Alors qu’en France, un médecin a été menacé de décapitation par la fille d'un résident de l'hôpital de Roanne, les hôpitaux de Vivalia en province de Luxembourg, de l’ISPPC à Charleroi ou d’Epicura dans le Hainaut notamment, alertent aussi sur une hausse de l’agressivité contre le personnel.
«Ce comportement vous choque, nous aussi»! Le slogan se veut clair. Trop, c’est trop. Voici un an, le personnel soignant était applaudi sans l’avoir demandé. Aujourd’hui, il est agressé sans l’avoir demandé. Dès l’entrée de l’hôpital, à l’accueil, mais aussi au coeur des services des soins intensifs la situation se tend. Frederic Dubois , directeur de la communication de l’ISPPC à Charleroi, se veut clair: «Nous avons eu une technicienne de surface dans nos installations de Marie Curie qui a demandé à un patient de se mettre dans la bonne file et elle a pris un coup de pied dans le ventre. Nous avons eu aussi un patient qui a menacé de mort un membre du personnel alors qu’il arrivait aux urgences.» Parmi les problèmes qui augmentent cette agressivité, l’interdiction des visites provoque de fortes tensions: «Les soignants aussi veulent que les consultations et les visites reprennent, mais ce n’est pas possible actuellement.»
Au centre de santé des Fagnes, l’hôpital de Chimay, des problèmes sont survenus à l’accueil: «Agressivité et insultes sont quotidiennes pour l'équipe en charge de l'accueil à l'entrée de l'hôpital. Un chauffeur SMUR est, de plus, en incapacité de travail pour plusieurs mois. C’est pour cela que nous avons voulu réagir et que nous avons décidé de lancer une campagne de sensibilisation contre les violences à travers trois capsules vidéos. Elles ont été tournées avec la participation des comédiens du Petit Théâtre de la Ruelle de Lodelinsart, afin de mettre à l’honneur le secteur culturel, lui aussi frappé rudement par la crise sanitaire» ajoute M. Dubois
Maternité sous tension
Chez Vivalia, le même constat est tiré: «Nos infirmières sont souvent confrontées à une agressivité à cause de l’interdiction des visites. Outre les violences verbales, nous éprouvons des problèmes notamment avec les fratries lors des visites en maternité. Le personnel est injurié... Le personnel comprend la frustration des gens, mais il ne veut pas se faire injurier.» explique Fabian Namur, le directeur de communication de Vivalia. «Les médecins doivent faire face à des patients qui veulent entrer sans masque. On a un personnel plus fatigué...qui demande du respect.» Du côté de Vivalia, le slogan est clair: «Nous continuons à vous soigner, continuez de nous respecter!» Il ajoute: «Aujourd’hui, nos soins intensifs affichent encore un taux d’occupation inquiétant, la crise joue les prolongations.»
Perte de patience
Les soignants de l'hôpital Epicura, à Hornu témoignent aussi de cette situation. «J'ai vu sur une vidéo Facebook quelqu'un qui se filmait et qui était mécontent du fait qu'on ait interdit une visite trop longue à une personne mourante. Cette personne proférait réellement des menaces à l'encontre de cette institution en disant qu'un jour, il allait nous retrouver. C'est inacceptable», déclare Alda Dalla Valle, infirmière en chef aux soins intensifs, au micro de la RTBF. Pour le Docteur Samuel Esole Yuna, médecin urgentiste, il faut que ces personnes comprennent qui ils ont eux face à eux. "Nous sommes des êtres humains quand même. On aide les gens et on se fait insulter en retour. Cela fait mal.»
Cette situation n’existe pas qu’en Belgique. En France, c'est un médecin qui a été menacé de décapitation récemment... La fille d'un résident de l'hôpital de Roanne (Loire) a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende pour avoir proféré des menaces de mort à l'encontre du médecin du service et lui avoir donné des coups. Une altercation virulente sur fond de Covid.....