Le Dr Karalabos Raptis, président d'Humani, démissionne : le management s'explique

Le Dr Karalabos Raptis, président de l’intercommunale hospitalière carolo HUmani , a présenté sa démission jeudi soir, lors d'un Conseil d’Administration extraordinaire. Il est impliqué dans une affaire de présumée corruption. L’enquête porte sur un pot-de-vin de 100 000 euros qu’il aurait reçu lors de l’achat d’un terrain destiné à la construction d’un nouvel hôpital psychiatrique par HUmani. Dans un communiqué, vendredi matin , le management d'HUmani s'explique.

Le Dr Karalabos Raptis dément avoir reçu un pot-de-vin. Il reconnaît cependant avoir mis en contact une connaissance,un de ses patients, propriétaire du terrain, avec les responsables de l’intercommunale dont il était administrateur à l’époque. Selon lui, les 100 000 euros versés sur son compte par le vendeur étaient un cadeau.

.Lors de ce CA extraordinaire, le management d’HUmani a tenu à apporter toutes les précisions sur deux dossiers, suite aux interrogations de certains administrateurs.

Le premier, concernait l’achat du terrain de Châtelineau qui était, à l’origine, destiné à accueillir le nouvel hôpital psychiatrique Van Gogh, actuellement en zone inondable et dont la vétusté entraîne des couts importants de réfection chaque année. Dans un contexte post-COVID et en vue de l’imminence du plan à la construction 2024, l’intercommunale s’était mise dans l’urgence à la recherche d’un terrain dans une zone proche de la clinique Léon Neuens de Châtelet, où devait s’installer une partie de la psychiatrie de jour.

Dans ce contexte, le Dr Karalabos Raptis, alors simple administrateur, avait rappelé l’information qu’il avait déjà soumise un an plus tôt (en pleine pandémie), à savoir que l’un de ses patients vendait un terrain de près de 3,9 hectares en bordure de la N90 et du R3, un endroit hautement stratégique, voisin d’une résidence pour personnes souffrant d’un handicap mental et du site des Viviers.

Le notaire assermenté de l’intercommunale n’a émis aucune objection sur le prix d’achat de cette zone ZACC (1,6 millions
d’euros) et des vérifications avaient été réalisées quant aux prix du marché. Le management a donc soumis le dossier aux organes de
gestion en soulignant l’opportunité d’achat. Celui-ci a été approuvé par le Bureau exécutif puis le Conseil d’administration de l’époque.
L’avocat spécialiste de l’intercommunale, Me Jean Laurent, a précisé que la législation ne requérait pas de marché public, ni une enquête préalable, celle-ci étant simplement conseillée.

Suite à l’acquisition du terrain, le Département Infrastructures et Patrimoine d’HUmani a effectué une analyse, en collaboration avec la Direction médicale, afin d’y établir « l’hôpital psychiatrique idéal », à savoir une structure pavillonnaire peu élevée sur un terrain arboré. S’il était effectivement possible de construire une structure hospitalière sur le site de Châtelineau, celle-ci ne correspondait pas au projet moderne et idéal souhaité par les instances médicales et aurait entraîné, vu la déclivité d’une partie du terrain, des surcouts en techniques spéciales et un allongement des délais.

Il a donc été proposé de « switcher » avec le site du « Bel Abri » à Farciennes, appartenant déjà à HUmani et où un projet intergénérationnel mêlant maison de repos, crèche et structure d’aide à la jeunesse était envisagé. A noter que la surface du terrain farciennois est pratiquement identique (4,1 hectares) mais que la structure pavillonnaire pouvait s’y implanter plus facilement, d’où la décision logique de permuter.
Le deuxième point concernait le projet d’installation d’une polyclinique le long de la Nationale 5, dans la région de Walcourt. HUmani y
voyait une opportunité d’attraction de patients vers ses structures hospitalières dans cette région où elle n’est pratiquement pas présente et à un moment où l’IMTR allait fermer ses portes.

Ayant eu vent de ce projet, un promoteur a proposé spontanément ses services et, dans le cadre de la prospection, plusieurs experts d’HUmani l’ont reçu. Contacté à l’époque par le management pour s’assurer de la légalité des procédures, l’avocat de l’intercommunale précise que des entreprises peuvent recevoir des informations dans le cadre de la prospection, à partir du moment où l’ensemble des soumissionnaires au futur marché public reçoivent les mêmes informations. Il est même autorisé qu’un candidat puisse participer à l’élaboration du cahier de charges tant que les critères qu’il propose ne sont pas exclusifs.

Le management a précisé qu’à ce stade, le dossier était gelé, qu’aucun terrain ou soumissionnaire n’était encore choisi et
qu’actuellement, aucun denier n’avait été dépensé pour cette polyclinique.
"Ces précisions ayant été apportées et l’avocat ayant démontré qu’aucune irrégularité n’avait été commise par le management dans la
gestion pure des dossiers, l’intercommunale souhaite à présent pouvoir poursuivre sereinement son travail d’utilité publique, au service
de la Santé de la population, en préservant son personnel et son image de marque." conclut le communiqué 

Lire aussi: Soupçons de corruption à l'intercommunale carolo Humani

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