De la stabilité du virus dans diverses conditions expérimentales

Désinfecter le matériel de protection (masques, vêtements, etc.) est un enjeu majeur. Reste à savoir comment, et pour ce faire, connaître la stabilité du virus dans diverses conditions, même expérimentales, est primordial.

Dans cette étude parue dans les lettres à l’éditeur du Lancet Microbe et qui avait pour objectif d’apprécier la stabilité du SARS-CoV-2 dans plusieurs conditions expérimentales, l’équipe hong-kongaise menée par Alex Chin est la première à avoir effectué cette démarche sur culture tissulaire et non sur PCR, une technique qui permet de détecter des particules virales mais pas nécessairement sa viabilité (1). Ils ont ainsi pu constater que le virus reste extrêmement stable à 4°C et est très labile à haute température (70°C). Il survit environ 1 semaine à la température ambiante actuelle (22°C) et un jour à 37°C. Ces constatations sont intéressantes pour les masques selon les experts, car si on utilise les conditions de stérilisation classiques, qui sont très agressives, on dégrade la qualité des masques alors qu’ils résistent très bien à la température de 70°C (Figure 1).

Figure 1: Stabilité du virus à diverses températures

Un deuxième versant de cette étude concerne la composition de la surface des matériaux (papier, bois, textile, verre, plastique, acier inoxydable, …), ce qui leur a permis de constater que la couche externe des masques est la surface sur laquelle les virus survivent le plus longtemps (jusque 7 jours), alors qu’elle n’est que de 30 minutes sur du papier (Figure 2). Dans ces conditions, en cas de manque de masque pour des raisons logistiques, il ne semble exister que deux solutions pour les recycler: attendre très longtemps en les exposant à l’air ou les mettre au four à 70°C.

Figure 2: Stabilité du virus sur diverses surfaces

Dans une troisième partie, ils ont analysé l’effet de quelques désinfectants : eau de Javel, savon liquide, povidone iodée, chlorhexidine, benzalkonium, et constaté une pareille efficacité pour tous, sauf dans une moindre mesure pour le savon liquide qui était, il est vrai, fortement dilué. Quant au pH, il n’a pas d’impact sur la viabilité du virus.

Enfin, les auteurs ont également pu constater une cinétique diphasique de décroissance de la viabilité du virus: celle-ci est en effet très fortement et très rapidement réduite dans un premier temps avant de voir cette vitesse de décroissance se ralentir, ce qui signifie pour eux que virus se dégrade très vite mais aussi que certaines de ses particules prennent beaucoup de temps pour être dégradées. Mais ils ne connaissent ni le rôle ni le type de particules restantes. Cela dit, cette notion est intéressante dans la mesure où elle indique que, même en cas d’erreur dans le processus de désinfection, une grande partie du virus aura été complétement éliminée.

Les CDC ont, de leur côté, publié une liste de désinfectants efficaces. On peut la retrouver sur leur site (2).

Enfin, une étude américaine a confirmé que doubler les protections (2 masques, 2 T-shirts, …) augmentait significativement la protection (Figure 3), non parce que les mailles étaient plus serrées, mais parce que le flux d’air était nettement réduit (3).

Figure 3: Efficacité de la protection en doublant les couches

 

> Retrouvez cette Revue de presse scientifique du Dr Bouilliez sur MedFlix #5

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