Si l’ABSyM ne répond habituellement pas aux attaques de ses concurrents qui se moquent de sa stratégie, elle tient à remettre les pendules à l'heure en expliquant, mardi dans un communiqué, pourquoi elle n'a finalement pas dénoncé l'accord médico-mutualiste mais aussi pourquoi elle a lancé la procédure.
En lançant la procédure de dénonciation, l’ABSyM a contraint le Ministre Vandenbroucke à la table des négociations.Et une chose doit être précisée, poursuit l'ABSyM, l’attitude des autres syndicats aurait donné carte blanche au Ministre pour imposer son modèle idéologique à tous les médecins.
Pour l’ABSyM , le mérite est d’enfin avoir obtenu un débat sur la définition exacte d’un supplément d'honoraires et sur la proportion de patients réellement vulnérables financièrement.
Afin de rendre ce débat possible, il était nécessaire d'engager la procédure de dénonciation de l'accord. C'est la seule arme dont dispose un syndicat de médecins. Le résultat de l’entretien entre le Ministre Vandenbroucke et l’ABSyM a clairement montré que l'accord pourrait encore être annulé si cela devait s’avérer utile.
Les syndicats concurrents qui prétendent que l’ABSyM n'a pas pu tirer les marrons du feu et qui qualifient notre démarche de "surréaliste" ou notre rencontre avec le Ministre Vandenbroucke de "perte de temps", ne s’occupent pas de ce qu'ils devraient réellement faire, à savoir défendre les médecins.
Est-il normal qu’un médecin déconventionné doive facturer des tarifs conventionnés en soins ambulatoires pour tous les patients BIM ? Non, cela concerne pas moins de 17 à 18 % de la population. Par définition, tous les retraités bénéficient du statut BIM qui leur donne droit à un remboursement majoré. A titre d’exemple, il en va de même pour les millionnaires qui louent des dizaines de maisons ou d'appartements. En d'autres termes, nous voulons souligner ici que cette catégorie de patients augmente de plus en plus.
Si, lors des concertations avec le Ministre et les mutuelles, l’ABSyM parvient à mieux définir la notion de « patient financièrement vulnérable » et s’il s’avère, par exemple, que seuls 5 % des patients relèvent légitimement de cette catégorie, alors l’ABSyM aura réussi sa mission. Les médecins, y compris les médecins déconventionnés, ont un esprit social et peuvent faire des choix éthiques face à un patient socialement défavorisé.
L'engagement de la procédure de dénonciation de l'accord était également nécessaire pour pouvoir peaufiner la définition d'un supplément d'honoraires. En effet, plusieurs définitions pourraient s’imposer. Une part importante de ce qu'on appelle les « suppléments d'honoraires » pourraient être qualifiés de « suppléments hospitaliers ». Ils sont imposés aux médecins par les hôpitaux, souvent sans l'intervention du conseil médical, pour pallier à leur sous-financement structurel. D’autres « suppléments d'honoraires » sont en réalité des « suppléments de fonctionnement ». En effet, en soins ambulatoires, les médecins supportent eux-mêmes leurs frais d'équipement et de personnel.
Et enfin, certains « suppléments d’honoraires » pourraient encore être qualifiés de « suppléments à l'innovation ». Le médecin compte ce type de suppléments lorsqu’il souhaite utiliser une nouvelle technologie toujours meilleure et qui ne possède pas encore de numéro de nomenclature, car le Gouvernement belge intègre souvent avec retard ces traitements innovants dans le système des soins de santé. Si les médecins ne veulent pas priver leurs patients de ces dernières technologies, ils n'ont d'autre choix que de le facturer aux patients.
Ce n'est qu'en procédant à cette analyse que nous pourrons distinguer le véritable supplément d'honoraires - au sens strict du terme - des nombreux autres suppléments assimilés désormais également à des « suppléments d'honoraires ».
Quelle légèreté que de vouloir rejeter ce débat et le qualifier de «perte de temps surréaliste» ! poursuit l'ABSyM. Et de laisser entre-temps le Gouvernement et les mutuelles en profiter pour rappeler combien les médecins sont cupides. Nous sommes habitués à ce genre de récit nuisible de la part de ceux qui n’aiment pas les médecins. Le fait que des syndicats de médecins concurrents soutiennent également ce récit dans une tentative désespérée d'embarrasser l’ABSyM, montre immédiatement quel sera l’enjeu des élections médicales de juin 2023.
Cet enjeu pour l’ABSyM est considérable : nous continuerons à défendre la liberté professionnelle du médecin et continuerons à le faire sans cesse en amenant, comme c'est le cas aujourd'hui, le Ministre Vandenbroucke et les mutuelles à la table de concertation. Le débat doit porter sur les fondements de notre modèle actuel de médecine : la notion de convention et de déconvention qui fait partie intégrante du système des accords. Nous jugerons le Ministre Vandenbroucke sur ses actes, conclut Le Dr Johan Blanckaert, Président de l'ABSyM