Rapport annuel du GBS : Expertise et inventivité se complètent en soins de santé (Dr Donald Claeys)

Le Dr Donald Claeys, secrétaire général du GBS-VBS, vient de dévoiler son rapport annuel pour 2021. Il s’y intéresse avant tout aux soins transmuraux, à l’hôpital de jour et à la concentration des connaissances… mais aussi, évidemment, aux initiatives en cours pour la réforme de la nomenclature et du financement hospitalier. Le GBS souligne aussi son soutien pour les centres extramuros.
À côté d’une bonne connaissance des dossiers, l’inventivité sera indubitablement une notion-clé dans les années décisives qui nous attendent… et, pour son secrétaire général, le « centre d’expertise » qu’est le GBS-VBS est évidemment idéalement placé pour conseiller nos décideurs. Cette inventivité qui incite à l’amélioration est une notion complexe qui n’est pas issue d’une poignée d’individus, mais le résultat de concertations et de remises en question permanentes, souligne le Dr Claeys. « Du choc des idées jaillit la lumière », comme le disait si bien Nicolas Boileau au 17e siècle – une citation tellement riche de sens que les philologues ne sont toujours pas parvenus à lui trouver une traduction satisfaisante dans la langue de Shakespeare.
Les changements multiples qui s’annoncent doivent toutefois avoir pour but d’améliorer la situation existante, pas de « changer pour changer ».
« Les dispensateurs de soins aussi ont droit à une vie bien équilibrée : en contrepartie de leur travail acharné, ils méritent une valorisation sur tous les plans avec une vie de famille normale et un vécu professionnel conforme aux efforts consentis. Au cours de l’année écoulée, on s’est en outre enfin attaqué à la problématique de la qualité de vie des spécialistes en formation. Il était vraiment temps de fixer des statuts », souligne le Dr Claeys au sujet des progrès engrangés au niveau des conditions de travail des médecins spécialistes en formation.
Parmi les autres défis, on peut citer :
Les ressources humaines futures et la vitesse de réaction dans les hôpitaux – deux aspects fortement mis en avant au cours de la pandémie.
Les trajectoires de soins transmurales : soins à domicile lorsque c’est possible, à l’hôpital lorsque c’est nécessaire ou indispensable. Le tout en veillant à la facilitation des trajectoires de soins transmurales par tous les partenaires, en ce compris les acteurs des soins à domicile et le médecin de famille, en fonction de l’intérêt des patients.
La trajectoire de soins oncologique se veut multidisciplinaire par définition. Au cours de l’année écoulée, on a beaucoup réfléchi sur les possibilités d’organiser en partie ces soins de façon transmurale… mais, ici aussi, un cadre réglementaire devra être défini pour le futur.

Que le patient soit ou non guéri, la majorité des QALY se passeront au domicile, dans le cercle familial.
L’hôpital de jour.
Il faut réévaluer l’activité des hôpitaux de jour, en optimisant l’encadrement et l’accessibilité parallèlement à une approche multidisciplinaire. « Dans l’état actuel des choses, certaines prestations sont trop peu réalisées à l’hôpital de jour en raison non pas de leur complexité technique, mais d’un financement dépassé et insuffisant. Le GBS-VBS a soutenu les coupoles hospitalières dans leur demande d’une meilleure intervention dans les coûts. Le financement et l’appréciation de la quasi-totalité des activités de l’hôpital de jour n’ont pas évolué depuis le début du siècle. »
« La seule solution à long terme serait de nous efforcer, en parallèle avec la réforme du financement hospitalier qui se trouve actuellement sur la table, de parvenir à une rémunération adéquate et transparente pour l’établissement de soins et de supprimer les forfaits historiques. La définition même de l’hospitalisation de jour devrait être revue plutôt dans l’optique d’un séjour de moins de 24 heures, suivant le type d’intervention et de patient. » (dans la définition actuelle, on ne parlera d’une hospitalisation de jour qu’en l’absence de nuitée, celle-ci étant associée à un coût accru)
Concentration des connaissances et réseaux
« Personnellement, je ne suis pas convaincu du potentiel d’amélioration d’une concentration de plus en plus poussée des soins en tant que telle. Dans le futur, elle pourrait néanmoins être nécessaire en raison du manque d’expertise découlant de l’érosion de la large base de connaissances en médecine spécialisée et de l’excès de réglementation. »
« Ce qui est certain, par contre, c’est qu’une concentration des connaissances et une spécialisation dans le cadre d’accords de collaboration entre les différentes spécialités concernées – idéalement au sein des réseaux – présente une plus-value indéniable. L’échange de données et de techniques n’implique en effet pas nécessairement le déplacement des patients.
Le GBS-VBS est-il pour autant toujours d’accord avec les autorités ? En tout cas pas en ce qui concerne les centres extra muraux. « La plupart sont présentés comme des concurrents de la médecine générale, or c’est faux. Très souvent, ils dispensent des soins spécialisés de haute technologie, généralement sur renvoi direct ou indirect du médecin de famille. De nombreux hôpitaux ont entre-temps utilisé le financement dont ils disposaient pour créer des structures de ce type. Quel qu’en qu’en soit l’organisateur, celles-ci pourraient aussi être une source d’économies pour autant que les mêmes règles s’appliquent à tous. »
« Le terme de « médecine de luxe » était une formule péjorative mais fort bien trouvée, qui a pu frapper ponctuellement l’imagination des citoyens et en particulier des personnes mal informées. À force de le ressortir à tort et à travers au fil des années, plus personne n’y retrouve toutefois l’image de centres de diagnostic et de traitement extra muraux fonctionnant correctement. »
Nomenclature et financement
En ce qui concerne cette réforme radicale, il est indubitablement vrai que « scinder les prestations des frais de fonctionnement implique la suppression des retenues sur honoraires et favorise une bonne collaboration entre les établissements et les médecins ».

Sur ce point, le secrétaire général du GBS se montre optimiste. « Un autre avantage majeur d’un financement transparent et suffisant des soins de santé spécialisés est qu’il stimule l’innovation diagnostique et thérapeutique – un domaine dans lequel la Belgique a tendance à rester à la traîne. Une participation active de toutes les associations professionnelles des acteurs des soins de santé représente, pour un ministre, le meilleur soutien imaginable pour parvenir à des une solutions innovantes et viables. »
Informatisation
Au cours des années à venir, les investissements dans l’informatisation et la communication électronique seront poursuivis, notamment au niveau du dossier-patient électronique généralisé dans le cadre de l’e-santé et de la télémédecine. En outre, il ne faudra pas oublier de porter les moyens dévolus au secteur de la santé mentale à un niveau digne du 21e siècle.

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