Le Conseil Fédéral des Établissements Hospitaliers (CFEH) appelle le gouvernement à dégager un montant de 300 millions d’euros supplémentaires pour les établissements de soins en 2022, afin de compenser l’augmentation du coût de la vie et en particulier des prix de l’énergie. C’est ce que l’on peut lire dans une note qu’a pu consulter Le Spécialiste.
Le coût de l’énergie augmente en effet beaucoup plus rapidement que prévu dans le mécanisme d’indexation qui s’applique actuellement au Budget des Moyens Financiers (BMF). Les évolutions récentes ne se sont pas immédiatement traduites par une augmentation aiguë pour l’ensemble des établissements, puisqu’ils sont nombreux à bénéficier de contrats de longue durée… mais il ne fait aucun doute que tous les hôpitaux seront confrontés à court ou à moyen terme à cette progression structurelle des dépenses lorsque ces contrats devront être renouvelés.
La différence est considérable tant pour l’électricité que pour le gaz naturel. On s’attend à ce que les prix finissent par retomber (peut-être à partir de 2024-2025)… à un niveau qui restera toutefois encore deux fois plus élevé qu’en 2017-2019.
Un petit coup de sonde dans un échantillon de 48 hôpitaux (41 hôpitaux généraux et 7 hôpitaux psychiatriques) confirme que le coût de l’énergie (gaz et électricité) connaît actuellement une augmentation substantielle. En extrapolant ces chiffres à l’ensemble des hôpitaux, il serait question cette année d’un surcoût de 300 millions en comparaison avec les dépenses moyennes en énergie au cours de l’ère pré-covid (2017-2019), ce qui correspond à la charge salariale de quelque 4.000 équivalents temps plein.
Une solution
C’est ce qui explique le plaidoyer du CFEH en faveur d’un coup de pouce supplémentaire du gouvernement. Quant à savoir d’où devront venir ces moyens, le Conseil avance d’ores et déjà quelques pistes… à commencer par celle des autorités, pour qui les taxes sur la facture énergétique des hôpitaux est aussi synonyme les rentrées supplémentaires. Pourquoi ne pas réinjecter provisoirement celles-ci dans les établissements de soins?
De quoi dégager déjà environ 105 millions d’euros, que le CFEH suggère de compléter par des mesures plus structurelles afin de compenser – via le BMF – l’augmentation durable des prix de l’énergie. À terme, ces mesures structurelles devraient idéalement être alignées sur les prix de l’énergie stabilisés (et vraisemblablement substantiellement plus élevés). Une intervention structurelle (minimum) correspondant à une augmentation de 50 % par rapport à la période 2017-2019 représenterait un coût de 109 millions d’euros.
Ces calculs sous-estiment vraisemblablement les besoins réels, sachant que les prix de l’énergie ont continué à flamber ces derniers jours. S’y ajoutent les frais de personnel qui montent en flèche avec l’index et le coût de la vie. L’index accordé au corps médical (0,73 %), qui s’applique également aux retenues sur honoraires et qui contribue donc à financer le personnel, ne suivra le mouvement qu’avec un certain retard, générant un fossé qui devra provisoirement être comblé d’une manière ou d’une autre.
Contrôle budgétaire
Margot Cloet, la CEO de Zorgnet-Icuro, s’attend à ce que ces dossiers se retrouvent sur la table lors du prochain contrôle budgétaire.
Ajoutons encore que ce calcul ne prend pas en compte certains groupes qui relèvent du Maribel social et qui ne suivent pas du tout l’inflation. «Nous serions demandeurs d’un système où tous les mécanismes d’indexation seraient harmonisés et suivraient l’index/l’inflation, y compris dans les MRS et les centres de soins de santé mentale, afin de nous éviter de puiser dans des réserves qui devraient normalement servir à financer des projets de construction et autres.»
Les hôpitaux ont-ils suffisamment investi ces dernières années pour comprimer les coûts? «Leurs nouveaux bâtiments ont permis au Chirec et à Bordet de gagner en performance, mais les autres établissements n’ont pas tous eu la possibilité d’investir pleinement dans les panneaux solaires et autres», commente Dieter Goemaere, responsable des hôpitaux généraux au sein de la coupole bruxelloise Gibbis. «Un poste avait bien été prévu dans le BMF pour le remboursement intégral des investissements énergétiques, mais il faut tenir compte de la réalité de chaque hôpital. Il faut aussi y réfléchir au niveau européen. Il y a certainement des exemples à suivre – Saint-Luc, par exemple, a décroché un certificat européen pour sa gestion énergétique rationnelle.»
«Enfin, n’oublions pas que, alors que nous commençons à peine à nous extraire de la crise du coronavirus, nous nous retrouvons immédiatement confrontés à celle de l’Ukraine. Pour l’instant, nous nous focalisons donc surtout sur cette dernière, où un rôle central sera dévolu à l’hôpital militaire.»
Derniers commentaires
Freddy GORET
14 mars 2022Qui va payer ?
Les gentils docteurs qui gagnent de l or en barre bien sûr
En plus de l indexation des salaires du personnel
En plus du remboursement des sommes Covid « prêtées « par l INAMI
Malgré la chute de leurs revenus ils doivent payer pour leur outil de travail qui ne leur appartient pas évidemment
Ils doivent payer sans pouvoir contrôler les comptes de l institution et faire confiance aux directions politiques qui pensent pour eux
On est vraiment cons ou naïfs ou idéalistes ou tout cela en bloc