Les directeurs d’hôpitaux sont très vigilants quant à l’évolution des fermetures d’écoles, aux retours de zones rouges et aux cas de contamination dans leur personnel. Ils sont inquiets pour la disponibilité du personnel soignant si il doit rester à la maison pour garder des enfants qui seraient en quarantaine.
La plupart des directeurs d’hôpitaux aujourd’hui en Belgique sont rodés et anticipent toutes les situations. Médecins, infirmières, personnel technique doivent composer avec les premières fermetures d’écoles ou les différentes mises en quarantaine. Si la situation est gérable actuellement, que se passera-t-il dans quelques semaines ? L’administrateur-délégué du CHU de Liège, Julien Compère, confirme qu’il est « inquiet ». « Dans les prochaines semaines, la grande inconnue sera la disponibilité du personnel. Que va-t-on faire si on a plusieurs cas positifs au sein de nos équipes ? Nous avons aussi les premiers cas de quarantaine d’enfants du personnel soignant. Que se passera-t-il en outre pour le personnel asymptomatique ? »
Être entendu
Des interrogations partagées par Philippe Leroy, le directeur du CHU Saint-Pierre : « On ne peut pas écarter une infirmière simplement parce qu’elle vient de zone rouge. Nous avons les moyens de faire les tests et de les remettre au travail si toutes les sécurités sanitaires sont prises ». Il le rappelle : « On a plaidé pour plus de flexibilité dans la gestion de notre personnel auprès des autorités compétentes, mais elles ont refusé. » Tous les enfants vont avoir des rhumes cet hiver. « On ne pourra pas tous les tester, ni tous les mettre, eux et leurs parents, en quarantaine. Nous avons besoin de notre personnel soignant à tous les niveaux de l’hôpital. »
Un problème sérieux
De son côté, Stéphane Rillaerts, le nouveau directeur général des deux sites du CHR Sambre et Meuse, reconnaît que « par rapport aux messages que l’on veut donner à la population, il y a quelque chose d’assez inconfortable : les soignants ne sont pas une espèce de surhommes. Il ne faut pas oublier qu’ils ont souvent peur d’être le véhicule de l’infection pour leurs proches et pour leurs malades. » Pour lui, la situation actuelle reste gérable, « mais il est clair que si on devait faire face à une vague d’hospitalisations, à des fermetures d’écoles, et à des mises en quarantaine de clusters localisés, cela risque de devenir un problème sérieux. »
Un avis partagé par Stéphane Lefebvre, directeur général du CHR Verviers-East Belgium, qui a conscience que « l’enjeu des prochaines semaines est vraiment la disponibilité du personnel. Il faut voir si le personnel asymptomatique travaillera ou pas... Aujourd’hui, c’est gérable. On a quelques membres du personnel écartés et quelques personnes qui doivent gérer des gardes d’enfants...mais il ne faut pas qu’il y ait trop de classes fermées. On a cette crainte, c’est vrai. »