Primes à l’installation : « On est à côté de la plaque » (Dr Michel De Volder, FAMGB)

S'imaginer que c'est avec des primes que l'on va attirer les jeunes généralistes à Bruxelles, c'est faire fausse route. Les obstacles rencontrés par les nouveaux diplômés sont d'un autre ordre. Mais pour le Dr Michel De Volder,  les autorités politiques font la sourde oreille et ne tiennent pas compte de l'avis du terrain.

Le 14 janvier 2025, la Commission communautaire commune a publié un arrêté relatif au soutien des pratiques multidisciplinaires et des jeunes médecins à Bruxelles. Il s'agissait de reprendre et d'adapter des mesures précédemment annulées par le Conseil d'État. Les premières mesures imposaient, entre autres conditions pour bénéficier de ces aides, que les pratiques multidisciplinaires et les jeunes médecins prennent la forme d'une ASBL. Pour le Conseil d'État, le principe d'égalité n'était pas respecté. L'obligation d'être en ASBL a donc été supprimée pour les jeunes médecins, mais pas pour les structures multidisciplinaires.

Des conditions strictes pour les jeunes médecins

Toutefois, une série de conditions demeure pour le jeune médecin. Il doit s'installer dans un "quartier en pénurie", préciser dans quelle mesure il compte exécuter des missions de première ligne, présenter un budget, être conventionné et avoir publié au moins un SUMHER sur le Réseau Santé Bruxellois. Il doit introduire sa demande au plus tard six mois après la date de son installation et rester dans le même quartier au moins cinq ans, tout en collaborant avec les autres acteurs de la première ligne, notamment Brusano.

Un cadre trop rigide selon la FAMGB

« Et on voudrait qu'un jeune médecin se soumette à un tel carcan, alors qu'il y a pour lui mille et une possibilités de s'installer à Bruxelles et de se faire une patientèle complète en quelques mois ? », s'exclame le Dr Michel De Volder, président de la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de Bruxelles (FAMGB). « Sans passer par les arcanes qu'on veut lui imposer, il gardera sa liberté de transfert de son cabinet, engrangera en moins de temps l'équivalent de la prime et pourra même changer de pratique ou de formule pour aller vers d'autres choses que la médecine générale en solo. Il faut savoir que les jeunes médecins ne restent plus à faire la même chose au même endroit pendant 30 ans. »

Des besoins ignorés par les autorités

Le président de la FAMGB déplore amèrement que les médecins ne soient pas écoutés. « Nous avons organisé des réunions avec des jeunes médecins, en présence de représentants des autorités bruxelloises, pour connaître les demandes de nos confrères fraîchement diplômés. Deux obstacles majeurs à leur installation sont ressortis des discussions : le manque de locaux et le sentiment de difficulté face aux contraintes administratives, fiscales et de gestion. »

La FAMGB a donc demandé aux autorités régionales et communales de mettre à la disposition des jeunes confrères, dans les quartiers moins bien desservis, des locaux adaptés et à loyer abordable. Mais rien ne se fait. « Nous ne sommes pas écoutés », constate le Dr Michel De Volder. « Quant au parrainage, c'est tout à fait envisageable. Nous pouvons mettre en place un système d'appui à la pratique avec la collaboration de médecins expérimentés. »

Un arrêté qui rate sa cible

« Le problème de fond n'est donc pas la prime. Une fois de plus, on est à côté de la plaque. Le politique s'est fendu, sans consulter le terrain, d'un arrêté qui a été annulé par le Conseil d'État. Il revient avec une nouvelle mouture, toujours sans prendre l'avis des acteurs concernés et pour repasser à peu près les mêmes plats. De qui se moque-t-on ? »

> Découvrir le texte de l’Arrêté

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.