« Qu’on donne la priorité aux groupes qui risquent de présenter des formes graves de la maladie et de venir le plus emboliser les hôpitaux, cela ne nous parait pas une hérésie. Mais on se met sur les rangs juste après. Car, bien évidemment, nous sommes exposés », commente Christophe Barbut. « Que se passera-t-il si les soignants ne sont plus là pour s’occuper de la population ? »

Le président du Collège de médecine générale ne s’exprime pas en cette qualité (le CMG ne s’est pas penché collectivement sur l’enquête de Medische Wereld), mais pour lui, il n’est pas anormal qu’on « choisisse de vacciner d’abord les gens qui risquent le plus d’arriver à l’hôpital. Le taux d’incidence dans notre profession n’est pas facile à établir. D’après certains chiffres, il serait voisin de celui de la population générale. Mais il est légitime que les gens les plus exposés, dont nous faisons partie, veuillent être vaccinés directement dans un 2ème temps. » 

Cela étant, « l’aspect bloquant du vaccin n’est pas prouvé », ajoute le Dr Barbut, « autrement dit il n’est pas encore démontré qu’un soignant vacciné sera non-transmetteur. Mais a priori, on peut supposer qu’il émettra moins de virus et moins longtemps. »

« On ne remet pas tellement en question l’ordre de vaccination. Par contre, nous sommes inquiets quant à la façon dont la campagne s’organise. La mettre en musique en Belgique, c’est d’un compliqué… » En cause ? « Tout ce qu’on a déjà constaté qui a pu nuire à l’efficacité dans les étapes antérieures - testing, tracing…- :  le mille-feuille institutionnel belge et les enjeux communautaires », répond le Dr Barbut, évoquant des discussions autour de qui sera en charge de quoi, dans quelles structures, qui posera l’acte d’administration du vaccin, sous la supervision de qui, financé par quel niveau de pouvoir etc. etc. 

Le CMG déplorait récemment par communiqué de ne pas être invité aux réflexions de la Task Force Vaccination. A-t-il à présent reçu un carton d’invitation ? « Non, pas pour l’instant. Mais il y a un groupe qui se réunit désormais, présidé par Jan De Maeseneer, de l’UGent, à propos des ‘Risico Patienten’ de la phase 1B, donc les 45-64 à risque. Il faut s’entendre sur la façon de les définir, de les recruter… Et dans ce groupe, le Collège est intégré. » Collège qui continue d’insister pour être impliqué dans la Task Force. 

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