Le dernier Comité de l’Assurance organisé avant les vacances avec près de 40 points à l'ordre du jour était très concentré. Certains dossiers abordés peuvent modifier des aspects de la vie du corps médical et des soins de santé. Pour le président de l’Absym Bruxelles, le Dr Gilbert Bejjani, il y a un manque de vision globale et d’avenir dans le chef des syndicats médicaux : “On le voit dans ces différentes réformes, il faut mieux défendre la place et le rôle des médecins.”
Le dossier de la biologie clinique montre, selon le président de l’Absym Bruxelles, l'absence de vision globale et les erreurs du passé : « Tout ce débat autour de la réduction de 15% en biologie clinique est un peu triste. A cause de l’inaptitude du corps médical et des syndicats qui n’ont pas été capables de faire le shift nécessaire dans la nomenclature. Tout le monde sait que la nomenclature est inéquitable. Nous devions faire des changements que nous n’avons pas faits. Aujourd’hui, on dit que les médecins gardent la main sur les honoraires suite à la réduction en biologie de 15%, mais ce n’est pas vrai. Quelque part, on perd une partie des honoraires médicaux et il faut le dire, en raison de notre manque de volonté d’agir quand il le fallait.”
Sortir de l’inflation des volumes
Sur le terrain, le Dr Bejjani voit ce qui ne va pas: “L’index a été raboté depuis des années sans vraiment corriger la nomenclature ni les comportements. Il y a un problème de valorisation des prestations « directes » des médecins, intellectuelles ou techniques mais qu’ils effectuent eux-mêmes par rapport à celles où c’est le personnel qui effectue la prestation, et ce personnel a un coût incompressible. Parallèlement, il y a également eu une inflation des prestations pour compenser.»
Pour l’avenir et les accords médico-mut, Gilbert Bejjani préconise de travailler sur base du modèle de l’appropriate care et estime « qu’ il faut mieux contrôler les volumes surtout ceux inadéquats que de diminuer la valeur nominale des actes. Il faut sortir de l’inflation du volume en valorisant la qualité.”
Et il prévient : « Si les nouveaux projets, comme le New Deal ou les coopérations fonctionnelles ne sont pas financés en plus du budget actuel, cela causera un problème lors de la conclusion de l’accord ». En effet « on nous dit qu’il y aurait à peu près 43 millions à pourvoir, ne fût-ce que pour 2 projets, sur les honoraires. Ce ne serait quand même pas normal que des initiatives ministérielles soit financées via les honoraires. Cela compliquera l’Accord. »
Mieux anticiper les réformes
« De manière générale, nous (les syndicats) aurions pu anticiper si nous avions été proactifs », commente clairement le Dr Bejjani. « Nous avons trainés dans les changements qui s’imposaient il y a quelques années. Aujourd’hui, on subit et on tente de colmater des brèches : limitation des suppléments, diminution de budget, rabotage d’index et par-dessus tout, des réformes qui trainent. » Et d’ajouter: « Maintenant que les élections sont passées et que tout le monde paraît content, ce que les médecins du terrain attendent des syndicats, ce sont plus que des paroles, c’est un réel changement de leurs conditions de travail notamment, et un projet médical concret sans vision court-termiste. Je pense que la méthode du passé avec du marchandage entre lobbys ne répond plus à la réalité, celle de la dépréciation de la valeur des actes et de l’équité nécessaire.”
La responsabilité syndicale
Pour le Dr Bejjani, les syndicats doivent faire face à leur responsabilité. “Dans tous les syndicats, en interne, on peut avoir des différences d’opinions, comme dans un parti politique. Les médecins ont voté pour ces partis et ces partis doivent aujourd’hui définir une sorte de projet d’accord gouvernemental entre eux et désigner le gouvernement. C’est une question de confiance. Celle accordée par les électeurs. Quel est le projet que nous allons défendre ? Il ne s’agit pas juste de gagner, il faut agir. Même si les prochaines élections sont lointaines, nous serons jugés sur l’action menée. Sur le terrain j’observe, malgré le vote massif, nécessaire, beaucoup d’insatisfaction et surtout une attente énorme ”
Le président de l’Absym Bruxelles s'inquiète enfin du manque d'ambition de la Belgique en matière de santé et de soutien aux technologies. "La Belgique devrait être plus ambitieuse au niveau du mobile health. Cela devrait être intégré dans les modalités de l’offre et de la pratique des soins.”
L'heure est vraiment, selon l’anesthésiste, à une prise de conscience, loin des comptes d'apothicaires, pour retrouver une médecine forte avec des médecins au cœur des soins de santé et fiers de leur travail et des soins de qualité qu’ils prodiguent.