Une équipe de recherche de l’UMC Utrecht a développé un logiciel intelligent capable de prédire les troubles cognitifs dont vont souffrir les patients à partir d’imageries cérébrales de lésions d’origine vasculaire dans la substance blanche du cerveau.
Ce modèle est surtout utile dans un premier temps pour les patients qui se rendent à la clinique de la mémoire et présentent donc souvent déjà des symptômes. Dans un second temps, l’équipe de recherche espère pouvoir utiliser aussi ce logiciel sur les personnes qui n’ont encore aucun symptôme.
Plus on vieillit, plus la substance blanche dans le cerveau se détériore. Cependant, toutes les détériorations ne sont pas égales. «Certaines personnes présentent parfois d’importantes atteintes de la substance blanche sans en être affectées le moins du monde», explique le neurologue et chercheur Matthijs Biesbroek. «D’autres personnes fonctionnent moins bien qu’auparavant alors que leur substance blanche est relativement peu abîmée.» Il s’avère que ce n’est pas tant la quantité de lésions qui importe, mais bien leur localisation.
Jusqu’à présent, il n’était pas possible de déterminer les conséquences des atteintes de la substance blanche pour les patients individuels, car nous ne savions pas avec certitude quels étaient les nœuds principaux. L’équipe de recherche de l’UMC Utrecht est parvenue à cartographier ces points critiques. À partir de ces informations, elle a développé un logiciel intelligent capable d’analyser les imageries cérébrales. Ce logiciel peut prédire les symptômes qui vont apparaître chez les patients de manière individuelle et s’ils ont par exemple un risque de développer une démence.
Quatre voies
Les chercheurs ont examiné les conséquences de l’atteinte de vingt différentes voies dans la substance blanche chez les patients. «Notre analyse a mis en évidence quatre voies qui sont clairement les plus importantes pour notre fonctionnement», précise Mirthe Coenen, neurologue en formation. «Il s’agit de la mémoire, de la langue, de la vitesse de traitement de l’information et de ce que nous appelons les “fonctions exécutives”, c’est-à-dire les processus cognitifs supérieurs qui sont nécessaires pour planifier des activités et pour agir.»
«En se concentrant uniquement sur ces quatre importantes voies dans la substance blanche, il semble que nous pouvons très bien prédire quels troubles une personne va développer», poursuit Mirthe Coenen. «La quantité totale des atteintes importe beaucoup moins.» Le nouveau modèle utrechtois a encore un autre avantage: il peut être appliqué à des imageries cérébrales effectuées de manière standard dans toutes les cliniques de la mémoire. «Nous pouvons donc rapidement intégrer cette nouvelle technologie pour traiter nos patients.»
Le logiciel analyse la quantité de lésions présentes chez les patients au niveau de la substance blanche et leur localisation précise. Les chercheurs développent actuellement un nouveau logiciel permettant d’effectuer toutes les étapes du processus de manière totalement automatisée. Ils ont même prévu d’utiliser l’intelligence artificielle pour donner au programme la possibilité d’apprendre.