La décision du gouvernement de diminuer le remboursement des antibiotiques par l'assurance maladie n'a eu aucun effet sur la consommation d'antibiotiques, alors que c'était l'objectif annoncé, pointe Solidaris, l'Union nationale des mutualités socialistes. La Belgique reste l'un des leaders en matière de consommation d'antibiotiques bien que les chiffres attestent d'une très légère diminution du nombre de prescriptions (-0,7% en 2017 par rapport à 2016).
Depuis le 1er mai 2017, le patient paie de sa poche 50% des frais pour ses antibiotiques quel que soit son statut, contre 25% auparavant pour les bénéficiaires ordinaires et 15% pour les patients bénéficiant de l'intervention majoré e (BIM) en raison de leur situation socio-économique précaire.
«Les économies réalisées par l'assurance maladie ont été faites sur le dos du patient: sa facture pour les antibiotiques a augmenté en moyenne de plus de 85% entre 2016 et 2017», dénonce Solidaris, qui a analysé l'évolution de la consommation d'antibiotiques de 2009 à 2017 ainsi que l'impact des politiques menées en la matière.
«Cette hausse touche particulièrement les patients les plus vulnérables: leur facture annuelle a plus que doublé pour atteindre près de 50 euros en 2017 contre un peu plus de 20 euros en 2016», renchérit l'Union nationale des mutualités socialistes.
Au vu des ces constats, Solidaris appelle à supprimer cette pénalisation financière des patients et à renforcer en priorité les mesures de sensibilisation de la population et de soutien des prescripteurs. «Des mesures contraignantes responsabilisant les plus gros prescripteurs doivent donc s'envisager dans un second temps, lorsque les mesures de sensibilisation n'ont pas fonctionné», conclut-elle.
Du côté du cabinet de la ministre de la Santé publique Maggie De Block, on nuance. «Pour la première fois, la consommation a diminué alors qu'elle était chaque année en augmentation. Mais un retard historique doit être résorbé. Les prix plus élevés des antibiotiques font partie d'une stratégie plus large pour limiter leur usage», souligne la porte-parole de la ministre Open VLD.
Cette dernière insiste encore sur les mesures prises en ce qui concerne la justification de la prescription de quinolones, à savoir des antibiotiques à large spectre prescrits partout dans le monde, qui présentent un risque d'émergence de résistance en cas d'utilisation massive. «Cela a donné de bons résultats car leur utilisation a diminué», note Audrey Dorigo.