Des dispositifs essentiels gravement menacés à Bruxelles, alertent 360 associations

Tandis que les négociations pour former un gouvernement s'éternisent en Région bruxelloise, la continuité de dispositifs essentiels dans la capitale est gravement menacée, s'inquiètent mardi 360 associations du secteur non marchand dans une carte blanche. Elles dénoncent ainsi l'absence de perspectives qui entourent le financement d'une part importante de leurs actions dès le 1er janvier prochain et appellent les autorités bruxelloises à éviter à la population "de payer les conséquences de (leur) inaction".

Le front commun syndical bruxellois a appuyé ce message, demandant à rencontrer au plus vite les ministres compétents des secteurs concernés ainsi que le ministre-président Rudi Vervoort (PS). Faute de garantie d'ici la fin de l'année concernant ces subventions dites "facultatives", dont bénéficient nombre d'associations signataires, de nombreuses missions de service public seront réduites ou arrêtées, avec un impact direct sur les emplois, les bénéficiaires et leurs familles mais aussi sur la création de richesse au sein de la Région bruxelloise, alertent-elles.

"Dans un contexte de paupérisation accrue et de multiplication des situations de détresse sociale, Bruxelles doit prendre ses responsabilités de toute urgence et doit assurer la pérennité des activités fondamentales assumées par le secteur non marchand", exhortent les signataires de la carte blanche.

Depuis le 9 juin, les différentes organisations et entreprises non marchandes soutenues par des subsides sont suspendues au rythme "d'interminables négociations" en vue de la formation du prochain gouvernement, déplorent-elles. Outre les personnes employées grâce aux financements, il y a aussi plusieurs centaines de milliers de bénéficiaires de l'aide et du soin dont l'accompagnement est abandonné à l'incertitude, regrettent ces associations.

Si aucune décision n'est prise maintenant pour sécuriser ces financements au-delà du 31 décembre, "c'est un désastre social qui s'annonce" et qui affectera en particulier les personnes les plus vulnérables, affirment les signataires. Ceux-ci s'inquiètent également du risque de fermeture de places d'hébergement et d'accueil pour les personnes sans-abri dans les centres bénéficiant de financements de la Région bruxelloise.

Une multitude de services d'aide à la personne seront aussi suspendus, préviennent les associations. "Avec, en corollaire, des effets de transferts d'un service à l'autre ou vers les familles, la dégradation de la santé et des conditions de vie des personnes les plus démunies, une augmentation des risques de désaffiliation sociale, des pertes d'emploi. Et donc des coûts futurs nettement plus importants à charge du budget régional. Déjà lourdement mis sous pression, c'est le fonctionnement du secteur non marchand dans sa globalité qui est immédiatement menacé", estiment les 360 organisations.

"Le non marchand n'est pas un luxe, il est indispensable", insistent-elles encore, rappelant le rôle central que le secteur a joué durant la crise du Covid-19.

Les signataires demandent donc aux autorités bruxelloises d'entendre leur appel et de préserver l'offre de services des dispositifs existants. Elles préconisent de mettre en place rapidement un cadre temporaire autorisant la prolongation et le versement dès janvier 2025 des financements actuels jusqu'à la conclusion du budget du nouvel exécutif. Elles souhaitent également leur maintien dans le cadre du budget 2025. "Il s'agit d'éviter à la population de payer les conséquences immédiates et catastrophiques de la situation actuelle d'affaires courantes. Il n'y a plus une seconde à perdre", concluent les organisations.

Parmi elles, on retrouve la plateforme citoyenne BelRefugees, l'ASBL Bruss'help, le syndicat CGSLB, le CHU Saint-Pierre, GIBBIS (qui représente les institutions de soins bruxelloises), l'association Infirmiers de rue, InforJeunes Bruxelles, la Ligue des familles, la LUSS (fédération francophone des associations de patients et de proches), Médecins du Monde, les Mutualités chrétiennes, Solidaris (mutualité socialiste) ou encore le Samusocial.

On peut également citer l'Unessa (fédération de structures de l'associatif actives dans l'accueil, l'accompagnement, l'aide et les soins aux personnes), le Syndicat des locataires, l'ASBL Univers Santé (qui promeut la santé en milieu jeune et étudiant), le Secrétariat général de l'enseignement catholique (SeGEC), ainsi que très nombreux centres médicaux ou de planning familial, des représentants de communes et de CPAS, et de multiples associations et centres actifs dans la santé.

Dans un communiqué en front commun, les syndicats bruxellois ont appuyé cette carte blanche et ses constats pour les secteurs de l'adulte en difficulté, des personnes précarisées et des migrants.

"L'incertitude concernant les possibilités d'accueil, les missions s'y rattachant et la pérennité d'un très grand nombre d'emplois dans le secteur est énorme et grandissante", dénoncent la CGSLB, la CNE et le Setca-FGTB. Les trois syndicats évoquent les près de 1.000 places d'accueil en Région bruxelloise et des centaines d'emplois pour les travailleurs qui s'en occupent au quotidien.

"Les répercussions de cette situation se feront directement ressentir sur les autres services, dont les services d'accueil d'urgence, dans l'espace public avec une augmentation de la précarité immédiatement visible par les citoyens", redoute le front commun.

Il demande donc à être entendu "de manière extrêmement pressante" par les ministres compétents des secteurs concernés, ainsi que par le cabinet du ministre-président Rudi Vervoort (PS). "Nous n'hésiterons pas à mobiliser le secteur pour venir à vous, si vous ne deviez pas faire suite à notre courrier", mettent en garde les syndicats dans une lettre adressée à Rudi Vervoort et Alain Maron (Ecolo), le ministre bruxellois de la Santé et de l'Action sociale.

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