Les suppléments d'honoraires pratiqués en chambre individuelle à l'hôpital ont encore augmenté, relève la mutualité chrétienne (MC) dans son 14e baromètre hospitalier publié mercredi. Elle plaide pour l'interdiction pure et simple des suppléments d'honoraires, ce qui permettrait à chaque patient d'accéder à une chambre particulière sans se soucier de sa facture. Le baromètre se concentre sur 12 interventions spécifiques comme l'accouchement, l'opération de la cataracte ou l'ablation de la vésicule biliaire.
Sur base des données de ses affiliés en 2017, la mutualité relève un coût médian de 1.390 euros pour un accouche ment avec hospitalisation en chambre individuelle, alors qu'ils ne déboursent que 181 euros en chambre double ou commune.
La différence de tarif est surtout due aux suppléments d'honoraires facturés en chambre individuelle, qui ont augmenté de 3,5% en moyenne au-dessus de l'index, souligne la mutualité. Au total, les affiliés de la MC ont payé près de 200 millions d'euros de suppléments d'honoraires en 2017, toutes admissions confondues (avec ou sans nuitée).
En outre, les hôpitaux, en manque de financements, cherchent par tous les moyens à augmenter la facture du patient, selon la mutualité chrétienne. Celle-ci a constaté que des interventions comme l'ablation de la vésicule biliaire, qui auraient pu être pratiquées en hospitalisation de jour, sont planifiées avec une nuitée, ce qui ramène davantage d'argent à l'établissement hospitalier.
La Belgique se dirige vers un système de soins de santé à deux vitesses, avec d'un côté les plus aisés qui peuvent se permettre de séjourner dans une chambre seule (en déboursant cette somme ou via une assurance hospitalisation) et les autres, contraints d'opter pour une chambre commune, alerte la mutualité chrétienne.
Elle plaide pour l'interdiction légale de tous les suppléments afin que la chambre individuelle devienne la norme pour le patient, qui ne devra plus se soucier de sa facture finale. Pour que les hôpitaux ne perdent pas d'argent, la mutualité chrétienne propose une révision globale de leur financement.
La solution? Injecter l'argent des primes des assurances hospitalisation, devenues inutiles vu la suppression des suppléments, dans l'assurance santé obligatoire. La MC estime cette somme à 1,7 milliard d'euros, dont une grosse partie est assumée par les employeurs. C'est cet argent que vise la MC, qui souhaite dès lors rencontrer le patronat pour en discuter.
Par ailleurs, la mutualité revendique davantage de transparence: on ignore actuellement dans quelle proportion les suppléments facturés tombent dans la poche du médecin ou servent à financer l'un ou l'autre service.