La médecine reste un art et n’est pas seulement une science. L’apprentissage de cet art n’est pas chose aisée pour les étudiants. Et pour les enseignants, former leurs futurs confrères à la pratique d’une communication positive avec le patient peut constituer un défi de taille. A l’UNamur, une nouvelle méthode pédagogique se met en place.
Les compétences communicationnelles font partie depuis pas mal de temps du curriculum des futurs bacheliers en sciences médicales à l’UNamur. La formation à la relation médecin-patient est dispensée en collaboration avec le département de psychologie. Ce qui est nouveau, c’est que des budgets viennent d’être libérés par l’université pour une pédagogie par simulation. Il s’agit de programmes qui reproduisent dans un environnement réaliste (MRS, domicile, etc.) des situations complexes telles que la relation avec des patients plus particuliers, par exemple un patient agité.
La démarche est centrée sur l’exercice de la médecine générale. L’erreur est permise et n’est pas jugée. « L’objectif de l’apprentissage est que les erreurs commises en simulation ne se produisent pas en situation réelle », explique le Dr Henrion, maître de stage en médecine générale et chargé d’enseignement à l’UNamur. Un briefing est donné avant l’exercice. Un débriefing intervient après l’exercice. La compréhension des mécanismes de la réponse donnée à la situation par l’étudiant et des alternatives possibles à cette réponse est au centre du débriefing. « Mais encore une fois », insiste Dominique Henrion, « il n’y a pas de jugement. Ce que nous voulons, c’est que le futur médecin apprenne à ne pas perdre les pédales dans des situations complexes. »
Concrètement, il s’agit de scénarios originaux, réalisés par l’équipe enseignante. Ils proposent des pièces réalistes, avec des glaces sans teint et retransmises dans des salles de séminaire. Les séances sont également enregistrées, afin d’aider au débriefing. « La pédagogie par simulation n’est pas un but en soi », explique le Dr Henrion. « C’est un moyen pédagogique qui doit servir un objectif. Elle sera utilisée tout au long des trois années du master de spécialisation. Mais la plateforme de simulation est un projet institutionnel et pourra être utilisé par les autres enseignants de la faculté de médecine, comme d’ailleurs ceux des autres facultés.
A l’UNamur, le département de psychologie utilise déjà cette pédagogie pour des les étudiants de baccalauréat afin de les sensibiliser à la relation médecin-patient. Il y a aussi une collaboration active avec la haute école Hénallux et le CHU UCL Namur, qui dispose d’un centre de simulation dans ses auditoires de Mont-Godinne pour d’autres projets. Les médecins généralistes sont évidemment partie prenante dans ce mode d’enseignement. Ma collègue, le Dr Magnette se perfectionne à cette technique de pédagogie par simulation ».
« Bien sûr, la technologie moderne occupe une place très importante dans notre médecine moderne » ajoute Dominique Henrion. « Mais nous restons persuadés que la médecine générale est une spécialité à forte composante humaine. Le colloque singulier est un moment privilégié où le médecin doit souvent saisir à travers des demi-mots un message ou une demande que le patient exprime de manière plus ou moins claire. Dans notre projet pédagogique, nous souhaitons fortement capitaliser sur l’humain », insiste-t-il.
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