Pour le Dr Christophe Dupont, « c’est une grosse erreur de supprimer le code 101135». Il pointe du doigt la limitation à 4 consultations à distance/an/patient, la différence de remboursement prévu par rapport aux 20€ actuels, et enfin l’obligation de percevoir un ticket modérateur de 1€ (ce qui semble difficile à faire par téléphone!).
Médecin généraliste à Ganshoren, le Dr Christophe Dupont lance une pétition contre la réforme annoncée par l’INAMI des consultations à distance par téléphone : « J’ai été très surpris quand je l’ai vue sur le site de l’INAMI juste avant Noël. J’ai été d’autant plus étonné de voir que personne ne réagissait sur les forums médicaux. Pourtant, je trouve que nous avons besoin de ce code (101135). Encore ce matin, j’ai eu de nombreux appels téléphoniques de patients à propos du covid. Même si il y a eu une interruption du service CareConnect à cause d'un bug de la plateforme e-Health. Cela se produit assez souvent, hélas. »
Pandémie ou pas ?
Il entend être très clair : « Tant que l’INAMI n’a pas décrété la fin de la pandémie, c’est une grosse erreur de supprimer ce code. Je comprends qu’il faut chercher des alternatives et une réforme les consultations à distance... mais pas de cette façon. C’est aberrant, dangereux et prématuré. Cela va rajouter une charge de travail aux généralistes et conduire à ne pas pouvoir soigner des patients.»
Il le voit dans son quotidien : « Si je n’avais pas les consultations à distance, je serais incapable de pouvoir recevoir autant de patients en toute sécurité. C’est physiquement impossible. »
Ce qui coince
Pour lui, il faut que les médecins comprennent bien ce qui ne va pas dans les grandes lignes de la réforme de l'INAMI tels qu’indiqués sur la page de l'Inami Consultations à distance par des médecins : nouveau système de remboursement au printemps 2022 . Il pointe du doigt « la limitation à 4 consultations à distance /an/ patient, la différence de remboursement prévu par rapport aux 20€ actuels, et enfin l’obligation de percevoir un ticket modérateur de 1€ (ce qui semble difficile à faire par téléphone !) »
"Sans preuve de la moindre plus-value, l’INAMI sabote le système mis en place il y a deux ans (leur plus intelligente réforme des dernières années !), et nous pousse vers la visio-conférence, laissant planer le doute sur les réels intérêts en jeu. " poursuit le généraliste bruxellois. " Tout profit en tout cas en perspective pour des sociétés commerciales qui n’attendent que ça pour se ruer dans le créneau (Cf. Proximus et son app doktr, ou AXA avec Qare en France,..).
Si l’on veut bien regarder plus loin, il serait même judicieux de sortir complètement la consultation à distance du champ du covid, quitte à garder quelques garde-fous contre les abus (par exemple, uniquement pour les patients connus, avec un DMG, etc…). "
Ainsi, alors que la pénurie de MG commence à se faire jour, et qu’en outre la mobilité des médecins et des patients commence à poser de plus en plus de problèmes (y compris les enjeux climatiques, problèmes de parking,..), les consultations à distance apportent une solution dont il serait dommage de se priver.
Il en appelle à un autre code : « Il faut en effet plutôt réfléchir à pérenniser un autre code pour les consultations téléphoniques à distance par la suite parce que les patients et les médecins ont pris l’habitude de travailler ainsi. Ce serait une hérésie de ne plus nous permettre de le faire. C’est très intéressant comme façon de pratiquer aussi bien pour le médecin que pour les patients et surtout dans les régions rurales ou avec des personnes âgées notamment. »
Des spécialistes intéressés
Il remarque aussi que les spécialistes sont sensibles à cette problématique et ont déjà signé cette pétition : « Des gynécologues et d’autres étaient très contents d’avoir recours ponctuellement aux codes des consultations à distance par téléphone. Aujourd’hui, nous avons déjà 525 signatures, il faut que les généralistes et spécialistes flamands embraient. Qu’ils prennent conscience que cela va avoir un impact sur leur pratique.... »
> www.petitionenligne.net/contre_la_reforme_inami_des_consultation_a_distance
Lire aussi:
> Au printemps, 2X4 téléconsultations par an, par patient et médecin
> (Futur) régime des téléconsultations : retour sur une bataille
Derniers commentaires
David DUPONT
03 février 2022Je ne suis plus tout jeune et pour moi la médecine de papa était bien plus agréable....inutile de se perdre la dedans restaurer nos valeurs et ce qui fait l adn de notre profession....car maintenant il y a urgence la crise actuelle a détourné le curseur des soins intensifs au dépend de la médecine de première ligne..plus anonyme et plus docile..ne pas dissiper cette légitimité ....
David DUPONT
03 février 2022Vous ne trouvez pas qu'il y d'autres motifs de protestation...?
Luc HERRY
02 février 2022Le code 101135 ne sera supprimé qu'une fois la pandémie sera maitrisée, ce code dépend des arrêtés de loi pandémie. Donc pas de panique. Dr Luc Herry
Laurent MERSCH-MERSCH
02 février 2022Je suis entièrement d'accord avec le Confrère Dupont. Le nombre de consultation prévue actuellement dans la proposition de l’INAMI est ridiculement bas ! Les temps ont changé et la consultation téléphonique (comme le télétravail), EST DEVENUE INDISPENSABLE. Elle n'est pas une panacée, mais peut avantageusement se substituer à une consultation présentielle (par exemple pour discuter de résultats, l'examen clinique ayant déjà été réalisé, elle est donc idéale pour la médecine préventive). Elle permet au patient de pouvoir consulter sans devoir prendre congé et sans devoir se déplacer (gain économique et écologique). Elle permet également aux personnes âgées de ne pas dépendre d'autres pour se rendre à la consultation. L’accès aux soins est facilité pour tous. L'honoraire actuel de 20 euros est correct (10 euros est indécent) car le temps qu'on y consacre est un peu plus rapide qu'une consultation présentielle (car on gagne le temps de l'examen clinique). Elle doit, comme toute autre consultation, être inscrite scrupuleusement dans le dossier. La vidéo-consultation doit être légèrement (1 ou 2 euros) mieux remboursée afin de permettre le défraiement de programme spécifique (ou d’opérateur nécessaire) mais pas le double. Il me semblerait plus juste d’accorder un remboursement annuel de 25 consultations (= 2 par mois max) que celles-ci se fassent en télé ou vidéoconférence. N’oublions pas que certains patients nécessitent à certains moments des appels quotidiens ou pluri hebdomadaires !
José POURVEUR
02 février 2022Pauvres médecins actuels ....! Je me demande comment ils pourraient excercer actuellement dans les conditions qui étaient les nôtres ....il y a 50 ans......pas de gsm pas de scanner pas de rmn pas d'echographie.....etc etc