Dans un mémorandum récemment publié par l'Association Belge des Syndicats Médicaux (ABSyM) en prévision des élections politiques de 2024, un appel pressant est lancé aux partis politiques pour rectifier le cap de la politique de santé en Belgique. Ce document critique vivement la direction actuelle prise par la politique de santé du pays, soulignant une détérioration notable de la qualité et de l'accessibilité des soins de santé au cours de la législature actuelle.
L'ABSyM met en garde contre une possible évolution vers une situation comparable à celle du National Health Service (NHS) britannique, marquée par des difficultés d'accès et une gestion centralisée. La Belgique, jadis louée pour l'efficacité de son système de santé, voit aujourd'hui ce modèle de concertation, basé sur des accords tarifaires entre les prestataires de soins et les mutualités, s'éroder sous l'effet de décisions gouvernementales jugées autoritaires.
Le mémorandum dénonce une augmentation de l'autorité gouvernementale, de l'administration, des réglementations, et de la centralisation, menant à une gestion étatique des soins. Ces changements sont perçus comme étant à l'origine d'un malaise croissant parmi les professionnels de santé, sans pour autant améliorer la qualité des soins. En effet, les derniers chiffres du Gemeente-Stadsmonitor publiés par les autorités flamandes révèlent une chute drastique de la satisfaction des citoyens envers l'offre de soins de proximité.
Face à cette situation, l'ABSyM propose un plan d'action en 12 points destiné aux partis du futur gouvernement, dans l'espoir d'inverser cette tendance. Les propositions incluent :
1. Renforcer le rôle du médecin généraliste comme mandataire et co-pilote du patient, soulignant l'importance d'une relation de confiance et d'un accompagnement personnalisé.
2. Réduire les réglementations et favoriser une co-gouvernance entre les professionnels de santé et les instances de décision, afin de simplifier le cadre administratif et réglementaire.
3. Réformer en profondeur la nomenclature des actes médicaux, pour une meilleure clarté et équité.
4. Accorder une attention particulière aux spécialistes extra-muros, pour garantir l'accès aux soins spécialisés hors des structures hospitalières.
5. Assurer une rémunération correcte pour la permanence des médecins spécialistes, reconnaissant leur disponibilité constante.
6. Concentrer les soins autour de l'intérêt du patient, en évitant une dispersion des ressources et en garantissant une prise en charge optimale.
7. Introduire un tarif avantageux pour les patients en difficulté, afin de garantir l'accès aux soins pour tous, indépendamment des ressources financières.
8. Mettre l'accent sur les connaissances médicales, tout en utilisant les lignes directrices comme soutien et non comme contrainte.
9. Protéger la vie privée et assurer une utilisation correcte des données des patients, en respectant la confidentialité et en sécurisant les informations personnelles.
10. Adapter la politique tarifaire à l'inflation et établir une norme de croissance soutenable pour le secteur de la santé.
11. Réduire le nombre d'autorités impliquées dans la gestion des soins de santé, pour une plus grande efficacité et moins de bureaucratie.
12. Affiner la planification de l'offre médicale, pour répondre précisément aux besoins de la population en termes de soins de santé.
Ces recommandations visent à instaurer une politique de santé plus équilibrée et plus juste, remettant le patient et les professionnels de santé au cœur du système. L'ABSyM espère que ces propositions seront prises en compte par les futurs dirigeants politiques, marquant le début d'un renouveau pour le système de santé belge.