La MC fustige la proposition d’indexer le ticket modérateur chez les généralistes ... Solidaris aussi

La Mutualité chrétienne (MC) se dit extrêmement préoccupée par la proposition des syndicats médicaux ABSyM et Cartel d’indexer le ticket modérateur pour les consultations chez le médecin généraliste. « Ce serait désastreux pour les malades chroniques et les personnes à faibles revenus : veut-on vraiment qu’ils renoncent à consulter leur médecin parce qu’ils n’en ont pas les moyens ? », réagit mardi son président, Luc Van Gorp. La mutualité socialiste Solidaris a quant à elle également dit s'opposer à une telle mesure.

Selon les syndicats médicaux, leur proposition permettrait de réaliser 114 millions d’euros d’économies. L’augmentation de la part à charge des patients dissuaderait également, à leurs yeux, de consulter trop rapidement un généraliste.

Luc Van Gorp met toutefois en garde : « Si chaque profession de soins raisonne ainsi, cela entraînera une lourde charge supplémentaire pour les patients, sans amélioration de la qualité ni de l’accessibilité des soins. Si l’on divise l’économie globale visée dans les soins de santé – environ un milliard d’euros – par le nombre de Belges, chaque citoyen devra, au cours de cette législature, payer 83 euros de sa poche pour ses soins. » 

Le président de la MC rappelle aussi que le ticket modérateur n’est pas la seule contribution financière des patients, qui financent également la sécurité sociale. À cela s’ajoutent souvent des suppléments, alors que de plus en plus de médecins se déconventionnent.

Pour Luc Van Gorp, ce sont surtout les patients chroniques qui paieront l’addition : « Regardons la situation du point de vue d’une personne atteinte d’une maladie chronique et engagée dans de longs traitements : dix séances de kinésithérapie, par exemple, signifient dix tickets modérateurs à payer. Plus votre santé est mauvaise, plus vous payez. L’augmentation du ticket modérateur a un impact proportionnellement bien plus lourd sur les malades chroniques. »

Il souligne enfin que les personnes à faibles revenus consacrent déjà, proportionnellement, une part beaucoup plus importante de leurs ressources aux soins, et que le report de soins engendre également des coûts supplémentaires.

De son côté, Solidaris a soiuligné que "contrairement à ce que ces représentants de médecins indiquent, l'augmentation des tickets modérateurs ne sera pas couverte par l'indexation des salaires et des allocations sociales et constitue, de ce fait, une perte nette de revenu disponible pour les patients". 

"Solidaris s'opposera fermement à toute mesure visant à augmenter la contribution financière des patients qui se rendent chez leur médecin. Le ticket modérateur n'est pas autre chose qu'une taxe sur la santé, injuste, supporté par les patients et son augmentation risque de détériorer encore un peu plus l'accès aux soins en Belgique", a déclaré le secrétaire général de Solidaris, Jean-Pascal Labille, cité dans un communiqué de la mutualité socialiste. 

Selon Solidaris, si la dépense totale de soins de santé par habitant en Belgique est inférieure à celle observée dans les pays voisins, la part de cette dépense à charge des ménages est sensiblement plus importante chez nous. D'après le dernier rapport de KCE sur la performance du  système belge de santé, le coût des soins de santé à charge des patients en Belgique est de 25 %, contre 23 % en Allemagne, 16 % aux Pays-Bas et 15 % en France. 

"Pour nous aligner sur la moyenne des pays voisins, il faudrait augmenter les remboursements de l'assurance maladie aux patients de 5,3 milliards d'euros. A contrario, l'augmentation des tickets modérateurs proposée par les syndicats médicaux détériorerait encore la situation de la Belgique par rapport aux pays voisins en matière d'accessibilité financière des patients qui seraient les uniques perdants" de l'opération.

Pour Solidaris, comme pour la MC, l'augmentation des tickets modérateurs sur les soins de première ligne est une "fausse bonne idée" pour réaliser des économies. Elle aura comme seule conséquence d'augmenter le report de soins vers la deuxième ligne, entraînant une augmentation des dépenses de soins de santé plus importante à moyen terme. 

"Face aux exigences d'économies du gouvernement pour 2025, nous affirmons une ligne claire: l'argent doit être trouvé ailleurs, là où les inefficiences pèsent encore lourd, sans jamais sacrifier ni l'accessibilité ni la qualité des soins. Préserver une sécurité sociale forte, c'est refuser les coupes aveugles", a enfin pointé le syndicat socialiste.

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