Des désinformations se répandent à propos des difficultés du service des urgences à Marche regrette le Conseil Médical de l’IFAC. Il tient donc à préciser les choses dans une lettre ouverte.
En 2016, pour pallier aux difficultés de recrutement de médecins urgentistes pour les hôpitaux de la province, Vivalia a mis en place une Association des Services d’Urgences de ses trois hôpitaux. Il s’agissait d'éviter une concurrence entre les différents sites hospitaliers de l’intercommunale pour l’engagement de médecins urgentistes, de favoriser une mobilité des médecins entre les sites, et de revaloriser le statut des urgentistes pour les attirer dans notre province reculée et les fidéliser.
Pour financer cette revalorisation, une cotisation des médecins hospitaliers a été mise en place avec l’accord des Conseils Médicaux de l’époque, sous forme d’une rétrocession d’une partie des suppléments d’honoraires des médecins sur chambre privée dans Vivalia. Cette contribution financière était mise en place pour une durée limitée, potentiellement renouvelable ; il n’a jamais été question qu’elle soit éternelle.
En 2018, le Conseil Médical de l’IFAC remarque que les sommes prélevées sur les suppléments d’honoraires des médecins de l’IFAC sont plus importantes que ce qui avait initialement été prévu. Cela l’incite à demander auprès du gestionnaire plus de clarté sur les prélèvements effectués et sur leur utilisation, et ce d’autant que, après deux ans de fonctionnement de l’Association des Services d’Urgences, on ne notait pas de franche amélioration du recrutement ni de la fidélisation des médecins urgentistes, ni même aucune mobilité des urgentistes du CHA (Libramont) et des CSL (Arlon) en cas de manque de personnel ponctuel à l’IFAC (Marche et Bastogne).
Rendu prudent et méfiant par un réel manque de transparence, le corps médical, représenté par son Conseil Médical, finit par se demander si son argent a bien été utilisé aux fins auxquelles il était destiné en vue du financement de nos urgentistes, et si cette nouvelle ponction dans les honoraires médicaux était bien nécessaire.
Faute d’avoir reçu des réponses claires à ses interrogations, le corps médical de l’IFAC, réuni en Assemblée Générale le 24 juin 2019, demande officiellement au gestionnaire la suspension des prélèvements sur les suppléments d’honoraires et leur restitution au Conseil Médical de l’IFAC. Le projet étant que le Conseil Médical puisse ensuite rediscuter de l’affectation à donner à cet argent, et pourquoi pas de le réinjecter, mais avec transparence cette fois, dans le(s) Service(s) des Urgences.
Contrairement à ce que la Direction Générale a toujours affirmé, et à ce que la presse a souvent relayé, le corps médical de l’IFAC n’a jamais voulu remettre en cause une solidarité avec les médecins des Urgences, ni même l’idée d’une association entre les services d’urgences de la province. Bien au contraire, le Conseil Médical a exigé un suivi et de la transparence dans l’utilisation de cet argent que la communauté médicale avait confié à la gestion de Vivalia dans une démarche de solidarité avec les médecins urgentistes.
Pour des raisons administratives et dans le souci de laisser au gestionnaire une période de préavis, la mise en application de cette décision l’Assemblée Générale de juin 2019 n’était attendue qu’en janvier 2021.
Il a fallu constater que, pendant cette période de plus de 18 mois, le gestionnaire est resté bras ballants et n’a en rien anticipé les difficultés pourtant annoncées.A aucun moment non plus il n’a tenté de réunir et rassurer le corps médical (médecins hospitaliers et médecins urgentistes) en faisant preuve de rigueur et de transparence pour tous les prestataires!
A aucun moment, en tant que responsable direct des soins de santé à la population de la région, il n’a proposé de solution alternative, constructive pour notre hôpital.
En janvier 2021, le même gestionnaire (la Direction Générale) répercute la baisse de revenu de l’Association des Services d’Urgences sur les rémunérations de nos médecins urgentistes de l’IFAC; les rémunérations des médecins urgentistes du CHA et des CSL n’ont pas été impactées!
Voilà de quoi faire perdre totalement confiance en cette Association, créée au nom de la solidarité, et dont l’un des objectifs était d’assurer une non concurrence entre les Services d’Urgences de la province et un renfort mutuel en cas de coup dur!
La dévalorisation financière des urgentistes sur le site de Marche a été délibérément conduite pas la Direction Générale, et aggravée par un manque de communication et de soutien de la part du gestionnaire. Ces faits constituent le vrai motif qui a conduit à des démissions successives au sein de l’équipe médicale des Urgences de Marche, et placé le Service des Urgences de Marche dans une situation très critique, avec un nombre de médecins insuffisant pour pouvoir couvrir toutes les permanences médicales, notamment celles du SMUR.
En revendiquant plus de transparence et d’honnêteté de la part du gestionnaire envers tous les médecins, le corps médical de l’IFAC n’a à aucun moment souhaité prendre en otage le service des urgences de l’IFAC.
C’est bien le gestionnaire qui a utilisé cette stratégie, en allant jusqu’à payer les Urgentistes de Marche à un tarif inférieur à celui qui leur était promis contractuellement.
Et si, depuis janvier 2021, le gestionnaire n’a plus injecté l’argent des médecins de l’IFAC dans l’association des urgences, il n’a pas non plus restitué cet argent aux prestataires qui l’ont pro-mérité, ni même au Conseil Médical!
Ce ne sont donc pas seulement les urgentistes qui sont floués financièrement par les démarches de la Direction Générale, fleurtant d’ailleurs ainsi avec la légalité.
Le gestionnaire et la Direction Générale ont fait croire aux médecins urgentistes et au grand public que c’était l’égoïsme financier de quelques membres du Conseil Médical qui mettait en péril la salle d’urgence.
Et la même Direction Générale ne cesse d'affirmer que, pour cette crise de la salle d’Urgences de Marche, la solution viendra des médecins. Il nous semble évident que, dans une situation aussi complexe, la solution ne peut en aucun cas venir d’un seul côté!
Les médecins du corps médical de l’IFAC réaffirment ici qu’ils sont volontaires pour s’investir dans l’avenir de leur hôpital, et pour soutenir notre équipe des Urgences avec tout ce qui dépend de nos moyens d’action.
Par l’engagement quotidien de tous les médecins de l’IFAC auprès des patients, qui est notre meilleur investissement pour notre hôpital.
Par notre souhait concret de soutenir le Service des Urgences, de collaborer avec le gestionnaire à la mise en place de nouveaux projets, dont l’ouverture prochaine du B6 (nouvelle aile de l’hôpital) et de nouvelles salles d’opération.
Par nos solidarités quotidiennes entre médecins dans leur pratique quotidienne: gardes fréquentes, remplacement de confrères malades, etc.Par notre solidarité financière aussi: les médecins marchois cotisent d’ailleurs déjà dans un fond de promotion local, et dans une bourse pour le développement du futur hôpital sud, notamment, fidèles à ce projet.
Le corps médical marchois s’est d’ailleurs engagé, par la voix de son Conseil Médical, en date du 5 juillet dernier, à libérer la somme de 50.000 euros pour les médecins urgentistes de Marche (en plus des de 25.000 euros qui seront libérés par le fond de promotion, et qui sont issus eux aussi des honoraires des médecins), mais cela à la condition qu’un travail soit entamé pour trouver une solution pérenne et financièrement transparente pour la salle d’urgence de Marche... et nous ne comprenons pas pourquoi cet argent n’a pas encore été mis à profit!
Le gestionnaire, qui a une responsabilité écrasante dans la genèse de la situation actuelle et une obligation de proposer des solutions satisfaisantes, paraît bien manquer de volonté pour trouver une solution pérenne pour notre salle d’urgences et pour les meilleurs soins de santé à la population dans notre bassin de soins. Les médecins l’invitent solennellement à se ressaisir.
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