Chirurgie bariatrique : L'INAMI, le SPF Santé publique et l'AFMPS s’associent pour auditer les hôpitaux et proposer des améliorations

Les hôpitaux qui effectuent des opérations bariatriques ont fait l'objet d'un audit. Le rapport d'audit révèle de nettes différences entre les établissements. Il formule des recommandations pour améliorer la qualité des soins aux patients tout en utilisant mieux les moyens financiers disponibles.De son côté le KCE met la dernière main à un de nouveaux Guidelines pour fin mars. Une communication commune n'aurait-elle pas été plus efficace ?

Selon l'Inami "cet audit-ci marque le départ d’une nouvelle approche qui voit l'INAMI, le SPF Santé publique et l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé conjuguer leurs efforts pour obtenir un monitoring plus efficace"

97 hôpitaux audités

L'audit se voulait ambitieux : il a d’abord porté sur l’analyse des données de 97 hôpitaux ayant pratiqué des opérations bariatriques en 2016. Ces données ont ensuite été étudiées sur place, dans 19 hôpitaux, notamment pour vérifier si elles correspondaient à la réalité de terrain et pour mieux comprendre ce travail de terrain.

Principaux constats

  • En ce qui concerne les opérations bariatriques, un hôpital n'est pas l'autre :

-        Pour une même indication, les hôpitaux n'optent pas toujours pour la même opération.

-        Le parcours du patient avant l'intervention varie en ce qui concerne la consultation médicale et paramédicale, les examens techniques et la documentation sur le régime suivi.

-        Le suivi après la sortie de l'hôpital varie lui aussi, en termes de consultations chez les dispensateurs de soins, de fréquence et de durée.

  • En général, les hôpitaux obtiennent de bons résultats pour des éléments comme la lettre de sortie et le codage des diagnostics principaux et secondaires. Mais l’audit relève aussi des résultats négatifs surprenants, et qui pourraient être améliorés.
  • En général, les hôpitaux obtiennent des résultats moyens pour des éléments tels que la présence d'un registre, d'un rapport multidisciplinaire et de documentation sur le régime suivi. Cela pourrait s’expliquer par une réglementation améliorable en la matière.
  • La comparaison des données des hôpitaux met en lumière d'autres éléments :

-        Certains hôpitaux n'attestent pas les opérations bariatriques en tant que telles mais en tant qu’autres interventions médicales.

-        Il existe de très fortes différences entre hôpitaux quant aux codes de remboursement supplémentaires. Par exemple, le fait d’attester une pompe d'analgésie varie fortement, entre 37 hôpitaux qui ne les attestent jamais et d'autres qui les attestent presque systématiquement.

-          Il existe aussi des différences dans les soins infirmiers dispensés dans le cadre de la chirurgie bariatrique.

Principales recommandations

  • Offrir au patient un « trajet de soins » de qualité, c’est-à-dire un trajet multidisciplinaire (en y associant par exemple le médecin généraliste), tant à l’hôpital qu'en dehors. Mettre l'accent sur le suivi à long terme.
  • Responsabiliser le patient : il a un rôle crucial à jouer dans le traitement de son obésité via un régime, des exercices physiques, un mode de vie adapté, etc. En fonction du trajet suivi, un remboursement peut s’envisager pour les soins qui ne sont pas remboursés actuellement (intervention d'un diététicien, par exemple).
  • Standardiser les examens et les consultations pré- et postopératoires.
  • Adapter la nomenclature des prestations de santé pour l'obésité sur base des techniques et des connaissances médicales actuelles.
  • Adapter, dans la législation, les éléments qui peuvent entraîner une perte de qualité des processus de santé, des abus ou une surconsommation médicale. Par exemple, la législation évoque un régime alimentaire documenté d’un an, mais ne donne aucune autre précision.
  • Créer un registre électronique national uniforme contenant toutes les opérations bariatriques effectuées. Une source d'information précieuse est le dossier informatisé du patient.
  • Récompenser les hôpitaux qui ont déjà développé eux-mêmes de bonnes pratiques.
  • Assurer le suivi des hôpitaux qui obtiennent de moins bons résultats.

Feed-back complet aux hôpitaux

Les 97 hôpitaux vont recevoir un rapport complet mais anonymisé de l'audit. Ce rapport porte tant sur les données pures que sur les données récoltées lors des visites sur le terrain. Ce sera alors à eux de jouer... Le rapport d'audit doit aider les hôpitaux à améliorer, si besoin, leurs traitements de l'obésité tout au long du trajet de soins pour les rendre plus efficaces et à les mettre en conformité avec la législation.

Une collaboration entre l'INAMI, le SPF Santé publique, l'AFMPS… et les hôpitaux

Ce rapport d'audit est la première réalisation de l’Unité Audit des hôpitaux, gérée conjointement par l'INAMI, le SPF Santé publique et l'AFMPS. Ces 3 institutions unissent leurs compétences fédérales dans ce domaine, partagent leur expertise et leurs bases de données. Pour tous les hôpitaux, elles lient les données relatives au diagnostic et au traitement aux données de facturation. En adoptant cette nouvelle approche commune, les autorités fédérales cherchent à mieux monitorer les hôpitaux.

Par cet audit, elles tendent un miroir aux hôpitaux leur permettant d’avoir un reflet complémentaire de leur façon de travailler. Voilà le point de départ d’une collaboration entre les médecins, les hôpitaux et les pouvoirs publics en vue d'une amélioration continue.  Pour l'Inami "Ces audits sont donc avant tout tournés vers l’avenir, plutôt que vers la sanction d’actes passés."

> Découvrez le rapport complet et son abstract 

Deux autres audits sont déjà prévus, portant sur :

  • une première analyse de l’impact du nouveau système de « soins à basse variabilité »
  • l’imagerie médicale lourde.

 

 

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