Pour l’Absym, il est «totalement inconséquent» de laisser des «cohortes entières» de jeunes se lancer dans une carrière médicale dès lors que le niveau d’expérience qu’ils auront pu acquérir durant leurs études sera, vu leur nombre excessif, «totalement insuffisant». Jacques de Toeuf se désole de «l’agitation [qui] reprend du côté francophone».
Rétroactes. Les doyens des facultés de médecine des trois universités francophones ont récemment déclaré poursuivre le combat pour que tous les étudiants en médecine engagés dans le cursus obtiennent une attestation permettant de recevoir un numéro Inami au terme de leurs études. Il se trouve que fin juin, en conférence interministérielle santé, Maggie De Block a déclaré qu’elle n’adopterait pas avant octobre 2016 au plus tôt le nouvel arrêté royal visant à modifier le nombre d'attestations universitaires, rapportent les doyens. Pourquoi ce délai? «Elle entend d’abord vérifier l’efficacité du filtre mis en place par la communauté française», relatent les doyens (le décret Marcourt instaure à partir de 2015-2016 un concours à la fin de la 1ère année, ndlr).
Les négociations entre le fédéral et la communauté sur les modalités d’octroi des attestations sont actuellement gelées, déplorent les trois doyens. Eux espèrent un protocole d’accord signé entre les niveaux de pouvoir. «Les universités ne prendront aucune décision concernant les dernières attestations disponibles avant la signature du protocole d’accord», préviennent les doyens. «Elles espèrent ne pas devoir recourir au lissage tel que prévu dans l’article 6 de l’AR du 12.06.2008 sur la planification de l’offre médicale en répartissant les dernières attestations en parts égales sur les trois prochaines cohortes.»
Trop pour être bien formés
L’Absym dit constater «avec désolation que l’agitation reprend du côté francophone, avec une manifestation attendue des étudiants des universités francophones contre la limitation de l’accès à la profession de médecin candidat au post-graduat. A nouveau, les étudiants sont instrumentalisés, pour ne pas dire pris en otage, par la coalition des doyens et recteurs avec le ministre Marcourt. Les responsables universitaires sont pourtant bien conscients de l’ineptie que représente la promesse de diplômer dans le futur chacun des étudiants», indique le Dr de Toeuf, président du syndicat. Ce dernier insiste sur le fait que dès l‘origine, l’instauration d’une limitation à l’accès aux spécialisations médicales, médecine générale compris, a été «conçue comme exprimant la volonté d’assurer une formation de qualité, tant au niveau des études médicales qu’au niveau du post-graduat».
Un élément primordial du droit des patients, souligne Jacques de Toeuf, «est de pouvoir compter sur la qualité des prestataires médicaux et autres qui prennent sa santé en charge. L’encadrement pédagogique, le nombre de patients disponibles pour permettre un enseignement clinique de qualité, le nombre de pathologies se présentant chaque année en Belgique, ne permettent pas de former des contingents excessifs de médecins et encore moins de candidats spécialistes.»
Pour le syndicaliste, «maintenir un contingentement, certes évolutif quant au nombre des promus, est une exigence de santé publique qui ne pourrait se satisfaire de voir tant le monde politique que les dirigeants universitaires céder à la facilité et à la pression de la rue, sauf si eux-mêmes y trouvent un avantage non avouable».