Les tests rapides de dépistage du covid peuvent rendre des services dans certaines conditions, sans être l’arme absolue, rappelle le Dr Barbut, président du Collège de médecine générale (CMG). Leur utilité est limitée pour pister le variant britannique et, si c’est le gain de temps qu’on vise, le message qui doit dominer est : « appelez votre MG et isolez-vous dès les premiers symptômes ».
Mercredi, Roel Van Giel, président de Domus Medica, nuançait une info parue dans Het Nieuwsblad: il confirmait l’élaboration et la diffusion aux MG d’un ‘plan générique’ avec des recommandations sur le bon usage des tests antigéniques rapides, mais démentait leur utilisation imminente et à large échelle dans les cabinets.
Pour Christophe Barbut (CMG), « les confrères flamands ont été enthousiasmés dès le départ par les tests rapides. De notre côté, nous étions plus réservés – ce qui ne veut pas dire ‘opposés’. Ces tests constituent un outil de plus, mais ne vont pas révolutionner le testing. Il faut savoir sur qui et dans quelles circonstances les employer à bon escient. » Et le MG bruxellois d’évoquer leur sensibilité moindre, en comparaison avec les tests PCR, et donc le risque qu’il y ait « dans la nature un certain nombre de faux négatifs contaminants ». En revanche, ils sont par définition utiles quand il est primordial d’aller vite - « on peut gagner 24 heures » - ou « quand on a devant soi un patient dont on sent bien qu’il n’ira pas se faire tester et qu’on ne le reverra plus ». Le Collège a l’intention de traduire, et d’amender le cas échéant, le plan générique rédigé par Domus.
Le Dr Barbut souligne d’autres aspects de la problématique. Un test rapide ne permet pas, par exemple, de déceler les discordances entre gènes « qui vont vous mettre la puce à l’oreille quant à la présence d’une mutation, justifiant l’envoi de l’échantillon en séquençage pour vérifier la présence d’un variant, britannique notamment. » De plus, puisqu’on parle de gain de temps, « un message qu’il faut faire passer à la population, c’est de ne pas attendre, en cas de symptômes, pour consulter. Actuellement, le délai est encore de 48 heures. Et les gens ne s’isolent pas efficacement dès le début."
A Bruxelles, la Commission communautaire commune a décidé de simplifier la procédure de test pour faciliter le dépistage des personnes symptomatiques au coronavirus et de celles identifiées comme contacts à haut risque. Concrètement, les rendez-vous pour se faire tester pourront désormais être pris sans prescription via la plateforme: https://brussels.testcovid.be.
"On espère que l’on pourra faire du tracing plus rapide en ouvrant cette possibilité. " poursuit le Dr Barbut.
Des membres de la cellule covid du CMG participent aux réflexions de la taskforce testing, qui se rassemblait mercredi soir. « Celle-ci propose, les autorités décident », rappelle notre interlocuteur. Des mesures pourraient être annoncées. « Ce que je peux dire à ce stade, c’est qu’il faut s’attendre à une adaptation de la stratégie de testing, de quarantaine (qui va sans doute devoir être allongée) et de tracing. » Par ailleurs, « les MG devraient être invités à faire preuve d’une vigilance accrue quant aux contaminations dans les familles. Avec la circulation d’un variant plus virulent, ça va très vite, les clusters... »
Le Collège, de son côté, va poursuivre ses efforts d’information des MG. A entendre le Dr Barbut, il va plancher, prochainement, sur une clarification entre les différents tests PCR, « de ceux qui se bornent à indiquer ‘positif’ versus ‘négatif aux ‘triplex’ grâce auxquels on peut présumer la présence d’un variant, et vers lesquels il faudrait, vu le contexte actuel, s’orienter. Les laboratoires de la plateforme fédérale bis, entre autres, permettent cette analyse plus fine. »
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