Il y a deux jours est apparu sur Twitter un tag censé dénoncer les erreurs médicales : #BalanceTonMedecin. Chacun peut, en faisant référence à ce tag, y raconter une expérience déplaisante vécue lors d’un contact, récent ou très lointain, avec le corps médical.
Donc je fais 12 ans d’études, je néglige mes heures de sommeil, mon hygiène de vie, ma vie privée et ma santé mentale (parfois) pour celle d’autrui et quand après 10h de boulot, je prends une pause et vais voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux, je tombe sur sur #BalanceTonMedecin... Vous me direz, pourquoi aller sur Twitter, ça devient du masochisme! j’en conviens... mais c’est aussi là qu’on prend le pouls d’une certaine pensée sociale de masse, et ça fait peur. Ce tag a deux niveaux d’indignité, celui de salir la profession de celles et ceux qui tous les jours tentent d’apporter un soin de qualité à chacun et celui de banaliser le mouvement “metoo” qui dénonce lui harcèlement, agressions et viols. Où l’on voit comment le net devient un tribunal 2.0, un défouloir de la haine où se mêlent pratiques médicales et sentiment d’être ostracisés, racisés, victimisés, discriminés en raison de son origine ethnique, de sa religion, de son sexe, de son allure physique.
Quelques exemples de ce qui est dénoncé, “quand j’avais 9-10 on m’a diagnostiqué la gale, on m’a donné une crème qui donne une sensation de brûlure sur la peau...tout ça parce que les médecins ont décidé que j’étais sale...en fait j’étais allergique à l’adoucissant” “quand j’avais 5 ans, mon docteur m’a demandé comment j’avais vécu mon adoption parce que j’y avait été avec mon papa blanc (je suis métisse)...Sans au préalable se questionner sur le fait de savoir si c’était le cas ou même si j’étais au courant.” “Le médecin me conseille de maigrir car, je cite, si vous perdiez 50 kgs sur mes 260, ça nous éviterait d’avoir à abattre des cloisons à chacun de vos infarctus.” “Appendicite à un stade avancé. Aller aux urgences pendant 3 semaines, médecins, infirmières et gynécologues me disant “c’est rien, c’est juste les règles.”
y a-t-il des erreurs médicales? Oui. Y a-t-il des errements dans les diagnostics? Oui. Peut-on guérir toutes les maladies? Non. A-t-on une obligation de moyens? Oui. A-t-on une obligation de résultats? Non. Existe-t-il des médecins fatigués, maladroits voire même parfois racistes? Oui. Est-ce acceptable ? Non. Faut-il en faire une généralité? Non.
Heureusement, ce tag semble aussi être l’occasion de l’apparition d’un #RemercieTonMedecin, avec des messages de soutien à ce “médecin qui m’a sauvé la vie”, à “ma généraliste qui est une femme incroyable, qui bosse 10h/jour et va voir les personnes âgées à domicile pour 25 euros la consultation”, “merci à ceux qui se battent tous les jours pour sauver, aider, soulager, écouter les patients”, “soutien aux médecins, à tous les soignants, qui chaque jour passent leur vie à prendre soin de celle des autres” ; “Ce qui fait la grandeur de nos médecins c’est qu’ils n’hésiteront jamais à soigner les idiot(e)s qui se cachent derrière ce hashtag abject.” “Tous les jours des médecins sauvent des vies et se battent pour maintenir notre système de santé et nos hôpitaux à bout de souffle, mais sur Twitter, certains préfèrent pestiférer et cracher sur l’ensemble d’une profession en s’attardant sur des cas isolés.”
Mon avis: le bashing médical est devenu un recours facile, rapide aux plus hauts niveaux de décisions politiques pour expliquer les défaillances du système de santé, certains politiques et mutuelles semblent parfois être en campagne pour dénoncer suppléments d’honoraires, « mauvaises » pratiques médicales, manque de concertation, tout en abrutissant les médecins de toujours plus de consignes et d’obligations.
Du coup, cela libère la parole, légitimise la haine, aux autres niveaux, celui du citoyen lambda qui prend exemple. Remettons un peu de dignité, un peu de reconnaissance, un peu de #RemercieTonMedecin dans les médias et les discussions politiques pour changer et voyons ce que ça donne.
> Le débat se poursuit sur twitter avec Le Spécialiste et Medi-Sphère
Étudier la médecine, c’est sacrifier :
— Vie De Carabin (@VieDeCarabin) November 5, 2019
-10 ans de sa vie,
-ses loisirs,
-ses amis,
-sa santé,
-...
Pour à la fin tomber sur le #balancetonmedecin de Kévin, 22 ans, qui n’est pas content de ne pas avoir eu son arrêt de travail pour son ongle incarné.
Bande d’ingrats.
Le manque de communication entre le médecin et le patient notamment lié aux conditions de travail est un des facteurs qui peut expliquer la dégradation de la relation m/p qui conduit certains à cracher leur haine sur les réseaux sociaux. https://t.co/c31kaWKK4W
— Lamelyn Quentin (@QuentinLamelyn) November 6, 2019
Derniers commentaires
Stephan SPELEERS
14 novembre 2019Si cela peut vous consoler , j'ai remarqué par hasard que j'ai 100% d'opinions défavorables (sic!) ; En fait il s'agit de
1 sur 1 . De plus, un patient à contrôler (dans le cadre de la médecine de contrôle bien sûr) qui ne s'est même pas
présenté et qui ne me connaît donc pas du tout !!!! Dès lors......
Dr Speleers
Harry DORCHY
08 novembre 2019La liberté profite hélas aussi à ceux qui avancent cachés. Exemple : les islamistes salafistes (mais aussi les frères musulmans) qui, par le truchement de nos lois démocratiques, prônent l’anti-liberté notamment par rapport aux femmes.
L'initiatrice du #MeToo français, Sandra Muller, qui avait lancé le hashtag #balancetonporc, emblématique de la vague de libération de la parole des femmes dénonçant agressions et harcèlements sexuels, a été condamnée mercredi pour avoir diffamé l'homme qu'elle accusait de harcèlement. Celle qui a été l'une des "briseuses de silence" désignées par le magazine Time comme "Personnalités de l'année" 2017, a été condamnée par le tribunal de Paris à payer 15.000 euros de dommages et intérêts au plaignant, Eric Brion, au titre du préjudice moral.
#BalanceTonMedecin conduira à des tweets lancés par des gens frustrés, imbéciles, revendicateurs abscons, etc. Le minimum serait d’obliger twitter à refuser des publications anonymes, des fausses nouvelles, des injures, et de permettre un droit de réponse avant de lancer une critique malveillante injustifiée, traumatisante pour le médecin pointé du doigt sans raison objective.