Les instances de l'Université de Mons (UMons) et de la Loterie nationale ont signé mardi à Mons une convention de collaboration dans le cadre d'une nouvelle chaire "Jeu sûr et responsable". Le projet, financé en quatre ans à hauteur de près d'un demi-million d'euros par la Loterie, est consacré à l'addiction au jeu.
La nouvelle chaire, une première en Belgique, aura pour but de mener des recherches qui viseront à comprendre dans quelle mesure un jeu donné peut entraîner une forme d'assuétude. Les recherches auront pour autre objectif d'analyser le profil des joueurs et des mécanismes qui les amènent à adopter des comportements à risque.
"L'addiction au jeu est très largement étudiée depuis une vingtaine d'années", a expliqué Mandy Rossignol (UMons). "C'est un concept qui a été identifié en tant que pathologie. L'objectif qui sera poursuivi dans le cadre des travaux de la nouvelle chaire sera d'introduire trois disciplines: la psychologie cognitive, l'intelligence artificielle et la théorie des jeux. Le but sera de modéliser les comportements à risque chez les joueurs ainsi que les jeux qui engendrent davantage de risques chez ces mêmes joueurs."
Deux thèses doctorales seront financées dans le cadre de la collaboration entre l'UMons et la Loterie nationale. "Une première thèse va utiliser la technologie de l'intelligence artificielle et nous bénéficierons dans ce cadre de la mise à disposition, de façon anonyme, de données de la Loterie, qui nous permettra d'examiner le profil de joueurs à risque; la deuxième thèse fera intervenir la théorie des jeux et la psychologie cognitive pour comprendre dans quelle mesure les caractéristiques individuelles des joueurs peuvent influencer leur rationalité pendant la conduite du comportement de jeu et, par là, contribuer au développement d'addiction", explique-t-o n.
Le CEO de la Loterie nationale, Jannie Haek, a souligné que, pour mener une politique efficace de protection des personnes face aux assuétudes liées aux jeux de hasard, les pouvoirs publics doivent être en mesure de se baser sur des données scientifiques objectives. "Nous manquons de données dans le secteur des jeux de hasard, et nous nous sommes dirigés, dans cette optique, vers une mise en place d'une étude académique indépendante. L'objectif de la chaire va permettre d'amener de la sérénité dans ce débat important pour la société. Nous souhaiterions aussi que le débat soit tenu de façon objective."
Le CEO de la Loterie nationale a, par ailleurs, indiqué qu'il tendait la main à ses "collègues du secteur privé pour qu'ils donnent la même transparence" que la Loterie en termes de chiffres relatifs, notamment, aux mises et aux habitudes de jeu des joueurs.