Pour le Dr Van Der Mullen, avec le consensus atteint au groupe de travail (GT) «protocoles», les soins non planifiés sont ‘bétonnés’ dans la mission de la 1ère ligne. Le tri intégré 112-1733 offre la perspective d’économies pour la collectivité. Guy Delrée, président de la FAGw, invite à réexaminer la façon de rétribuer le MG de garde.
Le projet politique est de disposer d'un point d'accueil permanent, le jour pour 100.000 patients et la nuit pour 300.000, comme feu-le Conseil fédéral des cercles le préconisait. Maggie De Block aspire à qu’il y ait des postes partout d’ici mi-2021. Ils devront se regrouper en coopérations fonctionnelles. Pour Chris Van Der Mullen, moteur de l’expérience Louvain-Tirlemont, des économies et des gains d'efficacité sont assurément possibles en soignant le patient au bon endroit au bon moment.
1,3 million d'économie pour l'entorse de cheville
Des statistiques récoltées à partir de 2016, dans le cadre du projet pilote, ont permis de comparer la prise en charge de l'entorse de cheville avec et sans tri intégré. Après le filtrage téléphonique, environ 30% des patients ont été réaiguillés, principalement dans le sens service d’urgence (SU)-PMG. Extrapolée au total de ces structures, la différence de coût atteignait 1,3 million –pour une seule pathologie, donc.
«Et il y a évidemment toutes les autres… Bref, beaucoup d’économies potentielles», enchaîne Guy Delrée. «Quelqu’un qui appelle le 1733 à 4h du matin pour une constipation sera prié de voir son MG dès 8h. Maintenant, s’il saute dans sa voiture direction l’hôpital, son passage entraînera analyses biologiques et, souvent, radio, et s’avérera plus onéreux. Les moyens sont bien mieux dépensés quand le patient est soigné au ‘niveau’ le plus indiqué…»
Idéalement, il faudrait filtrer le recours aux SU aussi? «Le principal argument des urgentistes contre cette idée est que leur responsabilité médico-légale est engagée et qu’on ne peut pas bien trier sans voir », indique le Dr Delrée. Il estime cependant que le Groupe de Travail «protocoles» pourrait se saisir de la question et examiner si un tri sous la responsabilité de l’Etat ne peut être envisagé en amont des urgences. Il évoque la création - concluante - d’un algorithme de tri appliqué à la porte des SU par l’urgentiste canadien Alexandre Messier. «C’est peut-être le rôle du GT d’alerter le prochain ministre sur l’intérêt de trier les flux entrants aussi en 2ème ligne…» Le président de la FAGw ne voudrait pas pour autant porter un coup à la viabilité des urgences ou à l’attrait d’un métier qui peine déjà à recruter. «Il faudrait par conséquent revoir le financement des uns comme des autres, éliminer les biais financiers qui conditionnent certains comportements.»
Un petit 20€ de l’heure
Pour ce qui est du financement de la garde MG, il s’interroge. On parle de revoir les honoraires de disponibilité mais ne doit-on pas questionner aussi le paiement à l’acte? «Est-ce encore la bonne façon de rétribuer un MG, sachant qu’on s’oriente quand même à l’avenir vers une garde au sein d’un poste, rattaché à une coopération fonctionnelle, et après filtrage du 1733?» Par endroits (et notamment là où le MG passe surtout du temps en voiture vu les distances), le cumul de ces 3 conditions d’exercice donne d’après lui un petit 20 € de l’heure. «Est-ce décent ? On devrait avoir le choix, si les 3 conditions sont présentes, d’opter plutôt pour une rétribution forfaitaire.» Le ‘on’ ne désignant pas le MG à l’échelle individuelle mais celle du cercle ou de la collaboration fonctionnelle.
Bonne nouvelle, d’après Guy Delrée: en son point 5.2.6, le nouvel accord médico-mut parle d’une étude à venir de la plateforme d’accompagnement garde sur «l’affectation plus optimale des honoraires pour soutenir la permanence et l’activité de garde». Résultats préliminaires attendus pour fin mai.
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