Dans une étude publiée dans la revue PNAS ce 2 juillet, des chercheurs ont identifié des similitudes entre le comportement de l'équipe médicale dans les blocs opératoires et la compétition au sein de groupes de primates, où les mâles alpha acquièrent un statut et maintiennent leur position vis-à-vis de leurs principaux rivaux. Quand l'équipe était mixte, avec un chirurgien homme et une majorité de femmes ou vice versa, il y avait alors beaucoup plus de coopération et moins de conflits. Le primatologue De Waal précise : « Nous voyons aussi que chez les singes, les mâles alpha sont principalement préoccupés par leur statut à l'égard des autres hommes et les femmes alpha se concentrent sur les autres femmes. »
Les conflits ont été déclenchés par le chirurgien homme dans les deux tiers des cas et visaient généralement des collègues plus bas dans la hiérarchie. Les infirmières étaient la cible la plus fréquente.
L'anesthésiste Rob Slappendel, professeur en sécurité et qualité des soins à l'Université d'Anvers, trouve intéressant les résultats américains mais nuance ceux-ci pour la Belgique : « Il y a maintenant beaucoup plus de chirurgiennes et d'anesthésistes femmes, et la hiérarchie dans nos salles d’op est beaucoup moins forte qu'aux États-Unis. Il est donc possible que nous ayons moins de conflits et une meilleure coopération. Mais ce résultat montre que la composition de l'équipe peut aussi améliorer la coopération. L'avantage est qu’on peut rapidement et facilement agir sur ce facteur. "
Le Dr Jacques de Toeuf, autrefois très actif en tant que chirurgien, peut confirmer les grandes lignes de l’étude. « Dans la salle d'op, cela devenait parfois très violent, même si j'essayais de m'assurer qu'il y avait une bonne relation avec mes collègues féminines, car après tout, les réprimandes ou les tensions émotionnelles ne profitent pas au travail. Je suis également convaincu que les femmes ont souvent un meilleur contrôle de leurs émotions et peuvent donc offrir un travail plus convenable », reconnaît-il, « mais, ajoute-t-il, j'ai vu des chirurgiennes montrer autant de comportement macho que leurs collègues masculins. Ce comportement n'est pas nécessairement lié au genre. »
« D’ailleurs le milieu hospitalier et de la chirurgie est un environnement où le comportement séducteur est monnaie courante", conclut Jacques de Toeuf. "Mais pour interpréter ce type d’étude, vous devez également tenir compte des facteurs culturels et de l'air du temps. Un comportement inapproprié dû au stress est aujourd'hui inacceptable. Cela affecte la qualité du travail. »
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Le débat se poursuit sur @LeSpecialiste
Ca généralise un peu le titre. Dans tous les centres que j'ai fais @EpiCURA_hopital et @ChuSaintPierre, les chirurgiens cervico-faciaux se comportaient bien. Maintenant, il est clair que la cervico-faciale est une chirurgie de haut niveau, ce qui explique peut être cela ! :D :D
— Jay Lechien, MD, PhD (@JeromeLechien) 14 août 2018
— Gilbert Bejjani (@drbejj) 15 août 2018
Est-ce que les chirurgiens et chirurgiennes sont plus alpha que d’autres spécialités ? Les « alpha » (compétiteurs ) choisissent pt être + facilemt ces spécialités d’où biais de sélection? + effet de l’adrénaline et du stress/urgences en salle d’op qui pt attiser conflits
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 15 août 2018
Surtout un travail personnel par chacun sur soi-même pour garder le contrôle, et au sein de l'équipe au sens large: temps de debriefing des incidents. Lisez Christian Morel: Les décisions absurdes, chez Gallimard
— jacques de Toeuf (@j_detoeuf) 15 août 2018
Derniers commentaires
Yves Van Crombrugge
14 aout 2018Ce qui se passe en sale d'opération se passe également ailleurs.
La féminisation de beaucoup de métiers a remis " l'église au milieu du village " Hélas il y aura toujours des êtres pervers. C'est au " chef de maison " qu'il appartient de promouvoir un environnement profitable à tous les partenaires et de recadrer ceux et / ou celles qui ne travaillent pas en équipe .
Dr Yves van Crombrugge