Pour cerner la perception des généralistes vis-à-vis de la vaccination contre le coronavirus, le département universitaire de médecine générale de l’ULB a mené entre mi-janvier et mi-février une enquête en ligne. Medi-Sphere vous livre en primeur ses principaux enseignements, dévoilés ce samedi lors d’un symposium digital .
Composée de questions fermées poussant à se positionner (impossible de choisir une réponse neutre) couplées à du texte libre pour s’expliquer, l’enquête, tout à fait confidentielle, a drainé un demi-millier de participations. Le profil dominant des 490 répondants ? Des diplômés de la promotion 1991, dont un peu plus de la moitié exercent en solo, essentiellement en ville, et sont à plus de 90% allopathes.
Enseignement phare de l’opération : 92% d’entre eux ont l’intention de se faire vacciner contre le covid19, parmi lesquels 84% sont absolument assertifs sur la question. Ce score reflète une évolution dans la réceptivité de la profession au vaccin, si on le compare aux 76% de ‘oui probablement’ et ‘oui certainement’ obtenus par une étude internationale conduite en automne 2020 en Belgique, France et Canada(1).
« Dans les moins de 10% qui ne désirent pas se faire vacciner, on dénombre plusieurs consœurs enceintes et des généralistes immunisés qui ne se jugent plus prioritaires », indique le Pr Goderis, qui vient de présenter les conclusions de l’étude lors du symposium digital de l’AMUB, la crise pandémique, catalyseur.de changement, qui se tenait ce vendredi 26 et samedi 27 février.
Autre constat : ne pas avoir l’intention de se faire vacciner ne signifie pas qu’on est un généraliste antivax. « Même chez les 27 participants – soit 5,5% de l’échantillon – qui ont un discours d’hésitation vaccinale, les arguments ne sont pas nécessairement radicalisés. Ce qu’on remarque surtout, dans le groupe , clairement majoritaire des pro-vaccin, c’est qu’il subsiste énormément de questions, par exemple sur les effets à long terme des vaccins à ARNm. Il y a aussi beaucoup d’avis critiques sur la gestion de la crise et le manque d’implication des généralistes dans les décisions. »
Autre résultat à épingler : la quasi-totalité (97,4%) des généralistes trouvent qu’ils ont un rôle à jouer dans la campagne à venir, y compris, donc, une fraction de ceux qui ne se feront pas inoculer personnellement de vaccin.
46% des généralistes déjà challengés par des arguments antivax
La 3ème question de l’enquête marque le début d’un glissement dans des scores jusque-là très positifs. Elle portait sur la proactivité des généralistes : recommandent-ils activement à la patientèle de se faire vacciner ? Il y a bien un total de 90% de répondants affirmatifs, mais 20% d’entre eux sont déjà plus tièdes. Le glissement se poursuit avec la question ‘Estimez-vous avoir assez d’arguments/ d'informations pour motiver vos patients ?’ On a toujours une prédominance des ‘oui’, à 90%, mais seuls 44% se montrent absolument persuadés.
« Enfin, il apparaît que presque la moitié des participants, 46%, ont déjà été confrontés (par leurs patients, leurs proches, les médias…) à des arguments anti-vaccination auxquels ils ne savaient pas répondre », signale Geert Goderis. L’enquête a permis de relever une trentaine d’objections que les MG n’ont pas su contrer. Toutes ne trahissent pas une position antivax inaltérable. Parfois, il a pu être difficile de répondre à certains doutes parce qu’il y a un réel manque de recul ou d’information univoque.
Les réticences les plus fréquentes concernent la peur des effets secondaires, la sécurité à long terme des produits et la durée de la couverture. Les arguments les plus insolites entendus dans les cabinets sont le risque de devenir stérile, celui d’une modification de l’ADN, la présence de ‘puces 5G’ dans le vaccin, celle d’agents pathogènes à retardement « pour faire mourir les vaccinés afin de réduire le poids des pensions et de la population sur la terre » et le fait que les vaccins « servent juste le lobby pharmaceutique ».
Du temps et de la sérénité
Geert Goderis glisse aux généralistes quelques tuyaux pour accompagner les patients dans leur réflexion sur la vaccination. « Etre proactif sur le sujet, avec un discours adapté à la compréhension du patient, et un contenu cohérent et transparent. S’efforcer que le débat reste serein, ne pas lever les bras au ciel devant des discours antivax ou complotistes. Il faut éviter le conflit ou être dans le jugement. Mieux vaut laisser le temps travailler. Il peut amener un changement d’avis. » Une piste est aussi de motiver par l’exemple, dit-il, en expliquant qu’on se fait vacciner soi-même.
Communiquer
Geert Goderis, prenant l’exemple du cabinet de groupe qu’il dirige dans la région de Charleroi (le « Centre de Santé La Chenevière »), évoque aussi une mission de gestion d’une population de patients, « que le généraliste est capable d’endosser, avec un bon dossier informatisé et des diagnostics bien encodés. C’est par exemple délimiter les patients prioritaires pour le vaccin. »
L’exercice, accompli avec son équipe, a permis de repérer 724 patients de plus de 65 ans et 414 de moins de 65 ans mais à risque. Cela fait 22% des quelque 5.200 DMG gérés par le centre. « La méthode s’applique à d’autres opérations : la vaccination HPV, la recherche de sang dans les selles, le suivi de patients atteints par lede diabètediabétiques… »
Par ailleurs, avec son équipe, il a choisi de faire appel à des technologies de communication modernes « en créant 4 vidéocapsules qui répondent à toute une série de questions que les patients se posent sur le vaccin » (les raisons de se faire vacciner, le mouvement antivax, l’immunité et l’efficacité du vaccin, la rapidité de sa mise au point, l’explication des ARN, etc.).
(1)Verger P, Scronias D, Dauby N, Adedzi KA, Gobert C, Bergeat M, et al. Attitudes of healthcare workers towards COVID-19 vaccination: a survey in France and French-speaking parts of Belgium and Canada, 2020. Eurosurveillance. 2021 Jan 21;26(3).
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Derniers commentaires
Ailean Vergean
01 mars 2021Mensonge absolu. Manipulation éhontée et criminelle....