“La problématique du financement hospitalier se double de celle de la pénurie, dans un premier temps, du personnel soignant et, entre 2025 et 2029, de médecins spécialistes”, avertit le Pr Gillet, président de la Conférence des hôpitaux académiques de Belgique.
“Les autorités se rendent-elles compte de l’ampleur de cette pénurie d’infirmiers tant en Wallonie que, plus récemment, en Flandre?” Le directeur médical du CHU de Liège pointe les effets négatifs cumulés d’une année sans sortie de diplômés en nursing en raison de l’allongement des études et de l’application du barème IFIC au secteur public depuis juillet 2021. “Ce sont les infirmières qui auraient eu besoin de la plus grande reconnaissance, tout le corpus de celles qui travaillent en médecine et en chirurgie, qui ont été les moins valorisées. Au CHU de Liège, cela représente 1.200 infirmières sur 1.800. Comme l’a déclaré Frank Vandenbrouke, elles n’ont pas été dévalorisées, mais elles ont vu les salaires des autres infirmières augmenter. C’est démotivant. Et cela pose un véritable souci au niveau du recrutement infirmier. Dans notre hôpital, nous avons fermé 47 lits sur nos 1.000 lits aigus. D’autres hôpitaux sont dans la même situation. Les patients s’accumulent dans les couloirs des urgences parce que des unités sont fermées et que la médecine générale est également débordée.”
Pierre Gillet ajoute que « pour les médecins spécialistes, c’est une chronique annoncée des difficultés. Avec la double cohorte, nous avons été inondés de jeunes médecins durant six ans. A partir de l’année prochaine, la tendance va s’inverser. On va entrer dans la phase active du numerus clausus. Durant six ans, nous allons manquer de médecins en partant d’une densité de médecins qui est déjà plus faible en Belgique (1,9/1000) qu’en Allemagne (3,3/1000) ou (2,36/1000) pour les 27 pays de l’OCDE. Pour certaines spécialités, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir.»
Tensions communautaires
Une situation de pénurie qui inquiète également les autorités flamandes. Les ministres flamands de l'Enseignement Ben Weyts (N-VA) et de la Santé publique Hilde Crevits (CD&V) ont dénoncé le 18 avril la méthodologie utilisée pour fixer les quotas de nouveaux médecins et dentistes autorisés en Flandre et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils réclament une meilleure attribution des numéros Inami en fonction de la taille de la population. "C'est l'évidence même qu'un partage du nombre de médecins en fonction du nombre des populations et des besoins sanitaires est le plus objectif", a déclaré Hilde Crevits.
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