquent par des facteurs culturels et socio-économiques. "La consommation est plus importante dans les quartiers précarisés et dans les villes", souligne-t-il dans les jounaux De Tijd et L'Echo.

Un usage problématique selon les experts

Pour Stephan Claes, le seuil acceptable se situe entre 3 et 4% de la population, bien en deçà des chiffres actuels. "Dans les cas extrêmes, les médecins devraient être sommés de s’expliquer sur leur comportement prescriptif", estime-t-il.

L’association flamande des généralistes Domus Medica partage cette préoccupation. Selon son président, Jeroen van den Brandt, les médecins doivent assumer une part de responsabilité individuelle, mais le phénomène reflète également une pression sociale. "De nombreux patients exigent une solution rapide, qu’il s’agisse de problèmes de poids, de concentration ou psychiques", explique-t-il.

Des mesures pour encadrer les prescriptions

L’Inami, chargée de surveiller les prescriptions non rationnelles, n’a pas émis de rapport récent sur ce sujet, regrette Domus Medica. "Notre dernier retour d’information sur les psychotropes remonte à cinq ans", déplore l’association.

Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), rappelle qu’une campagne pour promouvoir un usage rationnel des psychotropes a été lancée l’an dernier et qu’une nouvelle stratégie est prévue pour 2025. "Les résultats de cette initiative sont actuellement en cours d’évaluation", précise-t-il.

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