Cela fait des années qu’on en parle mais, cette fois, le coup d’envoi d’un tout gros chantier des soins de santé est officiellement donné: la réforme structurelle de la nomenclature. Durée de ce qui sera plus qu’un dépoussiérage: 4 ans.
Trois équipes soutiendront scientifiquement cette refonte, supposée se dérouler en trois phases: l’ULB, l’UGent (avec notamment l’économiste de la santé Lieven Annemans) et le bureau Möbius, spécialisé en business redesign. Les MG se souviendront qu’il s’agit des consultants ayant conduit l’audit des postes de garde après le gel de leur budget par Maggie De Block. Le groupe UGent va se concentrer sur la nomenclature des consultations - visites - surveillance, Möbius sur l’ensemble biologie - ‘anapath’ - radiothérapie - génétique, indique Jacques De Toeuf (Absym).
Le premier des objectifs que poursuivra la révision est «de corriger des différences injustifiées de niveau d’honoraires entre médecins généralistes et spécialistes et entre médecins spécialistes mêmes». Un vieux débat, renvoyant au clivage entre disciplines dites intellectuelles et techniques. Un autre but déclaré est de faire davantage coïncider la nomenclature aux évolutions intervenues dans l’activité médicale et aux nouveaux modèles de prise en charge. Et l’Institut d’illustrer en citant la télémédecine ou les soins multidisciplinaires.
Il s’agira aussi d’améliorer la logique intrinsèque, la lisibilité et la transparence de la nomenclature, d’introduire des incitants pour promouvoir la collaboration et la qualité, ou encore de tendre vers une standardisation internationale.
La réforme débutera par la restructuration et l’adaptation du libellé des prestations. Puis on s’attellera à «déterminer le rapport existant entre les différentes prestations sur la base de critères objectifs (partie professionnelle des honoraires)» et à «évaluer les frais de fonctionnement nécessaires à la mise en œuvre des prestations de santé».
La réforme «doit aboutir à un système dynamique, capable de réagir rapidement et de suivre le rythme des évolutions médicales», commente Donald Claeys, secrétaire général du GBS. «Une fois la réforme faite, il faudra veiller à ne pas se dire qu’on est dans le bon et tranquilles pour les 20 prochaines années.»
Le Dr Claeys, lui-même chirurgien, ne semble pas tiquer à l’idée d’un ajustement des honoraires entre spécialités.«Beaucoup de ces différences ont une explication historique. Il y a par exemple des interventions cardiaques considérées comme très difficiles il y a 30 ans, mais qui sont aujourd'hui des interventions standard. Pourtant, l’estimation de départ détermine toujours la rémunération.»
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