L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a levé vendredi son plus haut niveau d'alerte sur la pandémie de Covid-19, estimant qu'elle était désormais suffisamment sous contrôle.
"C'est avec beaucoup d'espoir que je déclare que le Covid-19 n'est plus une urgence sanitaire de portée internationale", a affirmé le directeur général (DG) de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Mais il avertit, pas question de lever toute vigilance pour autant. Le coronavirus reste une préoccupation importante pour la santé publique.
Il a aussi attiré l'attention sur les ravages du Covid long, qui se traduit par une large palette de symptômes plus ou moins handicapants. Selon, lui une infection sur dix se traduit par un Covid long, suggérant que des centaines de millions de personnes pourraient avoir besoin de soins de longue durée et dont l'ampleur ainsi que le coût économique et psychologique sont encore très mal pris en compte.
"Nous devons nous promettre, ainsi qu'à nos enfants et nos petits-enfants, que nous ne referons jamais les mêmes erreurs", a insisté le DG.
Tedros Adhanom Ghebreyesus a pris sa décision après une recommandation du comité d'urgence des experts mandatés par l'OMS. Il estime que la pandémie a fait "au moins 20 millions" de décès, presque trois fois plus que le bilan officiel de son organisation. Ce dernier fait état de 6,9 millions de morts du Covid-19 au 3 mai, sur son site internet actualisé en permanence.
Mais comme l'ont expliqué des chercheurs de l'OMS dans un article publié dans la revue Nature en décembre, ces chiffres sont certainement bien en deçà de la réalité.
Par manque d'infrastructures sanitaires, certains pays ont énormément tardé à détecter le virus et donc à le renseigner comme cause de la mort. Les critères varient aussi énormément d'un pays à l'autre. En Chine, depuis la fin de l'année, seules les personnes décédées directement d'une insuffisance respiratoire liée au Covid-19 sont désormais comptabilisées dans les statistiques, un changement de méthodologie susceptible de sous-évaluer le nombre réel de morts.
Pour pallier ce manque de données fiables et comparables, l'OMS se base sur la mesure de "l'excès de mortalité", défini comme la différence entre le nombre de décès réels et le nombre de décès estimés en l'absence de pandémie.
L'Organisation mondiale de la santé a estimé, pour la seule période 2020-2021, que près de 15 millions de personnes dans le monde étaient décédées soit du Covid, soit "d'autres problèmes de santé pour des personnes qui n'ont pas eu accès aux soins, car les systèmes de santé étaient débordés par la pandémie".
Si le nombre des morts causées par le Covid nouvellement enregistrées a chuté de 95% depuis janvier, ils étaient encore 16.000 à mourir de cette maladie entre fin mars et fin avril à cause du virus, selon les statistiques de l'OMS.