Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) confirme lundi, dans une deuxième partie de son étude consacrée à la chirurgie de l'obésité, l'importance pour les personnes opérées de recevoir un suivi médical, nutritionnel et psychologique avant l'intervention et pendant au moins deux ans après celle-ci. Or, dans les faits, ce suivi est très variable d'un hôpital à l'autre, de même que la préparation à l'intervention. Le KCE préconise dès lors une prise en charge plus uniforme, multidisciplinaire, et qui implique un engagement sérieux de la part des candidats à l'opération.
Le KCE avait déjà publi&eacut e;, en 2019, une première partie de son étude sur la chirurgie bariatrique qui confirmait qu'une telle intervention est plus efficace pour perdre du poids que les moyens classiques. Mais cette étude montrait aussi que l'effet ne se maintient à long terme que si la personne modifie définitivement ses habitudes alimentaires et son mode de vie, et si elle bénéficie d'un suivi médical, nutritionnel et psychologique de longue durée.
Pour le deuxième volet de son étude, le KCE s'est focalisé sur la manière dont ce suivi est pratiqué en Belgique et comment il peut être mieux organisé et financé. Il a ainsi relevé que le suivi et la préparation à l'opération ne se font pas partout avec la même rigueur. Il arrive par exemple que les membres de l'équipe médicale signent le rapport de la réunion multidisciplinaire sans qu'il y ait réellement eu concertation, expose le KCE.
Le centre d'expertise recommande dès lors d'élaborer un document de consensus national énumérant les interventions les plus importantes pour les soins pré- et postopératoires multidisciplinaires. Ce document devrait être rédigé par les organisations professionnelles de chirurgie bariatrique. "Sur la base de cet itinéraire de soins standard, chaque centre de chirurgie bariatrique pourrait déployer des itinéraires adaptés à son contexte local. Le suivi multidisciplinaire doit se faire de façon échelonnée, en fonction des besoins du patient et de sa capacité à gérer ses soins", conseille le KCE.
Le centre insiste également pour que le patient soit bien informé sur l'opération, ses conséquences possibles et les modifications indispensables à apporter à son mode de vie. "Une telle préparation prend du temps", souligne le KCE qui recommande donc un délai minimum de trois mois entre le premier contact et l'opération elle-même. Le centre plaide également pour qu'un coordinateur de soins soit désigné dans chaque hôpital comme personne de contact pour les patients et pour veiller au bon déroulement de la prise en charge pré- et postopératoire.
Le KCE préconise en outre que le suivi mené par le centre de chirurgie bariatrique dure au moins deux ans pour tous les patients sauf s'il apparaît qu'un suivi complémentaire et/ou des soins plus intensifs et/ou spécifiques par l'équipe multidisciplinaire restent nécessaires, ou le redeviennent.
Le centre d'expertise propose que les critères légaux actuels de remboursement de la chirurgie bariatrique soient maintenus, mais que des conditions supplémentaires soient ajoutées avec, pour chaque patient, une concertation multidisciplinaire en présence des professionnels concernés. Il suggère qu'un diététicien y participe également. Le médecin généraliste du patient devrait par ailleurs être consulté, selon le KCE.
Le KCE estime par ailleurs préférable de limiter la chirurgie bariatrique aux hôpitaux qui pratiquent au moins 100 interventions par an et dont au moins deux chirurgiens pratiquent un minimum de 25 de ces interventions chaque année.
Enfin, le KCE propose de financer les soins de la chirurgie bariatrique par un système de conventions, avec un forfait qui engloberait l'ensemble des soins pré- et postopératoires. Cela comprendrait, outre les consultations non médicales (dont un nombre minimum de consultations chez un psychologue et un diététicien - actuellement non remboursées), les concertations multidisciplinaires, les services du coordinateur de soins, etc. L'intervention chirurgicale elle-même et les consultations des médecins seraient toujours remboursées à l'acte, classiquement.
Le pourcentage de Belges souffant d'obésité ne cesse d'augmenter au fil des ans, suivant la tendance mondiale. Dans le Plat pays, près d'un adulte sur trois est actuellement en surpoids (indice de masse corporelle -IMC- compris entre 25 et 29,9) et 16% sont obèses (IMC égal ou supérieur à 30).
Lorsque les moyens classiques pour retrouver la ligne (alimentation équilibrée, activité physique) n'ont pas permis d'obtenir une perte de poids suffisante, la chirurgie bariatrique peut être envisagée, à condition que la personne présente un IMC d'au moins 40 (obésité morbide) ou d'au moins 35 (obésité sévère) associé à des problèmes de santé comme le diabète ou l'hypertension artérielle.
Entre 2007 et 2017, plus de 105.000 personnes, soit environ 1% de la population belge, ont bénéficié d'une telle opération. Les techniques les plus utilisées sont le bypass gastrique dit 'de Roux-en-Y' (63%) et la gastrectomie longitudinale ou sleeve (35%). L'anneau gastrique ajustable n'est pratiquement plus utilisé.