L’Unité Audit des Hôpitaux, l’équipe d’audit du SPF Santé publique, de l’AFMPS et de l’INAMI, s’est penchée sur les opérations de pose de prothèses de la hanche dans les hôpitaux belges. Sur base de ses constats, elle formule au total 6 recommandations de bonne pratique, 11 points d’amélioration avec un délai obligatoire pour leur mise en œuvre, et 32 points d’amélioration sans délai.
Tous les points d’amélioration sont basés sur l’Evidence-Based Medicine, sur l’Evidence-Based Practice, sur une pratique efficiente, efficace et de qualité ou sur la législation. Lorsqu’un hôpital reçoit une proposition contenant des points d’amélioration obligatoires, ceux-ci doivent être implémentés dans un délai fixé (variant entre « immédiatement » et douze mois). Les points d’action recommandés n’ont pas de délai imposé mais visent clairement une amélioration de la qualité.
AMÉLIORATIONS OBLIGATOIRES :
Raccourcir le délai entre admission et opération : Un intervalle de temps court réduit le risque de complications (morbidité) et diminue la mortalité. Les recommandations internationales indiquent qu’une fracture du col du fémur doit être opérée dans les 24 à 48 heures. Nous demanderons à certains hôpitaux de prendre des mesures pour atteindre eux aussi l’objectif minimum de 75 % de séjours pour lesquels il s’écoule moins de 48 heures entre l’admission et l’opération.
·Améliorer l’information au patient sur la traçabilité de l’implant : Tous les professionnels de santé ont l’obligation légale d’informer leurs patients sur la traçabilité de leurs implants, soit au moyen de la carte physique d’implant si elle est délivrée par l’entreprise, soit au moyen de la carte d’implants du Registre Central de Traçabilité (RCT).
Améliorer les informations des dossiers médicaux : Pour garantir la continuité des soins, les hôpitaux doivent se conformer aux obligations légales en matière de tenue des dossiers médicaux, en particulier concernant les protocoles opératoires et d’anesthésie et les rapports de sortie.
AMÉLIORATIONS RECOMMANDÉES
Dans tous les hôpitaux, offrir aux patients victimes de fractures la même qualité de soins quel que soit le jour de l’admission, y compris durant le week-end (délai d’attente avant l’opération, éducation du patient, etc.).
Les associations scientifiques devraient développer des recommandations pour que les critères pour le choix des implants se basent sur des outils, des échelles validées ou des bases de données (registres).
Développer un modèle orthogériatrique (trajet de soins spécifique pour le patient gériatrique avec problématique orthopédique) dans tous les hôpitaux.
Mettre en place dans chaque hôpital une procédure de mobilisation du patient (exercice physique) pour chaque type de prothèse de la hanche, fondée sur des recommandations internationales et sur l’état clinique et cognitif du patient.
Les opérations de prothèse de la hanche peuvent s’effectuer en hôpital de jour. Les entretiens menés lors de l'audit sur place nous ont permis de constater qu'il est important de définir des critères de sélection basés sur les caractéristiques des patients (âge et comorbidités) et sur leurs conditions de vie.
Pour garantir la qualité et la sécurité des soins, rendre les informations du registre Orthopride accessibles à tous les chirurgiens orthopédistes, quel que soit celui qui implante la prothèse primaire. Chaque chirurgien doit aussi avoir accès à ses propres données concernant le patient et l’implant.
L’audit a pu pointer plusieurs bonnes pratiques. En particulier :
Le respect des recommandations publiées concernant l’antibioprophylaxie, tant pour le choix de l’antibiotique que pour le moment auquel il est administré (dans les 60 minutes précédant l’incision).
Une politique spécifique pour mobiliser les patients les plus vulnérables (par exemple, les patients atteints de troubles cognitifs).
Le programme d’éducation du patient au cours des semaines précédant une opération chirurgicale planifiée, suivi individuellement ou en groupe, avec le chirurgien orthopédiste ou dans le cadre de séances multidisciplinaires. Certains hôpitaux se distinguent en donnant des informations au patient victime d’une fracture même dans une situation d’urgence.
L'audit a mis en évidence plusieurs domaines nécessitant une attention particulière pour améliorer la qualité des soins et l'efficience du processus chirurgical en Belgique. L'importance de l'adoption de pratiques basées sur des preuves, l'uniformisation des soins à travers les hôpitaux, et la réduction des variations dans les pratiques chirurgicales sont des points clés qui ressortent de cet examen approfondi. Ces constatations devraient guider les futures politiques de santé publique et les initiatives d'amélioration de la qualité pour les interventions de pose de prothèse de la hanche.
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