Des chirurgiens de l'hopital ZNA Stuivenberg à Anvers ont procédé mardi matin au placement d'une prothèse de genoux à l'aide de la réalité augmentée, une première en Europe. Grâce à des lunettes spécifiques, le chirurgien voit à la fois le genou à opérer et les informations d'un scanner précédemment effectué, il ne doit donc pas regarder un autre écran durant l'opération.
Les lunettes de réalité augmentée projettent les structures anatomiques du genou dans le champ de vision du chirurgien. De cette manière, celui-ci peut placer la prothèse avec une extrême précision et mieux équilibrer les ligamen ts du genou. L'opération s'est déroulée sous la direction du docteur Geert Peersman, qui a contribué au développement de cette technologie.
"Regarder un moniteur ailleurs dans la salle d'opération n'est désormais plus nécessaire", explique le docteur Peersman. "Dans les lunettes, le médecin voit l'articulation du genou avec des informations supplémentaires projetées dessus pour les actions chirurgicales. Cela lui permet d'effectuer des ajustements très précis sans perdre de vue le genou. Les informations sur les tissus mous permettent également au chirurgien d'équilibrer les ligaments de manière optimale, ce qui est plus naturel pour le patient. Après tout, chaque genou est différent en termes de ligaments : certains sont plus tendus, d'autres plus lâches. Plus l'ajustement est précis, meilleur est le résultat pour le patient."
Concrètement, avant l'intervention, un scanner est effectué pour obtenir une coupe transversale du genou. Celui-ci est ensuite utilisé pour créer un modèle virtuel en trois dimensions du genou. Le chirurgien détermine alors, avant l'opération, la quantité d'os et de cartilage endommagés qu'il va retirer, le meilleur implant et l'endroit où il sera placé. Au début de l'opération, l'équipe place également autour du genou une caméra 3D miniature qui transmet précisément le mouvement et la position des os et des tissus mous aux lunettes de réalité augmentée, ainsi qu'un capteur qui remplace les trackers optiques classiques. D'après le ZNA , cela permet de surcroit un gain de place considérable par rapport aux robots souvent encombrants et peu maniables équipés d'une caméra infrarouge séparée. Pendant l'opération proprement dite, le chirurgien porte ses lunettes de réalité augmentée à verres transparents, qui affichent les informations obtenues avant l'opération telles que les axes où il doit inciser l'os et le cartilage et le positionnement exact de la prothèse.
Geert Peersman a développé la caméra et le tracker du système de réalité augmentée avec la société suisse Medivation. Grâce à cette collaboration, le ZNA Stuivenberg est libre d'utiliser la technologie sans coût supplémentaire pour le patient. Jusqu'à présent, cette technologie n'a été utilisée qu'aux États-Unis et en Australie. À l'avenir, l'hôpital envisage également d'utiliser cette technique pour les opérations de l'épaule, de la hanche et du dos.
En Belgique, environ 28.000 prothèses du genou sont placées chaque année. Selon le ZNA, cela fait du genou l'articulation la plus remplacée dans le corps humain, devant la hanche.