Faut-il introduire les soins palliatifs dans les services de soins intensifs ?

Depuis février 2023, sur le site Meuse du CHRSM, le Dr France Lemaitre et une équipe d’infirmières et de psychologues ont intégré de façon systématique les soins palliatifs dans le service des soins intensifs de l’hôpital. Lors du récent symposium USI-Urgences, le Dr Lemaitre, Catherine Bielmair et Agnès Pire ont partagé cette démarche, jugée concluante tant par les médecins que par les infirmières et kinésithérapeutes.

En introduction, le Dr Lemaitre a présenté lors de son intervention les barrières qui limitent l’implémentation des soins palliatifs en soins intensifs.
Les intensivistes ne sont pas toujours conscients des besoins en soins palliatifs des patients en USI. Ces besoins en soins palliatifs sont souvent dépistés de façon insuffisante.
Elle pointe également la difficulté de communiquer adéquatement et au bon moment avec les familles, le manque d’implication des médecins intensivistes dans les soins palliatifs, leur manque de formation en la matière, l’indisponibilité de l’équipe palliative, ainsi que le manque de temps et le coût de la formation des soignants aux soins palliatifs. À ces différents facteurs s’ajoute une mauvaise compréhension par les différents intervenants (patients, familles, soignants) de ce que sont les soins palliatifs.
L’intensiviste souligne également les risques liés à l’implémentation des soins palliatifs en USI. « Cette approche peut augmenter le risque de stress post-traumatique des familles lorsque l’on parle du pronostic des patients. Par ailleurs, compte tenu de la sévérité des pathologies, l’identification et l’analyse des erreurs médicales pourraient être plus difficiles. »

Tour palliatif

Au CHRSM, site Meuse, un tour et une discussion pluridisciplinaire de soins palliatifs sont organisés chaque semaine en soins intensifs depuis février 2023. Un cahier de liaison est mis à disposition des différents intervenants.
Selon les promoteurs de cette approche, avoir une démarche palliative en soins intensifs permet de privilégier un travail en interdisciplinarité où le patient est mis au centre des soins, en tenant compte de ses besoins au niveau physique, relationnel, psychologique, moral, social et spirituel.
Les résultats d’une enquête de satisfaction réalisée quatre mois et un an après le lancement de ce projet auprès des médecins, infirmières et kinésithérapeutes révèlent que cette démarche est positive. Les participants estiment qu’il y a une amélioration de la communication et de la collaboration interdisciplinaire et interpersonnelle depuis la mise en place de cette initiative. Cette approche facilite également le contact avec le patient et ses proches et permet de réduire certaines tensions. Elle diminue aussi le stress des soignants.
« Ce tour palliatif permet d’améliorer le bien-être des équipes soignantes par une meilleure communication et une diminution de la perte de sens », commente le Dr Lemaitre. « Il contribue probablement à la prévention du burn-out. Cette démarche a également permis de proposer une échelle PICT adaptée aux soins intensifs et simple d’utilisation. Elle permet d’améliorer la prise en charge des patients par une approche pluri et interdisciplinaire et d’initier un projet thérapeutique de façon plus précoce. En outre, cette approche évite les traitements déraisonnables ou futiles. Les familles sont impliquées de manière plus précoce, sensibilisées à la situation du patient et soutenues. Notre objectif futur est de proposer cette approche dans d’autres services de soins intensifs. »

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