Vous avez probablement entendu parler des négociations des médecins en formation pour une amélioration de leurs conditions de travail et que ces tractations face aux décideurs n’étaient pas évidentes, on leur propose le pire de ce qui est appliqué actuellement dans certains hôpitaux. Et pourtant, il y a toujours des résistances majeures. Or je pense qu’il s’agit de notre devoir, et même d’une obligation morale, que de se soutenir ces jeunes médecins spécialistes en formation, les MACS.
Pourtant leurs revendications ne sont pas extravagantes et plutôt légitimes : paiement des heures de garde, prise en compte des heures supplémentaires, droit à récupérer après une garde et à limiter le nombre d’heures par semaine entre autres.
Plutôt étonnant en fait qu’en 2021, il faille encore se battre pour ces droits fondamentaux. Surtout dans un métier qui est censé être préoccupé par le soin et l’humain.
Et pourtant, il y a toujours des résistances majeures. Or je pense qu’il s’agit de notre devoir, et même d’une obligation morale, que de se soutenir ces jeunes médecins spécialistes en formation, les MACS.
D’abord parce que nous sommes tous des citoyens et donc des malades en puissance. Si un jour je dois voir un médecin spécialiste, j’aurai probablement mal et peur. J’aurai envie d’être face à quelqu’un qui me semble clair d’esprit, bien disposé, pas épuisé, qui pourra répondre à mes questions et assurer la prise en charge la meilleure possible.
J’ai cette idée qu’un médecin est aussi un exemple, de par sa posture et ce qu’il incarne. Quel crédit accorderai-je a un médecin qui me dit de me reposer et de diminuer les sources de stress si je vois sa mine de déterré et des cernes qui lui tombent jusqu’au sol?
Leurs demandes sont légitimes, et en tant que citoyens nous nous devons de les soutenir, tout simplement parce que c’est également notre intérêt.
En tant que médecins également, nous avons tout à y gagner. Même ceux qui se disent « mais de mon temps, on travaillait encore plus et on ne se plaignait pas ».
Je crois que c’est le moment de voir l’extraordinaire opportunité que ce vent de révolte et de fraîcheur est pour l’entièreté du corps médical.
D’abord, ce qu’ils veulent, ça va dans le sens d’une amélioration, et déjà rien que ça c’est bénéfique.
Oui, on peut vouloir une formation de qualité et garder sa santé mentale et sa forme physique.
Toutes les études le disent, un cerveau reposé apprend mieux et plus vite qu’un cerveau fatigué et stressé ! Donc, même les neurosciences soutiennent les MACS.
On peut avoir une vocation professionnelle et une vie privée. On peut adorer être médecin et prendre plaisir à se déconnecter et prendre des vacances. C’est compatible et même mieux: c’est souhaitable.
Mais il y a une donnée supplémentaire. Nous avons eu l’habitude, en tant que médecins, de subir la pression, la fatigue, les économies dans les soins de santé, la surcharge administrative... Trop fatigués, trop débordés, trop soumis que nous sommes, nous avons toujours courbé le dos et continué à donner ce que nous pouvions, dans une certaine abnégation pour certains.
Après avoir accouché de générations entières de moutons de Panurge, la médecine produit enfin une génération de jeunes réveillés et prêts, collectivement, à se donner les moyens pour se faire entendre et apporter des améliorations à leur formation, à leur pratique et à leur vie. La bonne nouvelle, c’est que quand ils seront diplômés, les conditions de travail pour lesquelles ils continueront à se battre, ce seront les nôtres également. Nous avons grand besoin de cette génération disruptive et éveillée, de ces médecins qui reprennent leur pouvoir.
D’ailleurs le ministre Van Den Broucke a parlé en leur faveur aujourd’hui, ce qui montre que collectivement, on est plus forts et que le momentum est là.
Merci à ces médecins qui osent prendre leur place. On est avec vous, moi je le suis en tous cas, et je sais ne pas être la seule !
Lire aussi: "Les conditions des médecins spécialistes en formation doivent s'améliorer" (Vandenbroucke)
Oui ça doit changé et pas de rustine, pas de compromis à la belge une vrai réforme en profondeur. J espère que l absym soutiendra mon texte qui est basé sur le droit commun et le règlement du chu de liege tout en permettant une flexibilité indispensable à la profession.
— Géraldine Chartier (@GeChartier) April 30, 2021
Mais à quel moment les hôpitaux vont arrêter de se moquer de vous ??
— Nathalie Schirvel ???????? (@NatSchirvel) May 3, 2021
Et ce réveil surjoué dénonçant un "esclavagisme" de l'absym, c'est ridicule.
On sait tous que moins d'heures pour les Macs c'est plus d'heures pour les autres (surtout la nuit)...ça doit faire grincer
Tout changement provoque des résistances partout, c normal, notre cerveau veut nous protéger en voulant tout laisser à l’identique, mais parfois il faut oser réinventer et prendre ses responsabilités et sa part de changement , crois-je
— depuydt caroline???????? (@DepuydtCaroline) May 3, 2021
N'oubliez pas d'associer à vos exigences une formation de qualité, donc la réduction drastique des tâches administratives.
— jacques de Toeuf (@j_detoeuf) May 2, 2021
Absolument, je le dis à tous ceux qui veulent l’entendre qu’il faut remettre la qualité de formation au centre des discussions.
— Rémi Florquin (@remi_florquin) May 2, 2021
La où les syndicats ont une responsabilité importante, c’est dans la planification de la pénurie dont les conséquences se répercute sur les MACCS où il faut faire plus, avec moins de médecins. Il faut changer ce fusil d’épaule car respecter les horaires implique assez de MACCS.
— Jerome R. Lechien, MD, PhD, MS (@JeromeLechien) May 3, 2021
"respecter les horaires implique assez de maccs" : les maccs sont là pour apprendre et pas pour garantir la continuité des soins à bas prix. C'est ce biais de raisonnement qui nous a mené là où nous sommes.
— Philippe Devos (@drphildevos) May 3, 2021
Derniers commentaires
Marc BEAUDUIN
03 mai 2021N’oublions pas que certes le Candidat Specialiste participe aux activités médico hospitalières et que la charge de travail varie en fonction du type de spécialité mais qu’il est surtout en stage pour apprendre sa spécialité par un environnement clinique et scientifique assuré par le maître de stage . Il doit bénéficier d’une couverte sociale en se rappelant qu’il n’est pas indépendant le plus souvent! Il est temps aussi que les quota par spécialité soit enfin précisé afin d’assurer une « couverture » des soins en communauté française et d’éviter des zones de carence de certaines spécialités....pour les patients !
Vincent Gilliaux
03 mai 2021Bravo pour ce partage.
Il est temps que l'humanisme reprenne sa place dans une société où il se perd... Pour des questions d'ego et d'économie, essentiellement...
Merci à ces jeunes qui prennent leurs responsabilités.
Bravo à eux et merci Dr Depuydt pour le soutien explicite.