L’Université de Namur avait demandé et obtenu voici quelques mois l’autorisation d’organiser un master complémentaire de spécialisation en médecine générale. Elle avait élaboré pour cela un projet original visant à favoriser l’installation de jeunes diplômés en zone rurale, en particulier dans les provinces de Namur et de Luxembourg. Où en est-on aujourd’hui ?
« Il ne s’agit pas d’un cycle de cours menant à un certificat spécifique » explique le Dr Dominique Henrion, responsable de cette spécialisation particulière en médecine générale, qui débutera en septembre 2024 dans l’université namuroise. « C’est une orientation inscrite dans les cours donnés pour la spécialisation en médecine générale. La médecine rurale est une forme de médecine générale très valorisante. Elle peut-être plus complète, plus variée, avec plus d’actes techniques qu’en médecine de ville ». Dans ce concept, le cours seront donc focalisés sur la pratique de la médecine générale hors des villes. Les avantages et inconvénients d’une installation à la campagne seront expliqués aux candidats et des stages correspondants seront organisés. En plus de leur maître de stage, les généralistes en formation seront « coachés » par un mentor installé en zone rurale. L’objectif sous-jacent est d’inciter les jeunes médecins à s’installer hors des grandes villes, dans les zones en pénurie, plus particulièrement dans les provinces de Namur et du Luxembourg. Or on sait que la proximité du lieu de formation influence le choix de l’implantation future des jeunes diplômés.
La formation mettra donc en évidence quelques spécificités de la médecine rurale. Par exemple, le médecin généraliste qui exerce dans les zones rurales est confronté à une gestion parfois plus large des problèmes de santé, intégrant santé mentale et pathologies organiques. Il doit souvent jongler entre consultations et visites à domicile, avec les distances que cela comporte. Il doit recourir à plus d’actes techniques avec moins de recours à la seconde ligne de soins. Au cours de leur formation, les candidats seront sensibilisés à ces problématiques. L’accent sera également mis sur des pratiques que la médecine de ville a largement abandonnées : petite chirurgie, suivi de grossesse, pédiatrie générale, … ? Par contre les infections plus particulières du monde agricole (brucellose par exemple) ou les problèmes de toxicité rencontrés par les agriculteurs ne seront pas spécifiquement abordés. Pour dispenser la formation, une collaboration a été établie avec les asbl MG LUX et Santé Ardennes. Des médecins de terrain de ces régions devront intervenir.
Il est difficile d’estimer le nombre de candidats qui se présenteront en 2024, lors du lancement de la formation. « Nous organisons ce master de spécialisation avec l’UCLouvain, dans le cadre de ce que nous appelons une ‘cohabilitation’. Cette cohabilitation nous permet de bénéficier de l’expérience et de l’expertise de l’UCLouvain. Nous nous sommes mis d’accord, pour diverses raisons, pour limiter l’accès pendant les premières années à de petites cohortes, d’environ 30-35 étudiants » explique Dominique Henrion.
« L’UNamur n’a pas attendu d’obtenir l’agréation du ministère pour s’inscrire dans cette ligne », explique le Dr Henrion. Dès la première année du baccalauréat, elle incite les futurs médecins à choisir pour leurs stages d’observation des zones rurales. Les études ont bien montré que des stages précoces améliorent la perception de la pratique médicale en milieu rural. » Mais au-delà de cela, insiste le Dr Henrion, « les assistants qui choisissent un stage en zone rurale se retrouvent souvent fort éloignés des lieux habituels où ils doivent poursuivre une formation théorique. La longueur du déplacement les oblige à demander à leur maître de stage un congé pour se rendre au cours. Ils sont donc en quelque sorte pénalisés. L’UNamur, par sa proximité avec les provinces de Namur et du Luxembourg, dispose donc là d’un levier qui incitera les jeunes diplômés à s’implanter dans ces régions.
Cette spécialisation en médecine générale orientée « rurale » sera évaluée dans cinq ans. Pour l’instant, il n’y a pas de critères pré-établis. « Il s’agira sans doute de vérifier si cette formation répond véritablement au besoin, puisque l’objectif est d’attirer davantage de jeunes généralistes vers les zones rurales du sud du pays » suppose le Dr Henrion.
Derniers commentaires
Charles KARIGER
16 septembre 2023Bonne blague : « L’accent sera également mis sur …: petite chirurgie,… » alors que la nomenclature INAMI les a virées depuis des années !
Encore un bénévolat de plus après la tenue des actes administratifs à la place des mutualités qui continuent à être rémunérées pour cela ?