L’invitation tombée dans ma boîte aux lettres m’avait surpris. L’usine Ferrari allait organiser des journées d’essais dans ses concessions. Elle devait passer en Belgique après la Scandinavie, le Luxembourg et la France. Je me suis donc rendu avec un léger trac (ce n’est pas tous les jours) jusqu’au garage Ferrari Monza de Sint-Martens-Latem qui m’avait proposé de me joindre à eux à cette occasion.
J’avais déjà eu l’occasion de participer à une découverte des installations de la marque dans ce garage appartenant à Wilfried De Buck dont les filles gèrent désormais les affaires.
J’y ai été accueilli par une représentante de l’usine Ferrari s’exprimant avec une douce mélodie d’anglais emballé dans un accent italien. Tout de suite, je me suis senti imprégné par l’ambiance de la famille au «cheval cabré». Les belles italiennes étaient présentées avec soin. Les visiteurs étaient fébriles, fiers de pouvoir en être. Nos hôtes étaient attentifs à nous informer au mieux, fiers, eux aussi, de représenter l’histoire du Commendatore Enzo Ferrari, créateur de la marque éponyme. Mais, tout-à-coup, les conversations se sont interrompues alors que retentissait le démarrage d’un moteur dans l’atelier. 75 années de bolides Ferrari, cela se fête sur la route.
Sur le parking trônent des Roma, Portofino, F8,… munies d’une plaque d’immatriculation italienne spéciale composée de la lettre L suivi d’un numéro (immatriculation dédiée aux véhicules d’essai). Elles sont couvées par leur pilote d’essai respectif. Les vestes rouges au logo du cheval cabré impatient s’agitent pour finaliser la présentation des mécaniques. Pas question qu’il y ait le moindre soucis au moment de l’essai.
Pendant que les moteurs chauffent et avant de passer au volant, le directeur de l’équipe des pilotes d’essai donne aux privilégiés une courte formation quant à la position idéale à adopter au volant des bolides. Il aborde également la technique de pilotage pour respecter l’efficacité de l’engin dans les virages et le freinage aussi. Très instructif. Cela met un peu de pression sur les épaules des «pilotes» d’un jour mais, il vaut mieux faire peur avant la prise en main que de risquer de devoir présenter la facture au pilote occasionnel malheureux. Avec des voitures dépassant allègrement les 600 chevaux, cela va de soi.
Il nous est donné une quarantaine de minutes d’essai pour un parcours mêlant autoroute et route nationales dans la région gantoise. Evidemment, cet essai aurait représenté une expérience au combien plus enrichissante sur les routes lombardes autour de Maranello (ville ou se situe l’usine Ferrari), Bologna ou Parma. Mais, malgré un beau parcours de routes typiquement flamandes pour goûter au pilotage et au comportement de la Ferrari, ce parcours incite à en vouloir plus. Beaucoup plus.
Une «Roma» grise m’attend sur le parking, première d’un convoi d’une dizaine de bolides rouges évidemment mais aussi gris, bleus et noirs. La Roma est un coupé 2+ équipé d’un V8 turbo d’une puissance de 620cv à 7.500tr/min et est associé à une boîte 8 vitesses DCT.
Cette puissante mécanique au design intemporel et élégant est emballée dans un écrin aux proportions raffinées. Selon son catalogue, elle se veut l’incarnation contemporaine de l’insouciance et du plaisir qui caractérisaient Rome dans les années 50 et 60. Bellissima.
Ses lignes épurées se retrouvent à l’intérieur où le concepteur a créé deux cellules de sécurité conducteur et passager, ceci étant une évolution du Dual Cockpit de la marque. Cette Roma bénéficie d’une répartition plus organique de l’espace et des fonctions, de sorte que le passager se sent impliqué dans la conduite. Les deux cockpits, créés par l’amincissement des volumes et soulignés par des bandes marquant les périmètres, sont enveloppés dans un espace qui s’étend du tableau de bord aux sièges arrières, intégrant le tableau de bord, les portes, la banquette arrière et le tunnel de l’arbre de transmission.
Le volant propose toute une série de réglages «sport» avec en arrière-plan un premier écran avec un impressionnant compte-tours. Les informations de cet écran sont essentiellement consacrées aux données techniques du moteur et des vitesses de déplacement. Un second écran central celui-là, se consacre à la carte GPS et aux fonctions de confort.
Mais, déjà, le V8 turbo ronronne et demande à donner la plénitude de son pouvoir. Lâchez les cavallini rampanti.