Quand la musique soigne : l'exemple du "Pansement Schubert" en milieu hospitalier

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Directeur de la Clinique Saint-Luc Bouge, Adrien Dufour publie chaque semaine des posts sur LinkedIn. Récemment, l’un d’eux, portant sur un aspect très particulier des soins de santé, a connu une viralité inattendue. Il était intitulé « 10 minutes de Schubert équivalent à 5 milligrammes d’Oxynorm »

Il évoquait ainsi  les soins au patient par la musique à travers le travail mené par Claire Oppert, violoncelliste et art-thérapeute (son livre Le pansement Schubert est paru aux Éditions Denoël en 2020). Pour rappel, parallèlement à sa carrière musicale internationale et à son engagement en tant que pédagogue, elle intervient depuis 25 ans auprès de jeunes autistes, de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, ainsi que dans plusieurs unités de soins palliatifs.

Les nombreuses réactions à ce post montrent l’attrait, la curiosité ou l’intérêt pour l’importance du développement de l’art, notamment de la musique, dans les soins de santé : « Je me souviens du moment où j’ai découvert le travail de Claire Oppert. C'était lors d'une séance à l’université d’été organisée par TRANS-MUTATION... Nous avons alors découvert Claire Oppert qui nous a expliqué son parcours de violoncelliste auprès des patients. »

Un instant suspendu

À partir de ce moment, le temps s’est suspendu : « Sa prestation était impressionnante : il y a ceux qui vous lisent une histoire, ceux qui vous racontent une histoire, et ceux qui vous font vivre une histoire. Elle l’a fait avec un talent formidable. Je précise que les personnes qui l’écoutaient étaient essentiellement non hospitalières, non soignantes. »

Claire Oppert a ensuite clôturé son exposé en jouant, tout en montrant des photos et une vidéo d'une patiente qui bougeait ses mains au rythme de la musique. « Elle réalise cela depuis des années et elle a prouvé, de manière scientifique, que la raison et la passion peuvent contribuer à la même cause. Aujourd’hui, quand on parvient à conjuguer les deux, je pense que l’on crée vraiment une différence. »

L’art à la Clinique Saint-Luc Bouge

Cet instant pourrait-il avoir des répercussions sur les patients pris en charge à la Clinique Saint-Luc Bouge ? Vont-ils avoir davantage de contacts avec l’art, la musique ? « Mon souhait est de contacter prochainement l’IMEP (Institut royal supérieur de musique et de pédagogie de Namur), mais pourquoi pas aussi des artistes sculpteurs ou d’autres formes d’expression artistique. Nous l’avons fait avec le dessin pour les 50 ans de notre institution. L’art doit pouvoir s’inviter à nos portes, au chevet de nos lits. Je pense que c’est ce qui doit caractériser l’hôpital dans son ancrage local. 

L’art peut aussi être une des réponses aux problèmes de santé mentale.  Il faut se donner les moyens de s’évader, qui ne sont pas nécessairement chers. Il faut être conscient et profiter du présent. »

La passion et la raison

La question du sens est central: il faut aussi être capable de se poser. « Cela amène une présence à l’autre. Le patient attend de la part des soignants et des autres professionnels autour de lui mais aussi de ses proches une vraie présence…. Une véritable attention. » 

Adrien Dufour conclut cette expérience en citant Khalil Gibran ( écrivain, poète et artiste visuel libano-américain d'expression arabe et anglaise) : «Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme navigante. Si vos voiles ou votre gouvernail se brisent, vous ne pouvez qu'être ballottés et aller à la dérive, ou rester ancrés au milieu de la mer.... »

Il revient aussi sur le parcours de Claire Oppert, née dans une famille de médecins qui a eu à  8 ans,  a un coup de foudre pour le violoncelle.  Lors d'une étude au sein d'une unité de soins palliatifs, elle a prouvé que dix minutes de Schubert peuvent remplacer une dose de puissant analgésique.

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