« Je trouve que les autorités publiques et le ministre Vandenbroucke devraient nous encourager à engager des médecins en formation pour les unités covid. Ils peuvent être les bonnes personnes au bon endroit au bon moment » selon Paul d'Otreppe directeur général de la clinique Saint-Luc à Bouge et Président de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux
Le manque de bras. A tous les niveaux, le constat est le même. Pour Paul d'Otreppe ,directeur général de la clinique Saint-Luc à Bouge et Président de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux « La problématique des ressources humaines est compliquée actuellement pour différentes raisons : on écarte beaucoup plus rapidement le personnel que lors de la première phase. Et on n’a pas arrêté les autres activités médicales de l’hôpital puisque les hôpitaux de jours fonctionnent. »
Négociations en cours
Sur le terrain, le personnel est épuisé et souvent infecté par des foyers présents à l’intérieur des familles : « Pour retrouver des bras, on a décidé de négocier avec les médecins de l’hôpital pour dégager des médecins assistants. Plutôt que d’avoir tous les spécialistes en formation à l’arrêt, j’ai fait la proposition qu’ils soient libérés et que nous puissions utiliser leur compétence » explique Paul d'Otreppe. « On a demandé aux maîtres de stages de les libérer. Ce sont les bras qu’il nous faut pour tenir. Je suis prêt à prendre le risque financier. Je trouve que les autorités publiques et le ministre Vandenbroucke devraient nous encourager à le faire. Le ministre devrait lancer un appel en faveur des médecins assistants disponibles avec des assurances en ordre. »
Il rappelle que dans certaines institutions, ces médecins assistants sont payés par les hôpitaux et dans d’autres ils sont payés par les médecins. « Chez nous ils sont payés par les médecins. On veut pouvoir les mettre à la disposition de la direction médicale. L’hôpital prend l'initiative de les réengager pour la partie covid de l’activité. » Sur le terrain, ils vont travailler avec le personnel infirmier « qui trouve plus rassurant de travailler avec un médecin en formation et les autres médecins (qui sont sur les genoux) et qui vont pouvoir compter sur eux. »
Le rôle des universités
Evidemment, il faut que les universités jouent aussi le jeu « Il faut que les maitres de stages soient positifs et ne les sanctionnent pas en leur disant de refaire les mois de stage qu’ils n’ont pas fait. Il convient de valoriser cette période particulière. Les hôpitaux devront aussi pouvoir remettre ce personnel sur la facture covid... en tout cas sur la partie non financée. »
Une vingtaine de médecins assistants
Si un accord est trouvé, concrètement, il estime qu’à Bouge, cela « pourrait libérer une vingtaine de médecins assistants. Si d’autres hôpitaux ont la même réflexion et que des accords sont trouvés, cela pourrait permettre le renfort, pour les services, de centaines de médecins assistants. Cela peut donc avoir un impact important. »
Déjà le cas au CHU de Namur
De son côté, Benoît Libert, directeur général du CHU UCL Namur (Dinant-Godinne Sainte-Elisabeth) rappelle que « c’est quelque chose que l’on fait déjà et que l’on avait fait dans la première vague. Les médecins assistants doivent être en pleine sécurité. On a déjà beaucoup de médecins assistants qui s’investissent aujourd’hui en unité covid ou dans les autres unités. Cela se fait sur base volontaire. L’hôpital les prend en charge. Ces assistants que l’on met dans les unités covid devraient évidemment être financés par la santé publique. »
Pour le Dr Giovanni Briganti, président du Cimacs (Comité Inter-Universitaire des médecins assistants candidats spécialistes), cette initiative doit « surtout concerner les jeunes médecins qui n’ont pas eu de spécialisations et qui se trouvent sur le statut triple 000. Par ailleurs, ils doivent être volontaires et avoir une bonne rémunération surtout des heures supplémentaires. »