Prothèses de la hanche : les premiers constats d'une audit dans les hôpitaux belges

L’Unité Audit des Hôpitaux, l’équipe d’audit du SPF Santé publique, de l’AFMPS et de l’INAMI, s’est penchée sur les opérations de pose de prothèses de la hanche dans les hôpitaux belges. Premiers constats.

L'audit récent mené en Belgique a fourni des insights précieux sur la qualité du processus de soins dans les interventions de pose de prothèses de la hanche. Cet audit a impliqué une collaboration étroite avec les associations scientifiques belges et a utilisé une méthodologie mixte incluant l'analyse de données fédérales, un questionnaire en ligne et un audit de terrain.

Méthodologie de l'audit

L'audit a été fondé sur des indicateurs de performance et des recommandations internationales extraits de la littérature scientifique, assurant ainsi une approche basée sur des preuves. Les données ont été recueillies à partir de trois sources principales : des données fédérales disponibles depuis 2019, des réponses à un questionnaire en ligne complété par 98 hôpitaux en automne 2022, et des observations directes lors d'un audit de terrain dans 30 hôpitaux au printemps 2023.

Les constats de l’équipe d’audit

La proportion de placements d’une prothèse totale de la hanche en cas d’arthrose est similaire dans toutes les régions. Dans la partie nord du pays, après une fracture du col du fémur, l’équipe d’audit observe plus souvent la pose d’une prothèse totale de la hanche que d’une prothèse fémorale.

La durée d’hospitalisation a fortement diminué ces dernières années. L’organisation d’un trajet de soins selon le concept « rapid recovery after surgery » y contribue, en préparant le patient aux conséquences de la chirurgie dès la phase préopératoire, afin d’assurer une récupération des capacités fonctionnelles et un retour plus rapides en toute sécurité aux activités de la vie quotidienne.

Le nombre d’opérations par hôpital et par chirurgien varie fortement d’un hôpital à l’autre. En 2019, le nombre de séjours par hôpital variait de 10 à 1.072 séjours. 4 % des orthopédistes avaient réalisé 24 % de l’ensemble des opérations pour prothèse totale de la hanche, tandis que 64 % d’entre eux avaient facturé moins d’une opération par semaine. Les analyses montrent qu’une augmentation du nombre d’opérations par hôpital et par chirurgien est associée à une réduction (statistiquement significative) de la durée du séjour.

Les critères pour choisir une prothèse (type de prothèse, type de fixation, matériaux utilisés) dépendent de critères individuels liés au chirurgien. Ces critères doivent pourtant reposer sur des outils objectifs, des échelles ou des banques de données (registres). Les associations scientifiques sont compétentes pour élaborer des critères pour choisir la prothèse la mieux adaptée au patient.

Le délai avant opération. En Belgique, 68 services d’orthopédie sur les 98 (càd 69 % des hôpitaux) opèrent plus de 75 % de leurs patients victimes de fracture dans le délai imparti, fixé à moins de 48 heures. 31 % des hôpitaux devront s’améliorer pour atteindre ce seuil. L’audit relève aussi des différences importantes dans le traitement d’une fracture du col du fémur pour les aspects suivants :

o   La mesure et l’analyse du délai entre l’admission et l’opération.

o   La réalisation d’une opération le week-end pour un patient admis le vendredi.

o   Le choix du type de prothèse : prothèse totale ou partielle (fémorale).

La mobilisation du patient. Sur base des données de facturation, la majorité des hôpitaux proposent de la kinésithérapie ou de la physiothérapie lors de ce type de chirurgie. Selon les recommandations internationales, la mobilisation du patient doit avoir lieu dans les 24 heures suivant la pose d’une prothèse totale de la hanche. Des différences significatives existent toutefois entre hôpitaux à cet égard, tant pour la mobilisation du patient que pour les coûts qui y sont liés.

 La prise en charge des patients âgés. Plus d’1 patient sur 4 opéré de la hanche est âgé de 80 ans ou plus. Lorsqu’une opération fait suite à une fracture, le patient âgé est plus souvent hospitalisé dans une unité de gériatrie. La différence entre hôpitaux dans l’organisation des soins au patient âgé est considérable. Le nombre de facturations pour des prestations de l’équipe de liaison gériatrique pour les patients âgés admis dans un service de chirurgie est relativement faible. Dans 63 % des séjours pour fractures, la liaison gériatrique n’est pas sollicitée. On relève aussi que la politique de prise en charge à la suite d’une fracture (type de prothèse et type de fixation) diffère d’un hôpital à l’autre.

L’information sur la traçabilité des implants. La majorité des patients chez qui un implant de la hanche est posé ne reçoivent aucune information sur la traçabilité de cet implant.

Lorsque le patient quitte l’hôpital, le rapport de sortie constitue une source importante d’informations de santé pour les dispensateurs de soins responsables des soins à domicile. Les informations relatives au traitement de la douleur, au suivi par imagerie ou à la destination du patient lors de sa sortie manquaient dans respectivement 18 %, 55 % et 61 % des dossiers audités.

Lors de leurs contacts et de leurs visites aux hôpitaux, les auditeurs ont remarqué que l’audit a incité diverses institutions à revoir leurs processus.

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