Assistance digitale au domicile : « les médecins ont un rôle important à jouer »

Le projet Wallonie Assist @ Home géré par l'équipe du CIAS (Centre Indépendant d’Aide Sociale, ASBL) est un appel à projet de l’AViQ, visant le déploiement d’assistance digitale pour un maintien à domicile sécurisé des personnes en perte d’autonomie.  L’objectif principal de ce projet est de retarder l’institutionnalisation des personnes en leur offrant la possibilité de vivre chez elles le plus longtemps possible, tout en garantissant leur sécurité.

« Nous avons dû évaluer les solutions digitales innovantes qui existaient et qui pouvaient répondre aux besoins spécifiques des personnes et à l’objectif du projet. » expliquent Olivier Ferrali (Manager Pôle Projets et Développements) et Lara Vigneron (CEO de Yuza)  qui ont multiplié les réunions et les rencontres de terrain.

Des besoins et 5 déterminants 

Ce projet concerne toute personne en perte d’autonomie, domiciliée en Région Wallonne : « Une exploration non-exhaustive des technologies présentes sur le marché national et international a été réalisée. Nous avons aussi rencontré le public cible et des professionnels de terrain afin d’en ressortir leurs besoins. » Au fil du projet, l’équipe, composée d’experts et scientifiques spécifiques, s'est étoffée afin de développer des compétences plus pointues en termes d'Intelligence Artificielle notamment.
« Il a, tout d’abord, été essentiel de s’informer sur les différents déterminants favorisant l’institutionnalisation. Une revue de la littérature a été réalisée. 5 déterminants principaux ont été détaillés: le sommeil, la dénutrition, l’isolement social, l’activité physique, et les troubles cognitifs. » 

Une liste des technologies présentes sur le marché belge et international a été réalisée. Toutes ces technologies listées proposent un concept, matériel des fonctionnalités divers, que l’on peut regrouper en plusieurs groupes : les technologies avec capteurs qui détectent les chutes ; celles  qui captent les données des habitudes de vie et permettent un de détection de changements significatifs ; puis des technologies portables sur le bénéficiaire (montres)  proposant d’autres fonctionnalités, comme la géolocalisation.
«Certaines des sociétés proposant ces technologies ont un contact par e-mail ou téléphone difficile à trouver. Ce détail nous laissait déjà pressentir un indice d’immaturité commerciale des sociétés présentes sur le marché. 

Nous avons sélectionné 12 sociétés. Les représentants des sociétés avaient parfois des difficultés à répondre aux questions de l’équipe projet composé d’experts. Les projections financières claires étaient difficiles à obtenir, et lorsqu’elles étaient estimées, elles étaient parfois bien au-delà des estimations du projet. »

Des approches peu scientifiques

Par ailleurs, « pour les nouvelles technologies belges, il y a peu d’approches scientifiques validant leur produit commercialisé (tests réalisés, évaluation de la satisfactions clients, taux de faux positifs/négatifs, …). Pour s’assurer d’une validation scientifique des technologies, une phase de test en laboratoire est prévue dès la phase de sélection des sociétés par le marché public réalisée. »

Sur le terrain, une inquiétude demeure : « Nos technologies sont quasi les mêmes qu’il y a 10 ans.  Les Gafa vont arriver avec une finesse d’analyse plus forte. Le projet va donc s’axer sur une partie recherche et des recommandations pour l’AVIQ . Par ailleurs, les technologies proposées dans les maisons de repos / hôpitaux ne sont pas toujours adaptées pour le domicile. » 

Les médecins aux conseils précieux

Dans l’évolution de ce marché, les médecins pourraient jouer un rôle majeur : « Les médecins pourraient apporter leur expérience et leur savoir médical. Nous constatons un manque de conseils des médecins dans le processus des entreprises. Elles ont besoin de médecins pour donner de l’intelligence à l’IA. Nous l’avons vu, par exemple, dans un projet où un gériatre se trouvait dans le processus. Il a analysé les datas des capteurs.  Il a attiré l’attention sur le fait que le temps de déplacement entre deux capteurs pouvait annoncer un risque de démence, et a aussi défini les algorithmes permettant d’identifier les infections urinaires . On voit donc que quand un médecin est intégré à un projet, il a une vision plus médicale. » A présent, un test va avoir lieu avec 50 bénéficiaires et leur famille pour évaluer l’’efficacité des solutions en environnement réel afin de voir comment ces technologies peuvent s’intégrer dans des services comme ceux fournis par le CIAS ou par télésecours, et comment les médecins pourraient être intégrés dans le processus.

La liste des partenaires du projet

  • Centre Indépendant d'Aide Sociale des Mutualités Libres Wallonie-Bruxelles (CIAS) ASBL (coordinateur)

  • Centre Indépendant d’Aides aux Familles ASBL

  • Vivre à domicile Hainaut ASBL

  • Vivre à Domicile Brabant wallon ASBL

  • Vivre à domicile Liège ASBL

  • Télésecours ASBL

  • Lyage

  • Yuza

  • ULiège – Inter’Act

  • TRAIL Institute-OpenHub

  • MANI asbl

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