La Belgique en retard dans l'inclusion des personnes handicapées, selon Unia et le BDF

La Belgique a pris du retard dans l'inclusion des personnes handicapées, estiment Unia et le Belgium Disability Forum (BDF) dans leurs rapports respectifs adressés à l'ONU. Les Nations unies passent en effet au crible dès ce jeudi, par le biais du Comité des droits des personnes handicapées, l'action du Plat pays en la matière. Le Comité UNCRPD se base, pour son évaluation, sur les rapports des autorités belges mais aussi ceux "parallèles" et "alternatifs" établis par Unia et des acteurs de terrain, comme le BDF.

Dans leurs rapports, l'organisation pour l'égalité des chances Unia, qui est chargée du suivi de la Convention en Belgique depuis 2011, et le BDF rel&egra ve;vent les retards enregistrés au cours de ces dernières années. Tous deux pointent par exemple le manque d'accessibilité aux bâtiments, aux espaces et aux transports publics, mais aussi aux médias et aux sites internet. Ils soulignent aussi qu'en cas de situation d'urgence, la Belgique n'est pas encore dotée d'un plan de gestion de crises qui tient compte des personnes handicapées. 

Selon Unia et le BDF, les alternatives aux logements et équipements collectifs sont encore trop peu nombreuses. Ils notent encore que les moyens destinés au financement des besoins spécifiques des élèves en situation de handicap sont largement affectés à l'enseignement spécialisé, de sorte que les parents n'ont souvent pas le choix de la filière d'enseignement pour leur enfant. Au niveau de l'emploi, les financements publics sont, eux aussi, majoritairement dirigés vers les entreprises de travail adapté et trop peu de moyens sont affectés au soutien en emploi dans le milieu ordinaire, ajoutent-ils. 

Unia et le BDF mettent enfin en avant les difficultés que rencontrent les personnes handicapées dans la participation citoyenne, notamment pour l'exercice du droit de vote.

Tandis que l'organisation pour l'égalité des chances formule 87 recommandations, l'ASBL qui regroupe une vingtaine d'organisations belges représentatives des personnes en situation de handicap en émet 108. Elles plaident notamment pour que toute nouvelle initiative intègre d'emblée la dimension du handicap (principe du handistreaming).

Unia salue en revanche le Plan d'action fédéral Handicap, feuille de route visant à éliminer progressivement les obstacles que rencontrent les personnes en situation de handicap. Selon l'organisation, un autre progrès notable est l'insertion de l'article 22ter dans la Constitution belge, qui établit que "chaque personne en situation de handicap a le droit à une pleine inclusion dans la société, y compris le droit à des aménagements raisonnables".

Cette évaluation se déroule dans le cadre de la Convention des Nations unies relative aux droits de la personne handicapée que notre pays a ratifiée en 2009. La première évaluation de la Belgique a eu lieu en 2014. La seconde a débuté en 2019 et se terminera en septembre prochain. Le Comité UNCRPD transmettra ensuite, à l'automne, une série de recommandations à l'État belge pour l'aider à progresser efficacement vers une société inclusive pour les personnes en situation de handicap.

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    23 aout 2024

    Il y a beaucoup à améliorer... Qcq exemples :

    - c'est absurde d'avoir strictement limité le nombre d'emploi dans les ETA (enveloppe budgétaire fermée), alors qu'une personne handicapée supplémentaire qui travaille revient globalement moins cher à la collectivité qu'une personne qui reste inactive et perçoit ses allocations sociale !
    Utiliser des enveloppes fermées, dans ce cas, c'est inadmissible et absurde : c'est une perte financière et surtout humaine !
    - exemple vécu dans mon entreprise : une personne avec un handicap visuel partiel était évaluée négativement par rapport à son travail.
    Son salaire était déjà partiellement subsidié vu le handicap : son dossier avait donc déjà été traité par des professionnels en la matière...
    En tant que co-évaluateur, j'ai demandé de suspendre l'évaluation, et en parallèle j'ai initié la démarche de demande à l'AWIPH pour l'adaptation du poste de travail.
    Il s'agissait de l'achat d'une loupe électronique avec écran large pour permettre l'affichage de documents entiers, en lieu et place de l'outil existant de lecture mot par mot, qui engendrait trop de fatigue visuelle et intellectuelle, empêchant toute synthèse suffisante pour le travail à réaliser.
    Alors que la nécessité d'un tel matériel était évidente, sans aucun doute possible, et qu'il possédait déjà un dossier, l'adaptation du poste de travail a cependant mis plus d'un an à se finaliser...
    Le résultat a pourtant surpris tout le monde : l'intéressé est devenu cadre et gère maintenant une équipe dans son entreprise ...
    La leçon à tirer est que cette démarche aurait du être initiée dès son engagement par les RH, l'encadrement, et les intervenants AWIPH, et qu'il a eu la chance de tomber sur une personne sensibilisée aux aides techniques !
    Un travail systématique de sensibilisation doit être entrepris, encore que détecter ce type de problème relève du simple bon sens !
    - l'adoption d'une signalisation symbolique (handicaps mentaux / illettrisme) partout où elle est possible (espace public et privé) devrait être systématique, d'autant plus qu'elle est utile à tout le monde...
    - placer des rampes en lieu et place des escaliers (quand c'est possible), prévoir systématiquement des portes de 90 cm de large (passage 83 cm) dans les entreprises, les logements et les communs, des ascenseurs et des WC avec un espace de manoeuvre de 1,5m min, abaisser les bordures aux accès des passages pour piétons : ces aménagements facilitent la vie de tout le monde et pas seulement aux fauteuils roulants. C'est vraiment trop demander à nos architectes ?

    Il est urgent d'inclure ces réflexes professionnels dans les études d'architecture, de RH et de management. Merci à la revue Le Spécialiste d'avoir évoqué ce débat, qui n'est pas clos...