Bilan de Christie Morreale: «Elle n'a pas été au bout du projet Proxisanté!»

Ministre de la santé du gouvernement wallon, Christie Morreale, PS,  a évidemment dû gérer la pandémie. Alors que, dans quelques jours, une ou un nouveau ministre wallon de la santé prêtera serment au Parlement wallon (plus que vraisemblablement un membre des Engagés), certains acteurs du secteur dresse un bilan de son mandat. Au cours de sa législature, elle s’est opposée au numerus clausus et avait fait «du renforcement de la première ligne d’aide et de soins» une de ses priorités au travers de son projet Proxisanté.

Bilan mitigé pour Proxisanté
Pour le Dr Paul Munck, président du GBO pendant le mandat de la ministre, «Proxisanté a été le dossier phare : nous aurions évidemment aimé qu’il aboutisse. Le décret est passé. C’est évidemment la bonne nouvelle, mais il faut le mettre en oeuvre à présent.» Un avis plus nuancé du Dr Philippe Devos, directeur général d’Unessa, déçu de l’exclusion des hôpitaux du projet Proxisanté. «On espère que le ou la prochaine ministre corrigera le tir. Je rappelle que, quand la première ligne, avec Proxisanté, ne pourra pas bien faire son travail, les patients arriveront à l’hôpital. Il n’y a qu’une santé et qu’un malade.»

Ce dossier est aussi évoqué par la députée wallonne Mathilde Vandorpe des Engagés: «Pour Proxisanté, la ministre voulait faire une grande consultation de tous les acteurs de terrain pour aboutir à quelque chose de co-construit. Avec la crise covid, elle a seulement mis en place une plateforme et n’a pas été au bout des choses. Il ne faut pas oublier que la Flandre a travaillé sur sa première ligne pendant 10 ans. Ici, on veut tout faire en un an. Il y a un risque de perdre l’adhésion du secteur et des médecins.»

Manque de soutien pour la problématique des gardes et des pénuries
La question de la gestion de la garde a aussi retenu l’attention du Dr Paul Munck: «Elle a manqué d’initiative sur le terrain pour mieux couvrir le territoire et lutter contre les pénuries de médecins. Le dispositif Impulseo a été revu, mais nous n’avons pas été soutenus pour améliorer la garde ou dans la problématique du 1733. On est conscient que ce n’est pas directement sa compétence, mais elle aurait pu alerter les entités fédérées et fédérales pour dire qu’il y avait des problèmes sur son territoire.»

Les pénuries ont aussi retenu l’attention du Dr Philippe Devos: «Nous sommes déçus de l’action la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’obtention des Visa aurait pu être accélérée. Le délai est trop long pour la reconnaissance de diplôme surtout que nous sommes dans des situations de pénurie. Cela se passe beaucoup plus rapidement en Flandre.»

Bonne gestion du Covid
Le secteur salue, par contre, son travail pendant le covid comme le rappelle le Dr Philippe Devos: «Elle a compris l’intérêt des centres de dépistage et de vaccination pendant la pandémie du covid. Cela a permis aussi de reconnaître l’importance des services d’urgence dans la première ligne. Pour nous, l’hôpital fait de la première ligne avec la polyclinique et la médecine d’urgence. L’hôpital n’est pas qu’un centre de seconde ligne.»

Un avis partagé par la députée wallonne Mathilde Vandorpe («Elle a bien géré cette crise covid avec un travail de terrain ») et le Dr Paul De Munck («Il faut saluer son travail sur le covid.») qui ajoute «même si on avait beaucoup de concertation avec des membres de son cabinet, on aurait souhaité avoir plus de contact avec elle-même.»

Construction des hôpitaux: le respect du plan
Le Dr Philippe Devos souligne aussi que «malgré la trajectoire budgétaire, les engagements du passé ont été respectés pour le Plan wallon de construction et rénovation des hôpitaux wallons.»

Par contre, il ne cache pas qu’elle n’a pas réussi à «améliorer l’intégration des données de santé et les plateformes d’échanges en Wallonie. L’AVIQ doit, d’ailleurs, aussi avancer à ce niveau.»

Mieux travailler le secteur de la santé mentale
Son investissement en matière de santé mentale est pointé du doigt par la députée wallonne Mathilde Vandorpe: «Elle aurait dû tenir compte des amendements qui auraient pu permettre de faire avancer le texte positivement. Même réflexion sur le plan Autisme où elle n’a pas permis une concertation pour que ce plan soit transversal.»

Le Dr Devos y ajoute une nuance à propos des dossiers du secteur de la santé mentale: «On avait l’impression que les dossiers portés par Solidaris étaient mieux soutenus. On espère que cela n’arrivera plus avec le prochain gouvernement.»

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