Une enquête transversale à grande échelle réalisée dans 32 hôpitaux néerlandais s’est intéressée à l’impact des incidents médicaux sur les soignants qui y ont été confrontés (secondes victimes). Les résultats ont été publiés dans les pages du British Medical Journal (1).
L’étude s’efforce de décrire les symptômes qui se manifestent chez les prestataires de soins suite à un 'incident de sécurité des patients' (PSI), leur durée et leur lien avec la gravité des dommages subis par les patients.
Au total, 4.369 répondants dont 1.619 médecins et 2.750 infirmiers confrontés à un PSI à un moment ou l’autre de leur carrière ont complété entièrement le questionnaire qui leur avait été envoyé par e-mail.
Des études récentes ont laissé entendre que près de huit soignants sur dix sont impliqués à un moment ou l’autre de leur parcours professionnel dans un (quasi) incident médical… et en gardent souvent des séquelles émotionnelles. Angoisse, doutes, culpabilité, perte de concentration, frustration et colère sont les conséquences les plus souvent mentionnées, mais il n’est pas rare que les intéressés aillent jusqu’à développer un syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Ils présentent également un risque accru de burn-out, de répercussions sur leur vie de famille et même de quitter purement et simplement la profession. La présence de symptômes persistant durant plus d’un mois sont l’un des critères diagnostiques du PTSD.
Un impact sur l’individu et sur l’équipe
Des 4.369 répondants qui ont entièrement complété le questionnaire, 462 ont déclaré avoir été confrontés au cours des six mois écoulés à un PSI ayant débouché sur des dommages permanents ou sur le décès du patient. Ces incidents avaient un impact professionnel à l’échelon individuel, mais ils influençaient également l’efficacité du travail d’équipe.
L’impact d’un PSI sur les soignants augmentait avec la gravité du dommage pour le patient. Le symptôme le plus fréquemment rencontré était une hypervigilance (53,0 %). Dans le top 3 des symptômes touchant au travail d’équipe, on retrouvait les doutes sur les connaissances et aptitudes (27,0 %), l’impression de ne pas être capable de dispenser des soins de qualité (15,6 %) et un sentiment ne plus être à l’aise entre ses collègues (15,5 %).
En comparaison avec les incidents sans dommages, les PSI qui avaient débouché sur des lésions permanentes ou un décès s’accompagnaient d’un risque jusqu’à huit fois plus élevé de symptômes persistant durant plus d’un mois chez les prestataires et d’un risque jusqu’à neuf fois plus élevé de symptômes persistant durant six mois.
Un problème sous-estimé
Conclusion : l’impact des PSI reste sous-estimé et plus les dommages pour les patients sont importants, plus les symptômes persistent durablement chez les soignants concernés. Des études plus poussées devront à présent évaluer comment ces données peuvent être intégrées à des mesures de soutien evidence-based.